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lundi 29 janvier 2018

Maurras, après Céline, ça commence à faire beaucoup !


Maurras, né deux ans avant la guerre de 1870-71, était d'abord un "patriote" français de l'ancienne école.
Et, hélas, un germanophobe rabique.

Son anniversaire tombait le même jour que celui de Hitler : quelle idée pour un extrémiste germanophobe de cette génération de naître le vingtième jour du mois d'avril !

C'était aussi "un poète de la politique".


Il a fait montre d'antisémitisme à l'occasion de l'Affaire Dreyfus.
L'attachement de la communauté juive aux institutions de la IIIe République l'y prédisposait.

Maurras avait opté pour la monarchie qu'il considérait mieux apte à défendre les intérêts nationaux.


Dans mon adolescence, j'éprouvais de la sympathie pour les jeunes gens qui venaient nous distribuer Aspects de la France à la sortie du lycée (1). Parce qu'il défendaient une cause vaincue : le royalisme. Dans un monde injuste et menaçant, j'avais un a priori favorable envers les vaincus de l'Histoire. Contre les moralisateurs et donneurs de leçons (PSU, Témoignage Chrétien, Abbé Pierre etc....).

Mais je n'ai jamais pu adhérer au stato-nationalisme, au nationalisme intégral des disciples de Maurras. Maurras ne.... m'aura pas.... eu. En raison de sa rage germanophobe (mais il a plus tard avoué qu'il ne croyait pas lui-même à tout ce qu'il avait dit pour mobiliser l'opinion française contre l'Allemagne et les Allemands). Mon idée de l'identité était, est, plus ethnique que nationale. Concédons à Maurras qu'il accusait l'influence d'Arthur de Gobineau d'avoir empoisonné (sic) l'Allemagne par l'intermédiaire des Gobineau Vereine (Sociétés Gobineau). Il fallait de l'honnêteté intellectuelle à Maurras pour attribuer à un intellectuel français une influence négative sur l'Allemagne. 

Ce qui reste intéressant, indémodable, chez Maurras, c'est la critique de la démocratie. C'est l'idée que la démocratie, étant un régime fondé sur l'opinion, donne le pouvoir réel aux faiseurs d'opinion, au petit groupe de personnes qui permettent, par la manne publicitaire, aux journaux de paraître, aux stations de radio et de TV d'émettre. Aux gens qui peuvent informer, déformer, mésinformer, désinformer. La démocratie tend presque toujours à dégénérer en ploutocratie. Parce que les produits par lesquels passe l'information (journaux, émissions etc...) coûtent beaucoup plus cher à fabriquer qu'ils ne coûtent à leur destinataire, au consommateur d'informations. La différence est payée par les régies de publicité.

150 ans après sa naissance, que reproche-t-on à Maurras ?

Son antisémitisme. Qui doit pourtant être relativisé.
Maurras distinguait l'antisémitisme de tête (l'état d'esprit) à l'antisémitisme de peau (biologique) qu'il attribuait aux Barbares d'Outre-Rhin. En fait, il y avait peu de différences.

Son rejet de la démocratie, qui n'était pas irrationnel.

C'est de la désinformation.

I24news (une des chaînes de Patrick Drahi via le groupe de droit luxembourgeois ALTICE) donne la parole au caricatural Dominique Sopo, patron de SOS Racisme pour lancer une fatwa contre toue commémoration officielle, publique du 150ème anniversaire de la naissance de Maurras.

SOS Racisme est une officine de racisme anti-européen. Elle a été fondée (2) au milieu des années 1980 pour recycler l'animosité des jeunes d'origine arabo-musulmane en France. La détourner de l'hostilité envers Israël et la communauté juive. Pour mieux la canaliser contre le Front National alors en phase ascendante. Et pour délégitimer toute préoccupation identitaire des personnes d'origine européenne. Au nom....des "valeurs républicaines", et, c'est tragique, au nom ....des "valeurs européennes" telles que les conçoivent les directeurs de conscience de la chaîne ARTE et de Télérama.


N  O  T  E  S

(1) Aspects de la France était également vendu à la criée à la sortie de la messe devant l'église Notre-Dame de Bon-Secours à Bois-Colombes; ce journal s'inscrivait dans la filiation de l'Action Française interdite et ses rédacteurs avaient tenu à ce que le titre du journal reprenne les initiales A.F. du journal et du mouvement interdits. Au mouvement Action Française a succédé le mouvement Restauration Nationale et au journal Action Française le journal Aspects de la France.

