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samedi 6 mai 2017

Je me souviens : 8 mai 1965 à Colombes

Le 8 mai 1965, on commémorait à Colombes et ailleurs le 20e anniversaire de la fin en Europe de la Seconde Guerre Mondiale

Sur les ondes de Radio Luxembourg (1) Raymond Cartier (2) relevait les différences entre les commémorations de ce 8 mai selon les pays.

 Il notait que dans les pays (Etats-Unis, Royaume-Uni) dont le titre de co-vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale était incontestable, les cérémonies étaient plus sobres qu'en France. Comme si en France, certains voulaient compenser leurs doutes quant au bien-fondé d'un droit de ce pays à prétendre au statut de vainqueur par un étalage de symboles. Pour essayer de s'y faire croire. C'est bien ce que je devinais aussi.

Le quotidien L'Aurore (Robert Lazurick) offrait un abonnement d'un an aux jeunes gens nés le 8 mai 1945. Dans le même journal, on pouvait lire que le Chancelier fédéral allemand Ludwig Erhard déclarait qu'il était impossible aux Allemands de célébrer le 8 mai, car le triomphe des vainqueurs, puis leurs divisions, avaient laissé l'Allemagne divisée et privée du droit à des élections libres dans tout le pays. Le même journal publiait une photographie de l'ambassadeur du Royaume-Uni en France, Sir Patrick Reilly, mis en présence de son collègue de Chine continentale, pays avec lequel la France avait établi des relations diplomatiques quatorze mois auparavant. Les deux diplomates s'évitent du regard.

Colombes, la présence de drapeaux américains au sommet de mâts place Rhin et Danube (l'espace qui faisait communiquer les rues Saint-Denis et du Bournard) détonne : depuis des mois, la propagande anti-américaine sous couvert de campagne pour la "paix au Vietnam" est intense. L'arrivée à la mairie en mars 1965 d'une municipalité dite d'Union Démocratique dirigée par Dominique Frelaut (communiste) peut augurer d'une intensification de cette campagne. Pour nous rendre en famille dans notre région d'origine, dans l'Aisne, nous traversons des communes à direction communiste : Gennevilliers (3), l'Île Saint-Denis etc... où la propagande en faveur de la "paix au Vietnam" est obsédante (4). Une des adjointes de Dominique Frélaut est Hélène Le Savouroux  (5), épouse du chef de file colombien de la S.F.I.O.. Photographiée devant un monument aux morts ce 8 mai, Hélène Le Savouroux a le style d'une jeune femme moderne du milieu des années 1960 (6).

Un salon de coiffure est ouvert ce 8 mai 1965 sur la place de la gare (en fait : avenue de l'Agent Sarre, un peu avant le croisement avec l'avenue Menelotte); j'y entre pour m'y faire couper les cheveux. Pendant que j'attends. un client parle du 8 mai. Il dit que les vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale n'ont pas exercé de vengeance "oeil pour oeil, dent pour dent" sur les vaincus. Il est mal informé, ou auto-intoxiqué. Peut-être ne comprend-il même pas les atroces paroles du Chant des Partisans.

Les piliers du viaduc de l'avenue Ménelotte à partir de la gare de Colombes vers la gare du Stade sont régulièrement recouverts d'affiches d'un parti de la majorité municipale : le P.S.U. (7) Il a ses entrées non seulement à la Mairie de Colombes, mais aussi chez les militants chrétiens qui fréquentent la paroisse catholique Saint-Pierre Saint-Paul. Cette paroisse est animée par la congrégation des Fils de la Charité. Une des adjointes de Dominique Frélaut, encartée au P.S.U., est responsable paroissiale des catéchismes. Le chef de file local du P.S.U. est l'imprimeur Cary, dont l'atelier est sis rue du Four, petite rue médiévale le long de l'église (l'ancienne); il est imprimeur du P.S.U. et de la paroisse.


 Le 8 mai, c'est aujourd'hui, demain ce sera le 9, journée de l'Europe, et j'aime mieux ça. Depuis 7 ans, grâce notamment à son maire Paul Bouchu (1947-1959)  Colombes est jumelée avec Frankenthal  dans le Palatinat et, depuis un an, avec Legnano dans le nord de l'Italie. 

Vive l'Europe !


N  O  T  E  S 

(1) Radio Luxembourg prendra le nom de RTL en 1966.

