Affichage des articles dont le libellé est France d'Europe. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est France d'Europe. Afficher tous les articles

jeudi 23 mars 2017

Emmanuel Macron, l'homme de l'Anti-Europe

La chaîne TV d'info continue BFM (que d'aucuns étiquettent BFMacron) exultait en mars dernier : le ministre national-hollandiste de la Défense Jean-Yves Le Drian s'apprêtait à rallier la campagne d'Emmanuel Macron. En Marche...

L'éditorialiste Laurent Neumann (qui a des airs à Pierre Perret), ancien du torchon hebdomadaire Marianne, s'en réjouissait manifestement, et tentait de nous faire croire que c'était l'engagement "européen" du Maqueron qui aurait séduit le ministre breton.





En quoi Emmanuel Macron est-il "européen" ?

En rien.

Comme Romano Prodi qui a manifesté dans la rue, en 1995, contre le non-lieu d'un tribunal militaire italien en faveur d'un ancien capitaine allemand et argentin (Erich Priebke), vaincu de la guerre 1939-45. Romano Prodi était alors chef du gouvernement italien. On en a fait ensuite un président de la Commission Européenne !

Comme la saloperie de chaîne TV ARTE dont les journaux sont présentés, version allemande par une Turque, et version française par une Afro-Caribéenne.

Si c'est ça l'Europe....Si c'est ça être européen.... il faut avoir au moins la même dose de natioscepticisme (1) que votre serviteur pour ne pas voter Marine Le Pen, Geert Wilders, Matteo Salvini etc...

L'engagement du Maqueron consiste à se reposer sur les institutions de l'Union Européenne pour faire passer auprès des opinions publiques européennes ce qu'elles n'accepteraient pas de leurs dirigeants stato-nationaux. Ou plutôt ce que ces dirigeants stato-nationaux ne se sentent pas assez forts pour imposer tout seuls à leurs opinions publiques : répartition obligatoire des "migrants" ou "réfugiés", accords de libre-échange avec la Grand Large (2) etc....

Si c'est ça être européen.....!

Emmanuel Macron veut créer un Office Franco-Algérien pour la Jeunesse (3) pour....faciliter la mobilité, autrement dit l'accueil en France d'Europe de davantage encore de fils et petits-fils de fellaghas (4).

Si c'est ça être européen.....!

Emmanuel Macron est prêt à reconnaître la "colonisation" comme un "crime contre l'Humanité". Sans qu'on sache si c'est la "colonisation" en général ou celle de l'Algérie par la France d'Europe. La reconnaissance d'un "crime contre l'Humanité" ouvre la voie à l'attribution de réparations aux victimes ou à leurs ayant-droit. Abdelaziz Bouteflika, avant d'être élu président de la Djézaïrie Démocratique et Populaire, s'était naguère fait le théoricien des "réparations" dues par la France d'Europe à la Djézaïrie au titre de la Guerre d'Algérie (5). Et la réparation attendue de l'ancien garçon de bain d'Oujda était la libre circulation de ses concitoyens vers la France d'Europe et leur libre établissement. Déjà !

Si c'est ça être européen .....!

La France d'Europe a besoin de dirigeants qui sachent dire merde à Alger, ou soient au moins capables de lui faire un bras d'honneur comme le sénateur LR de la Meuse Gérard Longuet quand on lui a parlé de repentance.

Je suis un Européen .... convaincu. Largement par natioscepticisme (1). Cela m'a pris dans mon enfance en regardant des cartes de géographie dans le contexte des guerres coloniales. Sur ces cartes était représenté ce qu'on appelait alors l'Union Française (6). On nous apprenait que cette Union comprenait la France Métropolitaine (ce que j'appelle plus haut la France d'Europe) et la France d'Outre-Mer qui se subdivisait elle-même en différentes entités de différents statuts, sur 4 continents. Le drapeau français était tout particulièrement présent sur le continent africain, de la Méditerranée à l'équateur et au-delà dans l'Océan Indien. Dix ans et davantage avant d'être électeur, j'ai ressenti qu'au sein de l'Union Française, j'appartenais à une ethnie, à un groupe de population minoritaire, et qui le serait de plus en plus. Une entité minoritaire de gens moins pauvres, moins jeunes et moins aimés que les autres. J'ai souhaité la fin de la France multicontinentale et pluriethnique. L'Europe m'est apparue comme une solution de rechange : se retrouver entre Européens, comme avant l'émergence des Etats-nations. Mon européisme n'était-il pas fondé sur le repli, sur l'entre-soi ? Si, et alors ? J'ai souhaité le remplacement des Etats-nations européens par une entité qui protège mieux les Européens de ce qui n'était pas eux, de ce qui était, est, extérieur à l'Europe. Je me suis vu comme un nationaliste européen faisant le choix du fédéralisme comme mode d'organisation interne de l'Europe. Comme un Européen convaincu.