(2) Parmi les co-fondateurs, parrains et mécènes de cette officine : Julien Dray (né en 1955 à Oran), ancien de l'Union des Etudiants Juifs de France (U.E.J.F.), Bernard Henri-Lévy, 

jeudi 7 juillet 2016

Un curieux Prix Nobel de la Paix : Elie Wiesel (1928-2016)

Elie Wiesel vient de mourir. 

D. ait son âme !

Ce personnage s'était vu un jour  proposer la présidence de l'Etat d'Israël, une fonction plutôt honorifique. Il avait décliné cette proposition en avançant qu'il était un écrivain.

Des livres, il en a écrit. Beaucoup. Il y avait, comme on dit, à boire et à manger, dans son oeuvre. 

S'il se vit décerner en 1964 un Prix Rivarol en France, pour avoir illustré l'universalité de la langue française, le Prix Nobel de Littérature lui échappa.

En 1986, il reçut le Prix Nobel ...... de la Paix.

Elie Wiesel était-il un homme de paix ?

Non. 

Dans un recueil d'entretiens paru en 1968, soit 18 ans avant que le Nobel lui soit décerné, Elie Wiesel tint ces propos :

"Chaque (sic) Juif, quelque part en lui, devrait garder à part une zone de haine (re-sic) - une haine saine, virile (re-re-sic) - pour ce que l'Allemand personnifie, et pour ce qui persiste chez l'Allemand. Agir autrement serait trahir les morts (re-re-re-sic)".

Des exégètes wieselophiles ont tenté d'atténuer l'énormité de ces propos en rappelant notamment qu'ailleurs Elie Wiesel aurait dit : "la haine n'est pas une solution".

Quoi qu'il en soit les propos, non reniés, de 1968, auraient dû écarter Elie Wiesel de la liste des lauréats d'un Prix, Nobel ou autre, de la Paix.

En 1985, Elie Wiesel figurait parmi les convulsionnaires adjurant le président Reagan de ne pas se rendre dans le cimetière militaire de Bitburg, en Allemagne, où sont inhumés, parmi bien d'autres, de jeunes soldats de la Waffen SS. Elie Wiesel se lamentait qu'il n'aurait jamais cru devoir vivre un tel jour. Ronald Reagan se rendait en Europe, et notamment en Allemagne, pour commémorer la fin de la guerre 1939-1945. Elie Wiesel dut se calmer tout seul et Ronald Reagan se rendit à Bitburg malgré les hurlements médiatiques. Il y des moments où il faut savoir, comme on dit, laisser uriner le mérinos, même si celui-ci a pour nom Elie Wiesel.

L'année de son Prix Nobel de la Paix, en compagnie de François Mitterrand, Elie Wiesel se rendit au domicile de la famille de l'Algéro-Français Malik Oussekine, mort accidentellement à Paris en marge de manifestations contre un projet de réforme universitaire. Une occasion de parler de la Shoah.

Ses adversaires le qualifiaient de "marchand de Shoah". Et c'est bien vrai qu'il prêtait le flanc à ce reproche.

En 2000, un colloque consacré à la Shoah se tint à Stockholm, en présence bien entendu d'Elie Wiesel. A cette occasion, ce dernier affirma que quiconque ne reconnaissait pas la centralité (dans quoi ?) de la Shoah ne devrait pas faire de la politique.

On n'est jamais trahi que par les siens : Elie Wiesel et sa nébuleuse de fonds, de fondations etc.... avaient placé une bonne partie de leur argent auprès du financier imprudent Bernard Madoff. Autant en emporte le vent.....et les spéculations.



dimanche 25 janvier 2015

Janvier 2005 : Katzav franchit le mur du çon

"Lorsque je foule le sol de l'Europe, je suis pris d'effroi et de tremblements à l'idée que je pourrais marcher sur les cendres des victimes de la Shoah qui seraient mêlées à cette terreje suis terrorisé à la pensée que les fleuves d'Europe puissent être mélangées au sang des victimes" (Moshe Katzav, président de l'Etat d'Israël, Auschwitz, 2005).

Le rappel de cette citation d'halluciné constituera notre contribution au septantième anniversaire de l'arrivée des troupes des vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale dans les camps établis par le Reich vaincu sur son territoire et à l'est de ses frontières. Moshe Katzav a franchi le mur du çon. Il y a dix ans de cela. Ce sont des propos de dément. L'origine persane de l'ancien président de l'Etat d'Israël peut-elle expliquer son ..... lyrisme ? 