(2) Raymond Cartier (1904-1975), journaliste, est l'auteur de plusieurs récits de voyage, livres d'Histoire, essais. Il s'exprimait régulièrement sur Radio Luxembourg (RTL) et dans les colonnes de l'hebdomadaire Paris-Match. Il a largement contribué à gagner l'opinion à la cause des décolonisations. Non à partir d'un point de vue "tiers-mondiste", favorable aux "mouvements de libération nationale". Il avançait que les décolonisations permettraient aux métropoles européennes (il citait souvent l'exemple des Pays-Bas après l'indépendance de l'Indonésie) de se décharger du fardeau de la mise en valeur des territoires dépendants, de la gestion de leurs populations. Et de consacrer les ressources ainsi épargnées au développement de leurs territoires européens. Pour lui, les décolonisations devaient être la libération des Européens du "fardeau de l'homme blanc", selon une expression célèbre de Rudyard Kipling (the white man's burden). On lui a attribué à tort l'expression "La Corrèze avant le Zambèze". Raymond Cartier défendait également à travers ses écrits la cause de l'intégration européenne. Il s'honorait notamment de l'amitié et de la confiance de l'homme d'Etat luxembourgeois Joseph Bech (démocrate-chrétien). Tant que Raymond Cartier plaidait la cause des décolonisations, il était considéré par les grands médias et les leaders d'opinion comme un polygraphe consensuel. Une fois les décolonisations advenues, ses critiques envers la continuation de certaines formes bilatérales et clientélistes d'aide au développement des pays anciennement colonisés (le "cartiérisme") furent moins appréciées. Il est significatif que ses interventions hebdomadaires sur Radio Luxembourg (RTL) qui étaient d'abord dénommées "éditoriaux" furent ensuite présentées comme des "tribunes". Son style d'écriture était recommandé dans les écoles de journalisme, notamment celle dont j'ai suivi les enseignements (Strasbourg).

(3) La présence d'urinoirs plaqués contre un des murs extérieurs d'une église de Gennevilliers qui se trouvait sur notre itinéraire était pour moi une image de la malfaisance de Peppone exercée à l'encontre de Don Camillo et de ses ouailles.

(4) Mais j'étais vacciné.

(5) La signature d'Hélène Le Savouroux, maire adjointe à l'état-civil, figure sur nombre de mes documents (diplômes notamment). Le service municipal de l'état-civil était habilité à "certifier conforme" des copies de documents à partir de la comparaison entre original et photocopie.

(6) Les Le Savouroux ne sont pas des fanatiques. Rien à voir avec le manichéisme du P.S.U. de leur époque et du futur P.S. d'après 1971. Une preuve ? En juin 1968, Bernard Le Savouroux, candidat de la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste (F.G.D.S.) -S.F.I.O. + radicaux valoisiens + clubs- à Colombes fait le tour, dans un document de campagne électorale, des positions de ses concurrents. Un de ceux-ci était candidat de l'Alliance Républicaine pour le Progrès et les Libertés, fondée et dirigée par Jean-Louis Tixier Vignancour. Bernard Le Savouroux, tout en indiquant que les positions de J.-L. Tixier-Vignancour ne devraient pas permettre à un "démocrate socialiste" de voter pour son candidat local, qualifie ce dernier de "courageux". 

(7) Le P.S.U. incarnait pour le jeune étudiant que j'étais alors un des pôles de l'horreur politique. L'autre pôle était représenté par le jacobinisme et le stato-nationalisme de Michel Debré et de ses amis.

mercredi 8 mai 2013

Le 8 mai : une célébration inopportune

Le 8 mai 1965, on commémorait le vingtième anniversaire de la fin en Europe de la Seconde Guerre Mondiale. Sur les ondes de Radio Luxembourg (qui prendra le nom de RTL en 1966), Raymond Cartier relevait les différences entre les commémorations de ce 8 mai selon les pays, et notait que dans les pays (Etats-Unis, Royaume-Uni) dont le titre de co-vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale était incontestable, les cérémonies étaient plus sobres qu'en France, comme si en France, certains voulaient compenser leurs doutes quant au bien-fondé d'un droit de ce pays à prétendre au statut de vainqueur par un étalage de symboles pour essayer de s'y faire croire.

Le quotidien L'Aurore (Robert Lazurick) offrait un abonnement d'un an aux jeunes gens nés le 8 mai 1945. Dans le même journal, on pouvait lire que le Chancelier fédéral allemand Ludwig Erhard déclarait qu'il était impossible aux Allemands de célébrer le 8 mai, car la victoire des vainqueurs, puis leurs divisions avaient laissé l'Allemagne divisée et privée du droit à des élections libres dans tout le pays. Le même journal publiait une photographie de l'ambassadeur du Royaume-Uni en France, Sir Patrick Reilly, mis en présence de son collègue de Chine continentale, pays avec lequel la France avait établi des relations diplomatiques quatorze mois auparavant. Les deux diplomates s'évitent du regard.