Ceux qui feront le choix d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle française du printemps 2017, sont différents des Européens convaincus. Ces Zeuropéens cons et à vaincre ne veulent pas remplacer les Etats-nations européens historiques. Ils veulent éloigner les décideurs politiques de ceux qui subissent les conséquences de leurs décisions. Ils veulent, comme la députée PS du nord-ouest de Paris, Annick Lepetit, une Europe pour la convenance du reste du monde. Une Europe dans laquelle les "droits-de-l'-Homme" abstraits et universels sont instrumentalisés pour éroder les libertés fondamentales concrètes, dont la liberté de décider qui peut être, ou non, notre concitoyen, et à quelles conditions.

Dans l'Europe d'Emmanuel Macron, les flux migratoires intercontinentaux sud-nord vers l'Europe ne pourraient pas être contrecarrés. C'est un soutien, non du Maqueron, mais de Benoit Hamon, le conseiller départemental PS de l'Essonne Jérôme Guedj, qui le rappelle : toute restriction au regroupement familial, notamment par la fixation de quotas d'immigration légale serait .... illégale. Parce qu'elle contreviendrait au droit de l'Union Européenne. Certes, pour le moment, mais le droit de l'Union Européenne permet aussi à tout Etat membre de faire usage d'une clause d'opting-out. La France d'Europe peut très bien s'exempter, pour garder à l'Europe sa population européenne historique, des clauses du droit européen qui sont susceptibles d'empêcher une suspension du regroupement familial et la mise en place de quotas d'immigration. Pour que l'Europe reste européenne, démographiquement, ethniquement, culturellement, il faudra aussi, peut-être savoir dire merde, ou faire un bras d'honneur aux Zeuropéens cons et à vaincre de Bruxelles et de Strasbourg.

Macron ? Non, merci !


N O T E S

(1) On entend ici par natioscepticisme la récusation de l'Etat-nation comme principal cadre d'identité et de solidarité, du fait de l'impact des flux migratoires intercontinentaux sud-nord, massifs et continus, depuis des décennies, vers les pays européens.

(2) On a vécu durant l'automne 2016, l'épisode comique du veto de la Wallonie à l'accord de libre-échange euro-canadien. Le calamiteux président de la région wallonne, Paul Magnette (PS), dans l'opposition au gouvernement fédéral belge, a "fait de la résistance" pendant quelques jours, pour nous rappeler son existence, et embarrasser le gouvernement fédéral avant de rentrer dans le rang.

(3) Il existe déjà deux offices franco-quelquechose pour la jeunesse : un office franco-allemand, le plus ancien, créé par le traité franco-allemand de janvier 1963, et un office franco-québécois. Le tropisme algérien vers le nord de la Méditerrannée fait de cette proposition d'Emmanuel Macron une provocation.

(4) Fellagha était le nom donné, notamment entre 1952 (début des troubles en Tunisie) et 1962 (indépendance de l'Algérie), aux Nord-Africains qui combattaient les armes à la main pour l'indépendance de l'un ou l'autre des pays du Maghreb. Eux-mêmes se dénommaient "fédaï" ou "moudjahid".

(5) Contrairement à la désinformation ethnomasochiste, le terme de Guerre d'Algérie était utilisé en France d'Europe dans l'opinion et dans les médiats dès 1954 (débuts des troubles en Algérie). La reconnaissance par le gouvernement français des opérations militaires en Algérie comme s'insrivant dans le cadre d'une guerre n'a eu d'effet et d'intérêt que pour le statut des soldats français qui y ont participé : elle leur donne les mêmes droits que ceux des autres anciens combattants ayant pris part à une guerre. Les ethnomasochistes de la rédaction de Télérama, d'ARTE, et autres malfaisants personnages à la Benjamin Stora ont prétendu que la non-reconnaissance des campagnes militaires d'Algérie des années 1950 et 1960 comme une guerre trahissait une longue réticence de la France d'Europe, à "assumer son Histoire", à "regarder son passé en face". Je ne me sens pas concerné : enfant, puis ado, j'ai souhaité la sécession de l'Algérie pour ne pas avoir 9 millions de concitoyens Arabo-Musulmans. Je l'assume. Et je n'ai pas changé d'avis.