En dehors de tout lyrisme, je connais au moins un cours d'eau dont les eaux ont été notoirement mélangées aux restes de victimes de la Seconde Guerre Mondiale. Après la "libération" des Pays-Bas et le départ des troupes allemandes, des "libérateurs" ont forcé des femmes qui venaient d'accoucher de bébés nés de leurs relations intimes avec des soldats allemands à monter dans un train. Lorsque ce train a franchi un pont sur le cours d'eau, on les a obligées à y jeter leurs bébés. Jamais ces criminels n'ont été poursuivis pour torture, crime contre l'humanité (noyade de bébés à raison de leur origine ethnique allemande), infanticide. C'est normal : ils étaient dans le camp des vainqueurs.

Moshe Katzav aurait dû se faire soigner......par Gérard Miller. Et pas seulement pour ses fantasmes shoacentrés, mais peut-être aussi pour sa sexualité : Moshe Katzav a dû démissionner en raison d'accusations, vraies ou fausses c'est une autre question, portées à son encontre par des collaboratrices de ses propres services, relayées par la presse israélienne, concernant le harcélement sexuel dont elles étaient l'objet de sa part. Comme quoi Israël est quand même un état de droit où un chef de l'Etat peut être contraint à la démission en raison d'une conduite délictueuse.

Mais il faudra bien un jour abolir toutes les lois mémorielles qui sont des lois anti-blasphème. Ces lois criminalisent l'expression publique de l'incroyance en la version officielle (celle des vainqueurs) de certaines pages d'Histoire, fut-ce sous la forme d'un doute, assimilé à une négation. Et cette négation est considérée comme un blasphème, une offense à la mémoire de certaines victimes de ces évènements.

A quand une version européenne du Premier Amendement à la constitution U.S. ?

dimanche 25 août 2013

Paris, août 1944 : "libération" de quoi ?

Le 27 août 1944, au Bourget (alors département de la Seine, aujourd'hui de la Seine Saint-Denis), les soldats allemands qui tiennent l'aéroport se rendent au 4e Escadron du 12e Régiment de Cuirassiers de la 2e DB (Division Leclerc).

Le Régiment est alors commandé par le colonel Rouvillois qui a sous ses ordres un certain capitaine Gaudet, en charge du commandement de chars.

A alors lieu ce qui fut probablement le plus important massacre de masse de prisonniers allemands par des troupes françaises : environ 800 hommes massacrés. La 2e DB (Division Leclerc) recommandait il est vrai aux hommes qui souhaitaient la rejoindre, conseil non officiel bien sûr, mais recommandation "utile" à l'usage des nouvelles recrues : "Ne vous laissez pas prendre prisonnier, car NOUS, NOUS n'en faisons pas". Autrement dit : certains éléments de la 2e DB reconnaissent leur pratique de crimes de guerre et s'attendent à ce qu'en représailles leurs ennemis en fassent de même. Ou encore : nous tuons ceux qui se rendent à nous et on risque de vous rendre la pareille.

Le massacre de prisonniers perpétré par Gaudet et ses hommes est relaté discrètement dans le livre officiel de la 2e DB (Division Leclerc) :

"Les chars de Gaudet reprennent l'attaque à bout portant est le terrain est nettoyé (sic) impitoyablement (re-sic)". Si c'est eux qui le disent.....

Le colonel Rouvillois, chef du régiment, arrivant sur les lieux à l'improviste, en plein massacre, interpelle son subordonné : "Arrêtez Gaudet ! Qu'est-ce que vous faîtes ?"

En pleine folie sanguinaire, le capitaine Gaudet envoie promener son supérieur qui juge plus prudent de s'éloigner.

Le capitaine Gaudet sera ainsi "puni" pour sa désobéissance plus que pour le massacre de centaines de prisonniers : il devra attendre le mois de janvier suivant pour se voir décerner la Légion d'Honneur (sic). Si le capitaine Gaudet avait appartenu à une armée ayant perdu la guerre, il aurait été poursuivi pour crimes de guerre.