A Colombes (1), la présence de drapeaux américains au sommet de mâts place Rhin et Danube (l'espace qui faisait communiquer les rues Saint-Denis et du Bournard) détonne : depuis des mois, la propagande anti-américaine sous couvert de campagne pour la "paix au Vietnam" est intense; l'arrivée à la mairie en mars 1965 d'une municipalité dite d'Union Démocratique dirigée par Dominique Frelaut (communiste) peut augurer d'une intensification de cette campagne : pour nous rendre en famille dans notre région d'origine, dans l'Aisne, nous traversons des communes dirigées par des communistes : Genevilliers, l'Île Saint-Denis etc... où la propagande en faveur de la "paix au Vietnam" est obsédante (mais je suis vacciné) (2). Une des adjointes de Dominique Frélaut est Hélène Le Savouroux, épouse du chef de file colombien de la S.F.I.O.. Photographiée devant un monument au morts ce 8 mai, Hélène Le Savouroux a le style d'une jeune femme moderne du milieu des années 1960. Les Le Savouroux ne sont pas des fanatiques (rien à voir avec le PS xénolâtre d'aujourd'hui, qui semble descendre du PSU plus que de la S.F.I.O.) : trois ans plus tard, en 1968, dans une profession de foi dans laquelle Bernard Le Savouroux fait le tour de ses concurrents pour les élections législatives des 23 et 30 juin, il juge que le candidat du mouvement de Jean-Louis Tixier Vignancour est "courageux" mais que les positions de son chef de file doivent en éloigner tout "démocrate socialiste" (c'est le terme qu'il emploie).

Un salon de coiffure est ouvert ce 8 mai 1965 sur la place de la gare (en fait : avenue de l'Agent Sarre, un peu avant le croisement avec l'avenue Menelotte); j'y entre pour m'y faire couper les cheveux; pendant que j'attends, un client parle du 8 mai; je dois l'entendre dire que les vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale (auxquels il s'identifie et auxquels je ne m'identifie pas) qu'il a vécue n'ont pas exercé de vengeance "oeil pour oeil, dent pour dent" contre leurs adversaires vaincus (il est mal informé).

Les piliers du viaduc de l'avenue Ménelotte à partir de la gare de Colombes vers la gare du Stade sont régulièrement recouverts d'affiches d'un parti de la majorité municipale : le P.S.U.. Ce mouvement représente un des pôles (3) de l'horreur politique à mes yeux, par son discours culpabilisateur, égalitariste, tiers-mondiste, "antiraciste". Il a ses entrées non seulement à la Mairie de Colombes, mais aussi chez les militants chrétiens qui fréquentent la paroisse catholique Saint-Pierre Saint-Paul : le chef de file local du P.S.U. est l'imprimeur Cary, dont l'atelier est sis rue du Four, petite rue médiévale le long de l'église (l'ancienne); il est imprimeur du P.S.U. et de la paroisse. Un beau jour de printemps, me promenant rue du Four, dont les murs étaient recouverts ça et là d'affiches du P.S.U. pour la "paix au Vietnam", je décide d'en arracher une; relevant la tête, je remarque que d'une fenêtre du presbytère, un vicaire, le Père Seince (récemment rappelé à D.), fils de la Charité (4), a observé la scène et semble d'autant plus assombri qu'il me connaît de vue : il m'a fait la catéchisme quelques semaines dix ans avant, et m'a déjà aperçu dans l'église (l'ancienne). Je ressens cette expérience comme gratifiante. Le 8 mai, c'est aujourd'hui, demain ce sera le 9, journée de l'Europe, et j'aime mieux ça. Depuis 7 ans, grâce notamment à son maire de l'époque, Paul Bouchu, Colombes est jumelée avec Frankenthal (5) dans le Palatinat et depuis un an avec Legnano (6) dans le nord de l'Italie. Vive l'Europe !

En 1975, à l'occasion du trentième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe, Valéry Giscard d'Estaing, président de la République abolit la célébration officielle et nationale de la "victoire" du 8 mai 1945. Son successeur, Francisque, pardon : François Mitterrand, commit la faute de la rétablir à partir de 1982.

NOTES

(1) 48°55'25" N  / 02°15'08" E

(2) Le vaccin est composite : anticommunisme, considération du fait que si j'était américain je pourrais être au Vietnam du fait de la conscription, mis en danger par les Vietcongs qui sont volontaires par définition;
de même, si j'avais dix ou quinze ans de plus j'aurais pu être en Algérie du fait du service militaire obligatoire, mis en danger par les fellaghas du FLN djézaïrien; et aussi bien ce FLN que le Vietcong ont et avaient la sympathie des communistes;

(3) L'autre pôle est le stato-nationalisme cocardier, machine à faire se déchirer les Européens entre eux pour le plus grand bénéfice du reste du monde, et à faire rajouter des noms sur les monuments aux morts à chaque génération; à l'époque, il est incarné par la mouvance DeGaulliste, aujourd'hui par les prétendus "souverainistes" (qui ont volé ce mot aux Canadiens);