(6) Cette prise de conscience d'un non-citoyen se rapproche du point de vue de l'homme d'Etat Edouard Herriot. Ce dirigeant du parti radical relevait lors des travaux préparatoires à la Constitution de 1946 et tout particulièrement du Titre de la Constitution portant création de l'Union Française : "Vous êtes en train de faire de la France la colonie de ses colonies".

mercredi 5 décembre 2012

Adolfo Kaminsky, le Saint-Thèse d'Arte

Mercredi 5 décembre MMXII.

Arte Journal de 12h50 est présenté par la voix de Leïla Kaddour Boudadi.

La page politique de cette édition est notamment consacrée aux espoirs d'Arte de voir enfin interdire le NPD, le parti national-démocrate (1) d'Allemagne, fondé en 1964, représenté fin 2012 dans deux diètes de Länder. Le parti est diffamé par Arte qui le qualifie de"néo-nazi" (2). Tout parti qui serait reconnu comme "néo-nazi" par la Justice serait immédiatement dissous et sa reconstitution interdite. Les directeurs de conscience d'Arte Journal militent pour l'interdiction du NPD et donnent à ce parti, à l'avance, l'étiquette qu'ils espèrent voir la Justice lui attribuer (3). Je souhaite l'échec de cette procédure dont l'aboutissement souhaité par Arte entrainerait de nouvelles restrictions aux libertés d'association, d'opinion et d'expression. Un des jeunes militants du NPD filmé par Arte Journal porte un tee-shirt représentant Rudolf Hess. J'ai pour ma part, en son temps, adhéré à une association de fait "Liberté pour Rudolf Hess" (4) qui revendiquait la libération de ce dernier, incarcéré à la prison de Berlin Spandau, où il semble avoir été assassiné en août 1987. Ceci dit, je ne partage pas les idées du NPD sur la Nation et l'Europe. Pas plus que celles du FN ou des groupes "souverainistes" français. J'estime que les Etats-nations d'Europe sont devenus des Etats plurinationaux, qu'il n'est plus possible d'être "Français -ou Allemand, ou Italien, ou Britannique d'abord, ou seulement" et que le mieux qui puisse nous arriver serait l'émergence d'une Europe fédérale de régions.

Les stato-nationalistes des différents Etats d'Europe se trompent.

Arte Journal, médiat (5) laïque et même parfois anti-religieux, s'est trouvé un saint patron, ou un saint-thèse si l'on préfère : Saint Adolphe ..... Kaminsky. Ce personnage béatifié par la page culturelle d'Arte Journal représente en effet tout ce que vénèrent (pour ne pas dire : adorent) les directeurs de conscience d'Arte : un acteur anti-nazi de la Seconde Guerre Mondiale, qui a failli être victime de ce qu'il est convenu d'appeler la Shoah, et des luttes pour arracher aux Etats européens leurs dernières colonies, un sympathisant parfois actif des communistes vietnamiens contre la France puis les Etats-Unis.   Né en 1925 en Argentine de parents Juifs russes, Saint Adolphe arrive avec sa famille en France d'Europe en 1932. Il y "résiste" aux "nazis" en fabriquant de faux papiers pour des Juifs (on n'est jamais mieux servi que par soi-même), passe quelque mois au camp de Drancy dont il sort grâce à l'intervention d'un Consul d'Argentine (il pourrait remercier les prédecesseurs de Juan Peron d'avoir conservé de bonnes relations avec le Reich allemand national-socialiste, sans lesquelles le régime "fasciste" de Buenos-Aires n'aurait pas pu intervenir en faveur du jeune judéo-argentin). Puis ce saint homme qu'on appelle Adolfo Kaminsky s'oppose à la politique française en Indochine, vient en aide à certains fondateurs de l'Etat d'Israël, porte les valises du FLN algérien (6), intègre le groupe Curiel, milite contre l'intervention américaine au Vietnam et en faveur du Vietcong, assistant les soldats américains déserteurs. Adolfo Kaminsky représente la synthèse de la sainteté selon Arte Journal. Si je devais choisir un inspirateur parmi des personnes d'origine russe et hébraïque, me permettrait-on de lui préférer Moshe et Yehudi Menuhin ?