Les troupes allemandes du Grand Paris se seraient rendus plus vite, avec  beaucoup moins de morts, de blessés, de pertes de vies humaines ou d'intégrités physiques des deux côtés, s'ils avaient eu affaire aux troupes américaines. Les Allemands du Gross Paris avaient connaissance de la fâcheuse habitude des FFI, FTP et de la 2e DB à tuer leurs prisonniers. Il a fallu l'orgueil fou du chef de la France Combattante pour imposer l'option de la "libération" de Paris par la Résistance appuyée par la 2e DB.

La Libération de Paris a surtout été une libération de l'instict de mort, de la haine aveugle, de la barbarie, des passions les plus violentes et parfois les plus viles.

Source : Philippe Gautier, La Germanophobie, ISBN : 2-911202-20-1, voir notamment pp. 110 et 111. Ce livre, dont la première édition date de 1997 à L'Aencre, a été réedité en 2008 chez Dualpha; on le trouve facilement chez les libraires "en ligne" : Amazon, FNAC, en précisant le nom de l'auteur (Gautier, sans "h"); et le titre.

dimanche 17 juin 2012

Un autre Dix-Sept Juin

Le 17 juin 1953, trois mois seulement après la mort de Staline, éclate à Berlin-Est, le premier soulèvement de masse dirigé contre le système mis en place en Europe centrale et orientale dans les pays placés sous le contrôle de l’Union Soviétique : trois ans avant les évènements de Pologne et de Hongrie (1956). Jusqu’à la réunification de l’Allemagne intervenue le 3 octobre 1990, le 17 juin sera commémoré en République Fédérale d’Allemagne sous le nom de Tag der Deutschen Einheit (Jour de l’Unité Allemande).



Les développements ci-après sont empruntés à l’ouvrage : "Le 17 juin 1953 : contexte et déroulement", par Myriam RENAUDOT doctorante ENS LSH (Lettres & Sciences Humaines), Ecole Normale Supérieure de Lyon.


LES FAITS

Le 16 juin 1953, les ouvriers du bâtiment de Berlin-Est arrêtaient de travailler sur le chantier de construction de la Stalinallee - l’avenue de Berlin-Est qui menait à l’est vers la Pologne et Moscou et occupait une position de choix pour devenir la vitrine de la RDA - pour protester contre les nouvelles normes imposées par le régime. En effet, une ordonnance prise le 28 mai 1953 par le conseil des ministres de Berlin-Est prévoyait une élévation des normes de production de 10 % avant la fin du mois de juin 1953, et ce sans majoration des salaires. D’autres ouvriers ainsi que des passants s’unissent aux manifestants, si bien que dix mille personnes se rassemblent en milieu de journée devant le siège du gouvernement de la RDA, exigeant de parler au chef du gouvernement (Ministerpräsident) Otto Grotewohl et au premier secrétaire du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands), Walter Ulbricht. Cette manifestation s’achève le 16 par un appel à la grève générale, et l’on décide de se rassembler à nouveau le lendemain matin. Rapidement, la grève s’étend. Ces manifestations se transforment en soulèvement populaire dans toute la RDA. Aux exigences d’annulation de l’ordonnance prévoyant une élévation des normes viennent s’ajouter d’autres revendications : les manifestants réclament la démission du gouvernement et l’organisation d’élections libres.

Mais la répression ne tarde pas à reprendre le dessus, l’occupant soviétique déclare l’état d’urgence dans tout le territoire, les chars de l’Armée rouge dispersent les manifestants sous les sifflets et les jets de pavés. Il faut près de deux jours pour que les chars soviétiques et le ministère de la Sécurité d’Etat (Ministerium für Staatssicherheit) - la Stasi- reprennent le contrôle de la situation.


LES CAUSES PROFONDES : la "construction du socialisme"

Les historiens ont cherché à remonter aux causes plus profondes de ces événements et s’accordent à considérer le deuxième Congrès du SED de juillet 1952 comme le premier pas vers les soulèvements du 17 juin. Au cours de ce Congrès, le comité central du SED annonça le début de la "construction du socialisme" (Aufbau des Sozialismus) en RDA, en suivant le modèle soviétique. Cette "construction du socialisme" consistait surtout en une réorganisation socialiste de l’agriculture - avec une collectivisation des campagnes -, en une nationalisation de l’industrie et en l’introduction de l’économie planifiée. La hausse des normes de production imposée aux travailleurs industriels par l’ordonnance du 28 mai 1953 faisait aussi partie de ce programme.

Une politique de répression accompagna également la "construction du socialisme", les groupes religieux de jeunes ou les associations d’étudiants par exemple furent exposés à la persécution politique dès juillet 1952.