(4) Les Fils de la Charité ont été fondés par le Père Anizan; il s'agit d'une dissidence issue d'une congrégation plus ancienne fondée par St Vincent de Paul; les Fils de la Charité ont été en charge des paroisses catholiques de Colombes (sauf peut-être (?)  celle des Vallées qui est à cheval sur 3 communes) de 1921 à 2003. Globalement, ils y ont fait beaucoup de bien. Ce que le Concile Vatican II a pu avoir malgré tout d'aspects positifs a été mis en place par eux à Colombes avec 15 ou 20 ans d'avance; ils ont permis à beaucoup de gens de découvrir une autre Eglise que celle qu'ils avaient pu connaître. Par la suite, cette pastorale a pu être contaminée par le béguin des issus de l'immigration des suds du monde, la propension à la générosité avec ce qui n'est pas à soi parce que c'est tristement humain, mais on a fait pire dans d'autres églises, issues de la Réforme, sous l'influence de groupes comme la CIMADE "mouvement oecuménique d'entraide" et membre de la Fédération Protestante de France;

(5) Le jumelage avec Frankenthal est bien vivant, y compris au niveau du partenariat entre les groupes politiques des conseils municipaux respectifs (notamment les Verts);

(6) Le jumelage avec Legnano semble mis de côté; ne serait-ce pas du fait du sectarisme de la Gauche qui a sévi à la mairie de Colombes de 1965 à 2001 et de 2008 à 2014 ? : la commune de Legnano est administrée par la Lega (ex Lega Nord), qui représente le phénomène le plus intéressant et un des plus positifs de la politique européenne récente.


jeudi 5 juillet 2012

Algérie '62 : bye bye El Djézaïr

Les médiats ne manquent pas en ce début juillet, de rappeler l'accession à l'indépendance de l'Algérie, la prétendue République Algérienne Démocratique et Populaire, il y a cinquante ans.

L'entité France n'était pas représentée aux cérémonies marquant cet évènement en R.A.D.P. Tant mieux.

On nous bassine avec tout un tas de notions fausses, décalées, anachroniques.

Il y a cinquante ans, l'Algérie est devenue indépendante, au terme d'un conflit que les médiats et l'opinion publique en France d'Europe qualifiaient bel et bien de guerre, déjà à cette époque, n'en déplaisent à certains polygraphes et professeurs ès-morale; ce n'était pas une guerre au sens du droit international, mais on évoquait ce conflit, pendant son déroulement, comme la guerre d'Algérie qui avait fait suite à la guerre d'Indochine, qui avait fait suite à la Seconde Guerre Mondiale. Des professeurs ès-morale se focalisent sur une décision d'un gouvernement français à la fin des années 1990 qui a reconnu que les soldats ayant servi en Algérie pendant les troubles avaient participé à une guerre, et que ces anciens combattants avaient des droits réservés aux participants à une guerre. Ils veulent conduire leurs lecteurs, auditeurs ou étudiants à en déduire qu'il a fallu longtemps à l'entité France pour reconnaître qu'elle avait fait, et qu'on lui avait fait la guerre. Et que ce délai atteste d'un malaise, d'une honte à assumer un passé ... qui ne passerait pas : il y aurait eu un colonialisme essentiellement prédateur et criminel qui aurait exploité un vaillant peuple algérien: des populations européennes manquant de générosité et de claivoyance, maintenant une population arabo-musulmane à un rang socio-économique et politique inférieur; de vaillants moudjahidines parfois pas trop regardants sur les moyens à employer pour "libérer" leur pays, face à une armée forte d'un demi-million d'hommes et qui torturait les libertadors; il y aurait eu d'une part un mouvement algérien de libération nationale (les "indépendantistes", comme les qualifie Monsieur X. sur France Inter dans une émission sur Fernand Pouillon -Rendez-vous avec X.-) et d'autre part les partisans de l'Algérie française (les "ultras de l'Algérie française selon Monsieur X., qui a choisi son camp), allant contre le vent de l'Histoire.


Je n'ai pas fait la guerre d'Algérie, mais je l'ai vécue comme enfant (à son déclenchement) et comme adolescent (à son terme), et ce que j'ai vécu ne correspond pas du tout à ce qu'on nous raconte aujourd'hui.