 "Bon, Lallau vous raconte que j'incarne la synthèse des préfèrences d'Arte Journal, mais j'espère qu'en attendant, je ne vous "barbe" pas. J'ai mené une vie de faussaire, O.K., mais faudrait pas croire : ma barbe actuellle, ben, elle est vraie, parole d'Adolfo !"
                                                              


N O T E S

(1) "national-démocrate" était aussi le nom du parti du président Hosni Moubarak avannt sa chute en 2011;

(2) le terme néo-nazi n'a aucun sens, ou plutôt il n'a que le sens que ceux qui l'emploient décident de lui attribuer : depuis 1945 et la dissolution du parti national-socialiste (= nazi) par les Alliés, la "marque" nazie n'est plus déposée ni protégée. On peut à loisir dénoncer comme "nazi' ou "néo-nazi" toute personne ou tout groupe que l'on veut diaboliser ou auquel on veut nuire. Ca ne mange pas de pain, comme on dit. Et en plus, ça "marche" la plupart du temps. Il y a aussi des gens ou des groupes qui se qualifient eux-mêmes de "nazis" ou de "néo-nazis", par provocation, pour jouer à se faire plaisir la plupart du temps bien qu'ils le paient souvent très cher par l'opposition à leur égard qu'ils suscitent, parfois pour faire peur. Et pourtant, dans bien des cas, les vrais nationaux-socialistes (= nazis) d'avant 1945 les auraient volontiers placés dans des établissements de réeducation pour associaux. Il y a un signe qui ne trompe pas : les prétendus "néo-nazis" d'aujourd"hui s'habillent, se coupent les cheveux et se donnent l'apparence des "nazis" tels qu'ils apparaissent dans des productions de Hollywood réalisées par des cinéastes américains réfugiés en Amérique avant ou pendant la guerre de 1939-1945, venant d'Europe centrale et orientale, parfois d'origine juive. Les "néo-nazis" d'aujourd'hui prennent leurs références dans les caricatures de "nazis" créés par des anti-nazis. On les voit ainsi arborant souvent des crânes rasés qui n'avaient absolument pas court dans la Wehrmacht ou la Waffen SS où la mode était plutôt à la coupe dégagée sur les côtés avec plus de volume sur le dessus, pour ne pas parler de la Kriegsmarine au sein de laquelle on portait volontiers la barbe; Arte nous enfume, veut obtenir l'intediction du NPD pour ensuite pouvoir dénoncer la présence d'anciens du NPD dans d'autres organisations, existantes ou à fonder;

(3) un authentique parti nazi ou néo-nazi n'aurait pas pu perdurer en Allemagne depuis 1964. L'impeccable militant anti-nazi Willy Brandt, ministre des Affaires Etrangères de la République Fédérale d'Allemagne de 1966 à 1969 avant d'en devenir le Chancelier, déclarait en 1969 dans un entretien avec un journal américain que le NPD s'apparentait au parti de l'ancien gouverneur (démocrate) d'Alabama, George Wallace, qui fut candidat aux élections présidentielles américaines de 1968 pour l'American Independent Party; d'autres le comparaient au mouvement Poujade en France sous la IVe République. Une partie des adhérents du NPD sont des agents infiltrés par un bureau de l'Office Fédéral pour la Protection de la Constitution, et une partie de ses fonds provenaient en 2003 ou 2004 de l'Etat;