Parallèlement, le niveau de vie des habitants de RDA se dégradait, les besoins du peuple en biens de consommation n’étaient pas comblés, la situation économique de la RDA posait problème.

Suite aux incitations du gouvernement d’Union soviétique après la mort de Staline, la politique de "construction du socialisme" mise en place par le SED fut réexaminée et des erreurs officiellement reconnues, si bien qu’un communiqué proclamant le "nouveau cours" (Neuer Kurs) fut publié le 9 juin 1953 dans Neues Deutschland, le journal du parti. Ce "nouveau cours" fit des concessions en particulier aux paysans, aux Eglises, au capital privé, mais il laissa intact l’augmentation des normes. Les travailleurs devaient continuer à payer le prix fort et furent les seuls à ne pas bénéficier de la politique de détente, ce qui augmenta encore leur colère. Le mécontentement était déjà grand au sortir du Congrès du SED de 1952, et face aux mesures prises en défaveur des ouvriers notamment, les grèves commencèrent à éclater dans les industries dès la fin de l’année 1952, et se multiplièrent encore au mois de juin 1953. Le matin du 17 juin 1953, le retrait de la mesure d’augmentation des normes fut annoncé, mais il était trop tard, les ouvriers étaient déjà en route pour la grève générale.

Le 17 juin 1953 marque en quelque sorte le point culminant de l’incompréhension du peuple allemand de la zone soviétique d'occupation envers ses dirigeants.


LA REPRESSION

La répression fut sanglante ; dès le 18 juin eurent lieu les premières exécutions sommaires réclamées par les Soviétiques. L’ampleur de la répression peut aujourd’hui être plus exactement chiffrée : une centaine de personnes moururent pendant les soulèvements, une vingtaine furent condamnées à mort, treize mille à quinze mille personnes arrêtées dans les semaines suivantes, dont plus de deux mille furent condamnées à des peines allant jusqu’à 25 ans de prison par les tribunaux soviétiques ou est-allemands, peines purgées parfois dans les goulags de l’Union soviétique, sans parler de la fuite de certains habitants hors de la RDA. Ajoutons que ni la RFA, ni les autres puissances alliées (*) ne sont intervenues et venues en aide aux manifestants".
( fin de la citation de la publication de Myriam RENAUDOT : "Le 17 juin 1953, contexte et déroulement" sur le site "La clé des langues").

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Par la voix du chancelier Adenauer, le gouvernement de la République fédérale d’Allemagne (Bonn) met en garde la population de la RDA (désignée comme la Zone Soviétique d’Occupation) contre de possibles provocations du régime de Berlin-Est.
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INSOUMISSION DANS L'ARMEE ROUGE : 42 "Justes"

Au sein des troupes soviétiques envoyées à Berlin pour réprimer le soulèvement populaire, quelques dizaines de soldats et d'officiers refusèrent d'ouvrir le feu sur les Allemands; il y en aurait eu au moins 42 selon des organisations allemandes des droits de l'homme; la conscience de ces soldats ne se soumit pas aux ordres. Ils passèrent devant un tribunal militaire soviétique et furent fusillés dans les geôles du NKVD construites à Berlin et à Potsdam. Tout se déroula dans le plus grand secret.

Sources :

Literatournaia Gazeta du 10 juin 1998, article "Quand la conscience ne se soumettait pas aux ordres", signé : Leonide Potchivalov;

Cahiers du Mouvement Ouvrier, n°5, mars 1999, article pp. 63 à 66 (non signé) : "Berlin-Est, 1953 : des soldats et officiers soviétiques refusent de tirer sur les ouvriers allemands), ISSN : 1287-25-98

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LE 17 JUIN 1953 VU DE FRANCE