J'ai surtout vu cette guerre depuis Colombes (1) où résidait une population nord-africaine (2) assez importante quoique bien moindre que ce qu'elle est devenue aujourd'hui ; dans cette commune et dans les communes voisines, Algériens du MNA (3) et du FLN se combattaient, se rackettaient, s'égorgeaient, s'entretuaient,et les médiats en rendaient compte sans se soucier d'éviter ce qu'on appelle aujourd'hui des "stigmatisations"; un militant FLN assassina à la sortie du stade de Colombes un notable algérien qui avait assisté à un match de football aux côtés du président René Coty; au retour d'une promenade dominicale en famille, j'ai pu voir le terre-plein situé devant la gare de Colombes noir de monde : on venait d'y arrêter un Algérien qui avait assassiné un gardien de la paix du commissariat de police de la ville, Robert Dufour (4). Pendant les vacances scolaires, je retournais au pays natal, dans l'Aisne. On y trouvait dix fois moins de Nord-Africains que dans la banlieue Saint-Lazare (5), et ceux qui y résidaient étaient proportionnellement encore moins visibles. On y parlait de la guerre d'Algérie et des jeunes gens de la région qui y faisaient leur service militaire et dont la presse locale (La Dépêche de l'Aisne, des frères Bruneteau à Laon, et L'Union, à Reims) publiait de temps en temps de sympathiques photos de groupe par lesquels ils adressaient un salut à leurs familles, à leurs amis, à leurs voisins.


 J'éprouvais de la sympathie et un sentiment de solidarité avec les jeunes gens envoyés en Algérie pour y faire leur service militaire parce que si j'avais eu dix ans de plus en moyenne, j'aurais été à leur place. Il se trouve que je n'en ai connu aucun personnellement et directement; dix ans plus tard, je ressentais la même chose à l'égard des GIs envoyés au Vietnam. Toute considération d'ordre strictement "national", ou "éthique", au sens des "exhibitionnistes de l'intelligence et du coeur" dénoncés par Robert Lacoste m'était, m'est étrangère.


 Le sentiment dominant n'était ni celui d'une sympathie pour le FLN et plus généralement pour les "mouvements de libération nationale" (6), ni celui d'une sympathie pour l'Algérie française. Les sentiments négatifs l'emportaient à l'encontre des deux camps : le FLN, les "fellaghas" comme on disait, s'inscrivaient dans une généalogie de groupes criminels, après le Vietminh indochinois, dont les intérêts n'étaient pas les nôtres et leur étaient même largement contraires, et les partisans ardents de l'Algérie française apparaissaient souvent comme des bellâtres qui défendaient les intérêts des "colons" dont les intérêts et le mode de vie de la plupart différaient des nôtres.


En dehors de personnes appartenant à des groupes idéologiquement marqués (7), l'immense majorité des gens au milieu desquels je vivais, détestaient le FLN et n'adhéraient pas à la cause de l'Algérie française. La présence d'une importante communauté nord-africaine était ressentie comme un mal, une nuisance, un fardeau dont l'indépendance de l'Algérie nous débarrasserait certainement : il n'était pas question de vivre ensemble, ni même côte à côte, mais de se séparer, le plus vite et le mieux possible (8). La défense de l'Algérie française semblait indésirable, trop coûteuse humainement et matériellement.


L'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 1962, a été largement vécue en France d'Europe comme la promesse d'une libération de la présence nord-africaine sur le sol de l'ancienne métropole, comme un divorce souhaité de part et d'autre de la Méditerrannée, lui évitant de devoir "intégrer" neuf millions d'Arabo-Musulmans, comme la possibilité d'une modernisation de l'économie française, lui permettant de se tourner vers l'Europe et de tourner le dos à d'ingrates et coûteuses anciennes colonies. L'opinion publique de la France d'Europe  s'est désolidarisée à la fois des "colons" et des [autocensuré], disons des anciens colonisés, pour rester polis.

Ce ne sont pas les "libéraux", les "progessistes" qui ont gagné la bataille de l'opinion publique pour la convaincre de la bienfaisance de l'indépendance de l'Algérie : c'est Raymond Cartier (9), de Paris Match et de Radio Luxembourg, c'est le Doyen Georges Vedel de la Fac' de Droit de Paris. Raymond Cartier, dont on lisait les articles de Paris Match chez le coiffeur ou dans la salle d'attente du médecin ou du dentiste, et  dont on écoutait les éditoriaux autour de la table familiale sur Radio Luxembourg ("voici l'éditorial de Raymond Cartier, chef des bureaux américains de l'hebdomadaire Paris Match") répétait que la décolonisation de l'Indonésie avait été une bénédiction pour les Pays-Bas et avait permis la modernisation de leur économie, qu'il valait mieux développer la Corrèze que la région du Zambèze, opposait la dramatisation de la gestion française des conflits coloniaux à la sagesse britannique, invitait la France à s'intégrer dans l'Europe. Le Doyen Georges Vedel rappelait que le prix à payer pour que l'Algérie puisse éventuellement demeurer française, c'était la présence au sein de l'Assemblée Nationale française, de 120 à 150 députés algériens arabo-musulmans pour la plupart, parmi 400 ou 450 députés de la France d'Europe : Georges Vedel professait que tout lien colonial avait vocation à prendre fin dans l'égalité, soit par l'indépendance de la colonie à l'égard de la métropole (on a deux entités égales en droit international), soit par l'intégration de la colonie dans un ensemble constitué d'elle-même et de sa métropole (une France de Dunkerque à Tamanrasset). Dire cela à l'opinion publique, aux électeurs de la France d'Europe, c'était assurément les conduire à écarter l'option de l'intégration, compte tenu de son coût humain, matériel et politique.

