samedi 19 mai 2012

Croissance versus Austérité : l'intox hollandiste

François Hollande n'est pas installé depuis une semaine dans ses fonctions que l'intoxication médiatique fonctionne à plein, et efficacement. L'un des "trucs" les plus géniaux de cette campagne consiste à en faire le champion de la croissance contre l' austérité. Je sais bien que l'analyse économique est une discipline complexe qu'il faut simplifier pour qu'elle soit supportable pour le grand public. Mais la ficelle est grosse : qui pourrait être contre la croissance, sinon Yves Cochet (EELV) qui pronait naguère la décroissance, et qui est pour l'austérité ... pour lui-même (pour les autres, ceux qu'on croit pouvoir envier, c'est autre chose) ?

Ce simplisme permet aux médiats de faire trop rapidement de François Hollande, sans rire, le Roosevelt européen. Et, par contraste, la méchante Angela Merkel serait de plus en plus isolée. Georges Sörös n'a-t-il pas appelé à son départ ? Je crois que le péché de Mme Merkel est d'avoir constaté publiquement l'échec des politiques d'intégration des personnes issues des flux migratoires sud-nord, et d'être opposée à l'adhésion de la République de Turquie (qui n'est qu'une partie du monde turc) à l'Union européenne.

La personne, la personnalité de François Hollande, me sont indifférentes. La politique qu'il annonce vouloir mener est dangereuse, néfaste. Son discours patriotard, cocardier aggrave l'ensemble du tableau. C'est malheureusement tellement populaire en ce moment que ça en devient populiste (1).

Tout le monde (sauf peut-être Yves Cochet) est pour la croissance, et personne n'est pour l'austérité pour l'austérité. Le débat porte sur le degré nécessaire d'austérité pour revenir à la croissance.

Ca me rappelle la première moitié des années 1970 au cours desquelles certains prétendaient se mobiliser pour lutter contre la guerre du Vietnam, c'est-à-dire en fait contre la résistance du Sud-Vietnam et des Américains à la guerre menée par les communistes pour contrôler tout le Vietnam. Les adversaires de la guerre du Vietnam, parfois désignés comme partisans de la "paix au Vietnam", étaient tout simplement les alliés des communistes Vietcong dans leur guerre contre Saïgon et les Américains pour gouverner l'ensemble du Vietnam. Mais c'était un coup de génie de présenter leurs activités comme hostiles à la guerre (qui pourrait être pour ?) et pour la paix (qui pourrait être contre ?) (2).


NOTES

(1) à l'adresse des résidents issus des récents flux migratoires sud-nord, François Hollande proclame vouloir que le nom "Français" soit le plus beau que puisse porter un citoyen du monde. Quel c.. !;
il sait faire le fier à bras (comme pour défendre Valérie Massonneau, prétendument visée par des allusions discourtoises) en déclarant que l'accélération du retrait des troupes combattantes d'Afghanistan est une décision relevant de la "souveraineté française"; souveraineté, le mot magique est prononcé, clin d'oeil à ce qu'il peut y avoir de plus bête dans l'opinion publique : la sacralisation de l'Etat-nation.
Dommage que François Hollande n'étende pas sa fermeté aux rapports algéro-français : la souveraineté française n'est-elle pas plus que compromise par les nationalités multiples de tant et tant de petits-fils et arrière petits-fils de fellaghas, citoyens français aux références historiques, à la mémoire spécifiques ?

(2) dans les années 1970, un correspondant aux Etats-Unis de la radio d'Etat France Inter (un des organes de la voix de la France, selon Georges Pompidou) couvrait une manifestation pro-Vietcong ( = pro-communistes vietnamiens, pour "la paix au Vietnam") et relatait les réactions de contre-manifestants, les désignant comme de "jeunes néo-nazis, euh, du moins des partisans de l'intervention militaire américaine au Vietnam".