Au cours de la conférence de presse qu'il a tenue à Berlin le 15 mai 2012, conjointement avec Angela Merkel, François Hollande a fait montre d'une muflerie discourtoise et fort peu présidentielle.
Il a martelé qu'il venait d'hériter, quelques heures seulement auparavant, d'une situation des finances publiques dont l'évaluation de la gravité allait devoir être confiée à la Cour des Comptes : c'est ce qui s'appelle mettre grossièrement en cause son prédecesseur par la grâce duquel la première présidence de la Cour est assurée par un socialiste, un ami politique de Hollande (1).
Il s'est crispé lorsqu'il a été amené à évoquer les relations entre dirigeants des deux pays, parfois de même sensibilité politique, refusant de commenter cette situation et appuyant son refus d'un regard dans la direction d'Angela Merkel : Monsieur Hollande est "de gauche", il a donc le droit de se faire soutenir lors d'un meeting de campagne à Lille par le Premier ministre socialiste Elio di Rupo (Belgique) (2); par contre, le soutien -qui n'est finalement pas allé jusqu'à une présence dans un meeting- d'Angela Merkel à Nicolas Sarközy est un épisode qu'il a très mal vécu, et il le rappelle avec une hargne mal contenue. François Hollande pose à nouveau à la victime : il a été maltraité. Il croit que, médiatiquement et politiquement, ça lui donne une légitimité à attaquer.
Les conclusions de la Cour des Comptes vont rapidement rabattre le caquet de ce sinistre (au sens italien du terme) président de ce qu'il est convenu d'appeler la république française. Qu'il se rassure, les salles de rédaction des médiats votent à 85% à gauche, et feront en sorte de formater l'opinion pour qu'elle accepte qu'il ne tienne pas ses promesses en matière économique et sociale : ce sera la faute à Nicolas Sarközy et à son héritage. En 1981, la "gauche" avait eu sa "commission du bilan" (3) : il s'agissait de mettre la situation économique au passif de Valéry Giscard d'Estaing. Pour Hollande ça passera à condition qu'il tienne ses promesses en matière sociétale : remise en cause de la politique en matière de flux migratoires sud-nord des gouvernements précédents, ouverture du mariage aux personnes de même sexe etc.... Il ne faudrait pas que l'expérience Hollande dure trop longtemps quand même. Ce 16 mai au matin, ça fait déjà un jour de trop.
NOTES
(1) Nicolas Sarközy a nommé à la tête de la Cour des Comptes le député socialiste de l'Isère Didier Migaud; à part cela, François Hollande a dénoncé la culture politique du mandat de Nicolas Sarközy comme celle d'une droite dure (sic) dont il se démarquerait par une attitude.......non sectaire; et voilà que par la grâce du sectarisme de la droite dure pratiqué sous, et par Nicolas Sarközy, François Hollande va pouvoir demander à une organisme présidé par un de ses camarades un rapport lui permettant de mettre en cause la situation économique que lui a laissé Nicolas Sarközy;
(2) lors de sa campagne présidentielle de 2007, Ségolène Royal avait bénéficié du soutien public de Jose Luis Rodriguez Zapatero, président (socialiste) du gouvernement espagnol venu assister à un de ses meetings à Toulouse; cela n'avait choqué personne; c'est "la gauche" qui a monté médiatiquement le quasi-scandale du soutien public d'Angela Merkel à Nicolas Sarközy, en jouant sur une corde pseudo-nationaliste; un soutien d'un chef de gouvernement socialiste étranger, espagnol ou belge, ou ce que l'on voudra, à un socialiste français, c'est de l'internationalisme de bon aloi; un soutien d'une dirigeante de gouvernement membre du Parti Populaire Européen à un candidat français membre du même parti transnational (le P.P.E.), c'est la soumission du second à la première;
(3) la "commission du bilan" de 1981 était présidée par François Bloch-Lainé, ancien directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations, petit-neveu de Léon Blum.