Que faire pour améliorer les relations entre les deux rives de la Méditerrannée, 50 ans après l'indépendance de l'Algérie ?


 D'abord mettre fin aux flux migratoires sud-nord massifs et à sens unique (10), ensuite les inverser au moins partiellement, puis dé-bilatéraliser les relations entre l'Algérie et son ancienne métropole : l'Algérie relève du Maghreb arabe et la France de l'Europe. Et ni la France ni l'Algérie en tant que France ou Algérie ne se doivent plus rien, malgré les avis de Benjamin Stora, de Jean-Pierre Chevènement, de Bouteflika et de quelques autres animés par la passion pour les "mouvements de libération nationale" de Georges Guingouin ou d'Amirouche, ou pour le retour de la grandeur de la Vrôôôôônse généreuse et civilisatrice, amie naturelle des "pauvres du monde". Bye bye El Djézaïr !


N O T E S

(1) au début de la guerre d'Algérie et jusqu'en 1959, la commune de Colombes était administrée par Paul Bouchu, élu en 1947 sous l'étiquette R.P.F. (gaulliste), mais qui s'était détaché assez rapidement de ce mouvement; vers la fin de sa carrière politique, il reçut l'investiture du Centre Républicain (André Morice), de la Démocratie Chrétienne (Georges Bidault) et du Centre National des Indépendants; il eut pour successeur comme maire de Colombes, Marcelle Devaud, née Gugenheim, veuve de Stanislas Devaud, ancien député d'Algérie; Paul Bouchu était un petit industriel de Colombes, Marcelle Devaud, résidente de Neuilly-sur-Seine, était parlementaire gaulliste (Républicains Sociaux, puis UNR);

(2) Nord-Africains était le nom qu'on donnait généralement aux Maghrébins à cette époque; le vocable Maghrébins était connu mais peu utilisé; il avait une connotation savante, ethnologique, de spécialistes;

(3) le MNA, ou Mouvement Nationaliste Algérien, de Messali Hadj, mouvement historique du nationalisme algérien, fut rapidement dépassé en influence, en audience et en radicalité, par le FLN, ou Front de Libération Nationale; Messali Hadj fut placé en résidence surveillée sur une île de la côte atlantique et les mentions du MNA dans la presse populaire métropolitaine n'apparaissaient guère que dans les rubriques de "réglements de comptes entre Nord-Africains" relatant des exactions voire des assassinats perpétrés par des militants d'une faction (surtout le FLN contre le MNA) sur ceux de l'autre; c'est toutefois du MNA, mais non de son leader Messali Hadj qui déclarera y avoir toujours été opposé, qu'est parti le malheureux slogan à l'adresse des Européens d'Algérie : "la valise ou le cercueil", cette formule a pesé sur l'exode massif des Européens d'Algérie en 1962, et pèse encore très lourdement sur la perception de l'immigration sud-nord par une partie des Français d'Europe, des Européens d'Algérie repliés dans l'ancienne métropole après l'indépendance : "ils nous ont chassés, et maintenant ils s'installent chez nous";

(4) il me semble avoir entrevu à l'extérieur de commissariat de police de Colombes une plaque portant le nom de deux agents de police morts en service dans la commune : un certain Agent Sarre, qui a donné son nom à une avenue et à un quartier et qui a été tué (après avoir tué combien de fois lui-même ?) pendant les combats de l'été 1944, et un autre qui est probablement celui dont on a arrêté l'assassin devant la gare; je ne les place pas sur le même plan : Sarre était un volontaire qui pouvait, a peut-être, donné la mort à des soldats, "ennemis" certes, mais qui n'avaient pas besoin d'avoir été volontaires pour se retrouver là; le policier Robert Dufour tué pendant la guerre d'Algérie à Colombes, était un professionnel qui n'était pas là en tant que volontaire, et qui a été tué par un volontaire, un "résistant" algérien, un fellagha;

(5) on désigne ici par banlieue Saint-Lazare les communes de banlieue desservies les lignes de chemin de fer partant de la gare Saint-Lazare à Paris;

(6) la guerre d'Algérie était replacée dans un contexte général de mise en accusation de l'Europe (surtout le Royaume-Uni et la France) et de l'Occident en général par des dirigeants et des pays inamicaux dont la conférence de Bandoeng en Indonésie au printemps 1955 avait été une retentissante tribune;

