dimanche 22 juillet 2012

Vel d'Hiv ' : de l'alcool servi à des alcooliques

Le président Normacol (marque déposée de laxatif) est l'objet d'un concert de louanges pour avoir "mis ses pas dans ceux de Jacques Chirac" à l'occasion de la commémoration de l'opération de police ayant consisté, le 16 juillet 1942 à regrouper, puis à déporter, des Juifs étrangers de Paris et de ses environs. Je ne sais pas ce que pense réellement, ce que croit vraiment François Hollande, le président Normacol, à propos de l'évènement dont il a eu la chance, pour sa communication, d'avoir à commémorer avec éclat le soixante-dixième anniversaire de la survenance. Mais je constate qu'il est bien informé de l'opinion hégémonique dans les médiats et parmi les prétendues autorités morales. Et qu'il sert de l'alcool à des alcooliques.

Enfant, je suis allé au Vel d'Hiv ', bien après le passage de ces Juifs étrangers, et bien avant la démolition du bâtiment. Il s'agissait d'un meeting pour "la liberté de l'enseignement"; traduisez : pour que l'Etat verse aux écoles privées dans lesquelles des contribuables placent leurs enfants les subsides nécessaires à leur fonctionnement. L'évènement de 1942 a été marginalement et brièvement évoqué dans des conversations privées entre des personnes assistant à ce meeting, puis dans un café proche de la station de métro Bir Hakeim où nous sommes allés ensuite prendre une collation. Cette évocation ne m'a fait, comme on dit, ni chaud ni froid. Si elle avait été développée, elle m'aurait probablement irrité. En cela, je n'étais pas différent du futur président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (C.R.I.F.), Richard Prasquier, dont Tribune Juive racontait naguère qu'il avait, en 1960, à la table familiale, exprimé sa désapprobation de l'enlèvement d'Adolf Eichman en Argentine par les services israéliens.

Normacol n'a pas eu les voix des Klarsfeld, ni celle du président du C.R.I.F., Richard Prasquier. Il fallait bien compenser cela en en rajoutant une couche sur la responsabilité de l'entité France (qu'est-ce que c'est ? qui est-ce ?). Nicolas Sarközy était d'origine hébraïque par sa mère et n'avait pas à se justifier avec le zèle que doit employer Normacol, élu des quartiers et des banlieues dans lesquels on "nique" les Feujs et Israël. C'est fait, c'est dit : c'est un crime de la France (qu'est-ce que c'est ? qui est-ce ?). En matière d'indulgences, si on me permet cet emprunt à la tradition ancienne de l'église catholique romaine, ça équivaut bien à cinq banquets annuels du C.R.I.F. et ça peut bien couvrir quelques bisous et dizaines de millions d'euros au président de l'Autorité palestinienne, l'expression de réserves à l'O.N.U. sur de nouvelles installations de lotissements juifs en territoire palestinien ou à proximité, non ?

Normacol a assorti sa prestation d'engagements de lutte renouvelée contre ce qu'il est convenu d'appeler l'antisémitisme. Cela peut annoncer de nouvelles restrictions aux libertés d'opinion, de recherche et d'expression.

Normacol a rouvert une boite de Pandore : puisque l'affaire du Vel d'Hiv' 42 serait "un crime commis en France par la France", il n'y a pas de raison pour que les tentatives de reconquête de Haïti, puis l'imposition à cet Etat d''indemnités pour prix de son indépendance, le rétablissement de l'esclavage aux Antilles après une abolition initiale, ne soient pas d'autres crimes dont l'entité France (qui est-ce ? qu'est-ce que c'est ?) ait à répondre, en repentances, en compensations matérielles et morales (ouverture à d'avantage d'immigration). Serge Letchimy, l'élu antillais apparenté PS, qui a défendu les idéologies importées mises en cause par Claude Guéant, en dénonçant par contraste des "idéologies européennes", à l'origine selon lui de la Shoah, pourra conseiller utilement Normacol si la Taubira ou la Pau Langevin n'y suffisent pas.  Normacol a servi de l'alcool à des alcooliques, à des zélotes des Mémouares qui vont bientôt tirer de ses propos l'autorisation de présenter leur mémoire en termes d'indemnisation pour crimes "historiques".

Si la version officielle, autorisée, de l'historiographie de la Shoah (1) était vraie, et si notamment sa composante "solution finale", était connue (2) par les autorités françaises qui ont fait procéder à l'opération de police de juillet '42 visant treize mille Juifs étrangers, cette opération constituerait un crime. Dans le cas contraire, et en se souvenant du gros titre d'un quotidien britannique à sensation du milieu des années 1930 : "Judea declares war on Germany", peu après l'avènement de Hitler, elle ne serait pas totalement irrationnelle dans le contexte historique.


N O T E S

(1) la loi 90-615 du 13 juillet 1990, dite loi Fabius-Rocard-Gayssot, criminalisant l'expression publique de l'incroyance en cette version, je ne peux pas la discuter ici et je dois m'autocensurer;

(2) l'Etat français siégeant à Vichy ignorait l'existence d'une politique d'extermination visant les populations juives et il avait de bonnes raisons pour cela; l'Etat français disposait aux termes de l'Armistice de juin 1940 d'un ambassadeur en charge des prisonniers de guerre au sein de la Commission d'Armistice installée à Wiesbaden; ayant eu vent de propositions d'un certain Dr Brand, représentant le Reich, de séparer les prisonniers français juifs des autres prisonniers français (Brand constatait et déplorait l'influence anti-allemande de ceux-là sur ceux-ci, ce qui n'était pas surprenant), l'ambassadeur Scapini s'enquit du sort destiné aux prisonniers juifs qui seraient séparés des autres prisonniers français, n'obtint pas de réponse claire, sinon l'abandon de tout projet de séparer les prisonniers de guerre français selon l'origine, appuyé en cela au sein de la Commission d'Armistice par des officiers allemands anciens combattants de 1914-1918 comme Scapini, et qui respectaient beaucoup ce dernier. Scapini a ici bénéficié du refus du gouvernement français de suivre au printemps 1940 l'avis de Georges Rotschild, dit Georges Mandel, qui avait proposé que la France remette à l'Angleterre les prisonniers de guerre allemands capturés par l'armée française, avant d'avoir à signer l'Armistice avec le Reich. Si, en 1941, le futur Premier ministre israëlien Yitzhak Shamir pouvait proposer au Reich une alliance contre l'Angleterre en l'assortissant de l'engagement envers l'Allemagne hitlérienne : "nous nous identifions à vous", pourquoi faudrait-il attendre que l'Etat français de l'époque qu'il sût ce que Shamir ignorait, ou ne voulait pas savoir ? (Voir : Le Monde Diplomatique, décembre 1983, "La douteuse philosophie politique de Monsieur Shamir" par Amnon Kapeliouk).