En juin 1953, la France est sans gouvernement (entre celui de René Mayer qui a été renversé et celui de Joseph Laniel qui n'est pas encore formé). Le président de la République, Vincent Auriol, issu du parti socialiste S.F.I.O., est à quelques mois de la fin de son mandat de sept ans. Dans ses carnets et notes, publiés en 1970 sous le titre "Mon septennat" par quelques-uns de ses anciens collaborateurs, il n’est pas fait mention du 17 juin 1953 : on passe du 15 au 19 juin. Les notes des semaines et mois précédents expriment une absence de sympathie envers l’Allemagne, et plus qu’une profonde méfiance. Des sentiments de Vincent Auriol à l’égard de l’Allemagne et des Allemands, Jean Monnet écrira dans ses Mémoires (page 539) : "Comme pour beaucoup de ses contemporains, la méfiance à l’égard de l’Allemagne était la forme la plus sûre du patriotisme". Ces sentiments semblent avoir été partagés par une partie des milieux médiatiques si on en juge par un article du quotidien Le Monde à l’occasion de la finale de la Coupe du Monde de football 1954 qui s’est déroulée à Berne (Suisse) entre la Hongrie et l’Allemagne fédérale, et qui fut remportée par cette dernière : les réactions du journaliste du "quotidien de référence" devant l’enthousiasme et le nombre des supporters allemands sont très révélatrices. Les services français à Berlin (André François-Poncet) semblent avoir été surpris par les évènements en Allemagne orientale et considèrent, parmi les explications possibles, que les troubles pourraient avoir été orchestrés par le régime de Berlin-Est lui-même, ou être la conséquence des incertitudes politiques consécutives à la disparition de Staline au sein des équipes dirigeantes à Moscou et à Berlin-Est (5 mars 1953).

La France et ses alliés européens et nord-américains sont dans l’incertitude quant à un éventuel changement de politique de l’U.R.S.S. envers l’Allemagne : au 19e Congrès du Parti Communiste soviétique, en 1952, Staline a posé les conditions d’une réunification de l’Allemagne ; on prête à son compatriote géorgien Lavrenti Beria, qui fait partie de l’équipe des successeurs de Staline des intentions pouvant aller dans le sens d’une réunification et neutralisation de l’ensemble de l’Allemagne, ou au contraire le projet de faire de la RDA une des républiques socialistes soviétiques. Si tant est que Lavrenti Beria ait eu de tels projets, son sort est scellé peu après le soulèvement en Allemagne orientale : il est arrêté dans l’enceinte du Kremlin le 26 juin 1953, jugé, condamné et exécuté le 23 décembre pour avoir, selon ses accusateurs, fomenté d’obscurs complots et s’être livré à des activités d’espionnage. Responsable de la police politique NKVD de 1938 à 1953, détenteurs d’informations sensibles sur ses camarades, il était très redouté de ceux-ci. Son élimination peut être une conséquence indirecte du soulèvement en Allemagne orientale : ledit soulèvement est apparu à certains des successeurs de Staline comme la conséquence d’une politique de très relative libéralisation (à l’aune soviétique de l’époque) menée par Lavrenti Beria dans son propre intérêt, en vue de l’emporter sur eux pour la succession de Staline, le système collégial mis en place à la mort de celui-ci ne paraissant pas pouvoir être perennisé. Relevons qu’en mars 1954 "le printemps Malenkov", l’U.R.S.S. a proposé d’adhérer au traité de l’Atlantique Nord, proposition écartée quelques mois plus tard par les alliés atlantiques.

(*) N.B. et ERRATUM : en 1953, la RFA n’était pas une "puissance alliée" et ne disposait d’ailleurs pas d’armée ; elle ne sera admise au sein de l’O.T.A.N. qu’en en 1955, et ne disposera officiellement d’une armée et d’un Ministère de la Défense qu’ à partir du 1er janvier 1956.


BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :

FRICKE, Karl Wilhelm, ENGELMANN, Roger, Der Tag X und die Staatssicherheit : 17. Juni 1953 - Reaktionen und Konsequenzen im DDR-Machtapparat, Bremen, Temmen, 2003;

FLEGEL, Silke, HOFFMANN, Frank, OVERHOFF, Evelyn (dir.), Der Volksaufstand am 17. Juni 1953 - ein gesamtdeutsches Ereignis ?, Bochum, IDF, 2004;

IHME-TUCHEL, Beate, Die DDR, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2002:

KOWALCZUK, Ilko-Sascha, 17.06.1953 : Volksaufstand in der DDR : Ursachen - Abläufe - Folgen, Bremen, Temmen, 2003.

CREDITS :

sites : Hérodote, La Clé des Champs ;

Vincent Auriol : Mon Septennat (1947-1954), Gallimard, collection Témoins/Gallimard, 1970 (notes de journal présentées par Pierre Nora et Jacques Ozouf), notamment pages 517, 520, 528, 533, 543, et 547 ;

Jean Monnet, Mémoires, Le Livre de Poche, 1976, notamment p. 539.