(7) à Colombes, le PSU et les groupes qui l'ont précédé était très actif et visible dans les dernières années de la guerre d'Algérie; il se trouve que son animateur résident semble avoir été un imprimeur, du nom de Cary, de la paroisse catholique Saint-Pierre Saint-Paul, confiée aux Fils de la Charité fondés par le Père Anizan; ses thèses paraissent avoir eu un certain écho au sein d'une partie des paroissiens; cette gauche moralisante, culpabilisante, donneuse de leçons, constitua rapidement pour moi un des pôles du Mal en politique, l'autre étant la droite nationaliste, jacobine, europhobe de type Michel Debré, Alexandre Sanguinetti; je ne rencontrais éventuellement des partisans de l'Algérie française que parmi mes camarades de classe, leurs aînés (de peu) et leur famille. Je détestais le PSU, les amis du FLN et des mouvements dits de libération nationale du Tiers-Monde, et les partisans de l'Algérie française me contrariaient : je n'avais pas envie que l'Algérie reste française parce que je ne souhaitais pas voir 9 millions d'Arabo-Algériens rester français, ou pire, devenir Français à part entière, sur un pied d'égalité;

(8) il ne faut pas chercher ailleurs les racines profondes de l'attitude d'une majorité de Français d'Europe envers les flux migratoires sud-nord;

(9) Raymond Cartier a eu le mérite de plaider pour l'intégration de la France dans une Europe supranationale à une époque où cette cause n'était pas très populaire dans certains milieux de décideurs économiques toujours attachés à un protectionnisme devenu mortifère; il salua l'entrée (suivie d'un retrait rapide) du MRP dans la majorité gouvernementale au printemps 1962 parce que c'était, disait-il, "le parti de l'Europe", puis la candidature de Jean Lecanuet en 1965; vers la fin de sa carrière (1975), il ne comprit pas l'importance des préoccupations écologiques et ne les prit pas en compte dans ses publications : il était notamment favorable à l'exploitation des hydrocarbures des schistes bitumineux, en Amérique et ailleurs; il s'obstina longtemps à faire de De Gaulle sa référence la plus positive en politique intérieure française et de l'alliance avec les Etats-Unis, au-delà de l'Europe politiquement intégrée, sa référence en politique extérieure Comme si les deux étaient compatibles;

(10) la République Algérienne Démocratique & Populaire obligerait beaucoup l'Europe et la France en veillant sur le Sahel (Gadaffi n'est plus là pour le faire à sa façon), et notamment en stoppant les candidats à l'immigration vers le nord de la Méditerrannée. Silvio Berlusconi avait obtenu cela de Gadaffi en échange d'argent et de repentances. S'il faut dire que Charles X a eu tort d'envoyer une expédition à Sidi-Ferruch en 1830, changer les noms des rues Charles X (s'il y en a ...), dire que Louis-Philippe a eu tort de reprendre "le legs onéreux du régime précédent" selon sa propre expression (ou celle d'un de ses ministres), que tout ça c'est mal, qu'on regrette profondément, et si en échange l'Algérie nous protège des flux migratoires sud-nord, et garde sa jeunesse chez elle, elle a droit aurait droit, en plus, à notre reconnaissance profonde et sincère.

jeudi 26 avril 2012

Du vote des étrangers, du communautarisme et de l'intégration

Il existe apparemment un consensus entre les candidats à l' élection présidentielle française de 2012 pour rejeter ce que les médiats et eux-mêmes appellent le "communautarisme". Tout le monde est contre le communautarisme, tout le monde est pour l' intégration des étrangers (1), tout le monde communie dans un chauvinisme navrant, de Mélanchon avec son "La France, la belle, la rebelle" jusqu'à Marine Le Pen dont le parti annonçait en 2005 pour dire non au referendum constitutionnel européen :  "Je garde la France" (sic), en passant par le sinistre, et non pas "normal", François Hollande, selon lequel, "Français" devrait être le plus beau nom que puisse recevoir un citoyen du monde. Quel c.. !

Aucun, à ma connaissance, ne remet en cause dans ses grandes lignes les conditions d'accès à la nationalité française (conditions dont s'est inspirée l'Allemagne sous le calamiteux gouvernement rouge-vert (2), et que s'apprêterait à reprendre globalement le gouvernement de l'on. Mario Monti en Italie). Ce qu'il est convenu d'appeler la France fait école en Europe sur ce point, hélas.

Le candidat sinistre au second tour de l' élection présidentielle française de 2012 entend imposer le droit de vote des ressortissants étrangers non ressortissants de l'Union européenne aux élections locales. Cette mesure plait à Arte, à France Culture, à Télérama, au Monde etc...  Elle soulève des problèmes de constitutionnalité : les élus issus des élections dites locales élisent les membres du Sénat qui participent à l'élaboration, à la discussion et au vote des lois.

