Il n'y a pas un mois que François Hollande a été élu président de ce qu'il est convenu d'appeler la république française, il n'y a pas encore trois semaines qu'il a pris ses fonctions et nommé un gouvernement.
Déjà apparaissent certains traits extrêmêment déplaisants, voire carrément dégueulasses, de cette présidence (1).
François Hollande met en cause publiquement, y compris depuis l'extérieur du territoire de son Etat, son, ou ses prédecesseurs : il l'a fait depuis Berlin, le premier jour de sa présidence, en évoquant la situation des finances publiques dont il venait le jour même d'"hériter"; depuis l'Elysée, recevant Vladimir Poutine, il a mis en cause ceux de ses prédecesseurs qui ont reçu Hafez, ou Bachar El Assad.
Qui lui rappelera que son camarade Bertrand Delanoë, maire de Paris, a reçu Bachar à l'Hôtel de Ville de Paris, ne s'attirant guère que les protestations du groupuscule de Philippe de Villiers ? Qui lui mettra sous le nez la photographie de François et Danièle Mitterrand reçus en grande pompe à Damas par Hafez El Hassad et son épouse ? C'était "une autre époque", déclare Hollande.
Voire : en pleine campagne pour les élections législatives, Hollande s'affiche avec le journaliste Romeo Langlois, récemment libéré par la guerilla colombienne des F.A.R.C. Les amis de François Hollande auraient parlé de "récupération" médiatique si Langlois avait été libéré quand Nicolas Sarközy était encore à l'Elysée, et si ce dernier avait reçu le journaliste : Ségolène Royal avait protesté en son temps contre ce qu'elle considérait comme une récupération par Sarközy de la libération d'Ingrid Betancourt à laquelle Sarkôzy n'aurait pas contribué de façon significative selon la présidente de la région Poitou-Charentes.
François Hollande enivre ses électeurs et ceux de ses adversaires par un insupportable discours cocardier, qui en dit plus long sur le triste état de l'opinion (2) que sur ses convictions ou sentiments profonds : le pacte budgétaire européen ? Il ne le fera pas ratifier : la signature de Sarközy (3) n'aurait pas engagé la Vrôôônce; la participation française aux opérations interalliée en Afghanistan ? le retrait français n'est "pas négociable" car relèvant de la "souveraineté française". Rantanplan ! Fermez le ban !
Il y a tout un public d'adversaires de Hollande, de gens qui ne voteraient jamais PS, et que ces rodomontades au nom de la Grande Nation font accéder au septième ciel de la jouissance citoyenne. Ces gens sont à plaindre et sont inconséquents.
Ils ont oublié que Laurent Fabius, qui est maintenant ministre des Affaires Etrangères, avait annoncé lors de la réintégration par la France du commandement intégré de l'O.T.A.N., à l'initiative de Nicolas Sarközy, que ses amis reconsidèreraient cette décision s'ils revenaient aux affaires. Voici qu'on n'en parle plus. Le retrait "non négociable", car relevant de la seule (sic) "souveraineté française" de troupes combattantes d'Afghanistan est claironné, tandis qu'est largement tu la participation française au bouclier anti-missiles de l'OTAN opérant depuis l'Europe orientale.
Voir aussi :
http://jeanmarielallau.blogspot.fr/2012/05/clientelisme-ps-dans-leducnat.html
NOTES
(1) il faut avoir vu, pendant des années, les images des bancs du groupe oppositionnel PS et apparentés à l'Assemblée nationale : Bruno Le Roux (PS, 93), qui ressemble vaguement à Claude Villers, interrompant grossièrement par des onomatopées le discours de Michèle Alliot-Marie lors de la révolution tunisienne dite de jasmin; le très coincé Gérard Bapt, médecin de son état, habile récupérateur de l'affaire du Mediator, défendant l'impôt sur la fortune (ISF) et conseillant le recours spontané à la "solidarité familiale" pour en corriger certains inconvénients imprévisibles; le même Gérard Bapt, s'étranglant de fureur parce qu'un député UMP de Lorraine, François Grodidier, avait évoqué les youyous poussés lors des mariages en mairie par certains Français (ou non) venus d'ailleurs (c'était là une indigne "stigmatisation" opposant des "Français" entre eux !); l'ancien ministre PS Le Pensec, parfait choriste, se joignant avec une remarquable synchronisation aux manifestations d'indignation feinte, ou réelle, de ses camarades de groupe; la députée Pau-Langevin, enjoignant le gouvernement Fillon de retirer l'amendement Mariani sur le possible recours aux tests ADN en matière de vérification d'état-civil parce qu'il faisait "mal à la France" (sic); et enfin, le Monsieur Loyal du cirque PS au Palais Bourbon, François Hollande lui-même, quittant l'hémicycle avec ses camarades parce que Villepin l'avait accusé de lâcheté. On ne se transforme pas si vite;
(2) c'est au point que l'un des slogans de l'UMP pour les élections législatives de juin 2012 est "je choisis la France" (sic); ça se veut en résonnance avec l'hypertrophie d'un prétendu sentiment national comme réponse allergique à la "mondialisation", mais ça ne veut pas dire grand chose; il faut choisir ... ce qui atténuera la capacité de nuisance de François Hollande et du gouvernement qu'il a nommé, notamment en l'empêchant de disposer d'une majorité des deux tiers dans l'ensemble du Parlement, Assemblée nationale et Sénat réunis; sans majorité des 2/3 dans les deux chambres réunies, François Hollande et son gouvernement ne pourront pas faire réviser la Constitution par la voie parlementaire; ils seront contraints de renoncer aux révisions qu'ils projettent, ou d'avoir recours au referendum pour les faire aboutir;
(3) le général De Gaulle était notoirement hostile aux traités de Paris (CECA) et de Rome (CEE et Euratom); devenu président du Conseil (juin 1958), puis président de la République (janvier 1959), il tiendra néammoins à les appliquer scrupuleusement, et se considérera lié par les signatures de Christian Pineau et de Maurice Faure, pour Guy Mollet et René Coty au bas des traités de Rome du 25 mars 1957; selon Alain Peyrefitte, il était conscient du tort que la France s'était infligée par des décennies d'un excessif protectionnisme.
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