Le problème, ce n'est pas le vote des étrangers non ressortissants de l'UE, c'est leur présence en grand nombre non stabilisé (le président du Conseil Economique, Social et Environnemental, Jean-Paul Delevoye, celui-là même que Chirac voulait imposer à la tête du R.P.R. en 1999, souhaite que l'opinion publique française soit éduquée à l'idée qu'une reprise et une amplification des flux migratoires est non seulement bienfaisante, mais nécessaire et de toute façon inévitable). Le politologue Gérard Grimberg déclarait le 25 avril 2012 dans l'émission "C'est dans l'air" sur France 5, que la xénophobie consistait en temps de crise à rendre les étrangers responsables des inconvénients de la crise, et que c'était là une des "marqueurs" du parti de Marine Le Pen. Je ne suis pas d'accord avec le début de son propos : ce qui rend inacceptable la présence de millions de personnes issues des flux migratoires sud-nord, la perspective de l'augmentation de leur nombre, ce sont les circonstances historiques de la décolonisation il y a un demi-siècle. La principale raison de l'acceptation de la décolonisation par l'opinion publique et l'électorat était fondée sur ce qu'on appelait le cartiérisme (du nom du journaliste et essayiste Raymond Cartier, de Paris Match et de Radio Luxembourg). On a souhaité se libérer du poids de l'aide à ces anciennes colonies, et même de la présence de leurs originaires : du temps de la Guerre d'Algérie et, en général, des troubles en Afrique du Nord et en Afrique, les médiats n'appelaient "jeunes" les Maghrébins de moins de soixante ans, parlaient de la guerre civile en France d'Europe entre FLN et MNA, et Le Parisien Libéré n'hésitait pas à sur-titrer certains articles "le terrorisme nord-africain". La présence de ... dizaines de milliers de Nord-Africains en banlieue parisienne inquiétait, et dans l'esprit de l'électorat, la décolonisation impliquait l'évaporation de cette présence.

Ce qui rend politiquement inacceptable la proposition de François Hollande, c'est d'une part qu'elle n'est pas assortie de contreparties visant à rendre plus séléctif l'accès à la nationalité française (abandon du droit du sol), et d'autre part que le candidat sinistre, son parti et leurs alliés n'entendent pas arrêter pour de bon ,ou même ralentir les flux migratoires sud-nord. Au contraire.

Le vote des étrangers non Européens à des élections locales serait acceptable à condition que l'obtention de la nationalité française devienne en contrepartie beaucoup plus sélective (écartons les ridicules idées-bidon comme la maîtrise de la langue, une déclaration d'adhésion aux prétendues faleurs de la répuplik, le serment au drapeau, la prohibition de la double nationalité et autres sottises; il faut supprimer le droit du sol et rien de moins) et à condition que le nombre de ces étrangers soit à tout le moins stabilisé durablement.

Le communautarisme existe, qu'on le veuille ou non. Je recommande la lecture des Nouvelles de France-Arménie Magazine et du Courrier de l'Atlas, périodiques disponibles en kiosque, ainsi que j'ai pu le constater lors d'une ballade à Choisy-le-Roi près de la gare du RER C : ces jours-ci, on y voit des affichettes d'une candidat franco-algérien aux élections législatives algériennes dont le programme s'énonce : pour la défense (depuis l'Algérie) de la communauté algérienne en France d'Europe. La dénonciation du communautarisme n'aboutit qu'à la prohibition et à la condamnation morale de l'émergence d'un communautarisme pratiqué par les personnes originaires de la France d'Europe issues de sa population telle qu'elle se présentait, dans sa diversité relative, au début des années 1960. Il paraît que ce serait ... dangereux. Peut-être, mais pour qui ? Si c'est éventuellement dangereux pour les projets et les protégés de la CIMADE et du CCFD, ce n'est pas bien grave.

 Pour moi, un étranger intégré, c'est tout simplement un étranger, ou un ressortissant de notre pays, issu de l'immigration certes, mais qui est capable d'envisager la prolongation et l'amplification de celle-ci comme indésirables du point de vue du pays dans lequel il s'est établi.

Un étranger non intégré, c'est une personne d'origine étrangère récente, ayant éventuellement acquis la nationalité du pays, qui considère que puisque l'immigration vers l'Europe a amélioré son sort, il faut que d'autres puissent en bénéficier.

NOTES

(1) le débat ne porte que sur les conditions de l'intégration, non sur son principe;

(2) ce qui fit paniquer nombre de lecteurs villiéristes de certains bons journaux qui n'auraient pas par contre remis en cause, au nom de la "grandeur de la Vrôôônse", les liens entre celle-ci et l'Afrique et ses conséquences sur l'accès privilégié de ressortissants d'anciens territoires français (réintégration) à la nationalité française;