(4) Allemands et Britanniques avaient pu constituer des associations de droit : "Hilfsgemeinschaft Freiheit für Rudolf Hess" et "Liberty for Rudolf Hess"; Rudolf Hess, Allemand né en Egypte, a quitté l'Allemagne pour la Grande Bretagne en mai 1941. Etait-il en mission ? Avait-il perdu la raison comme on l'a laissé entendre en Allemagne à l'époque dans les milieux dirigeants après qu'il était été arrêté en Ecosse ?
S'il était en mission, quel était le contenu de cette mission ? Le dossier britannique concernant Rudolf Hess devait demeurer secret jusqu'en ...2017. Après le mort de Hess, à trente ans de cette date, il a été décidé de la reporter à ...2047. Je me suis intéressé au sort de Hess à l'occasion d'une promenade dans les rues de Fribourg-en-Brisgau (pays de Bade) entre la Hauptbanhof (gare) et la Cathédrale : une colonne portait une affiche noire et blanche réclamant la libération de Hess, ce qui a attiré mon attention; quelques pas plus loin, j'ai vu un adolescent, portant les cheveux longs comme c'était la mode, rentrer sa motocyclette dans le couloir de sa maison; sa motocyclette portait deux auto-collants : "Amis, go home", c'est-à-dire "Américains, rentrez chez vous" et "Freiheit für Angela Davis". Angela Davis était une militante communiste afro-américaine "contre la Guerre du Vietnam", emprisonnée en Californie. Qui pourrait-être "pour" une guerre ? Pour ce qui est de cette guerre, je me disais qu'à l'âge que j'avais, si j'avais été Américain, j'aurais probablement été envoyé au Vietnam avec le risque de me faire blesser ou tuer par les gens que soutenait Angela Davis. D'un côté, il y avait des volontaires : les amis d'Angela Davis, par idéologie, et de l'autre de jeunes soldats qui n'étaient là que parce qu'ils étaient Américains et appartenaient à une certaine tranche d'âge dans un pays où le service militaire était obligatoire; que le jeune motocycliste de Fribourg-en-Brisgau se souciât d'Angela Davis plutôt que de Rudolf Hess (qui avait peut-être essayé d'arrêter la guerre en 1941) me contrariait; je me suis dit que je devais faire le choix contraire, à sa place en quelque sorte;

(5) graphie utilisée par solidarité avec le professeur Bernard Notin, cible en 1990 de la Milice Zélote de la Pensée et des Convulsionnaires de la Mémouare;

(6) Arte Journal qualifie les gens du FLN d'...."indépendantistes algériens"; pendant la Guerre d'Algérie (qu'on appelait déjà la Guerre d'Algérie pendant qu'elle se déroulait, contrairement à ce qu'on dit maintenant), ces gens étaient désignés comme les fellaghas (= coupeurs de routes, pillards), les rebelles, parfois les nationalistes algériens (étiquette plutôt accolée au mouvement MNA de Messali Hadj qu'au FLN), jamais d'"indépendantistes". Ce vocable a été forgé par les médiats au milieu des années 1980 pour désigner ceux des Kanaks de Nouvelle-Calédonie qui voulaient faire sécession. Je n'étais pas "indépendantiste", mais je souhaitais l'indépendance de l'Algérie, non par sympathie pour le mouvement algérien de libération nationale, mais pour ne pas avoir 9 millions de Musulmans Algériens comme concitoyens : les médiats d'alors qui donnaient un large écho aux réglements de comptes sanglants entre Algériens du FLN et du MNA (Messali Hadj) en France d'Europe, ne craignaient pas de donner des expatriés algériens au nord de la Méditerrannée une image qui n'incitait pas à souhaiter en avoir des millions comme concitoyens; on croyait d'ailleurs que l'indépendance de l'Algérie amènerait de nombreux Algériens de la France d'Europe à regagner leur pays, la paix venue. C'est tout le contraire qui s'est passé : près d'1 million d'Européens d'Algérie (pour la plupart d'origine espagnole, italienne ou française) ont dû quitter l'Algérie indépendante et des milliers, puis des dizaines de milliers d'Algériens, et davantage encore par la suite, les ont suivis et ont abandonné leur pays ayant accédé à l'indépendance. Vu de la France d'Europe, l'indépendance de l'Algérie marquait une fin, la clôture d'une séquence d'Histoire, vu d'Algérie, elle marquait un début, un nouveau rapport de forces. D'où des malentendus qui ont toujours cours.

jeudi 5 juillet 2012

Algérie '62 : bye bye El Djézaïr

Les médiats ne manquent pas en ce début juillet, de rappeler l'accession à l'indépendance de l'Algérie, la prétendue République Algérienne Démocratique et Populaire, il y a cinquante ans.

L'entité France n'était pas représentée aux cérémonies marquant cet évènement en R.A.D.P. Tant mieux.

On nous bassine avec tout un tas de notions fausses, décalées, anachroniques.

Il y a cinquante ans, l'Algérie est devenue indépendante, au terme d'un conflit que les médiats et l'opinion publique en France d'Europe qualifiaient bel et bien de guerre, déjà à cette époque, n'en déplaisent à certains polygraphes et professeurs ès-morale; ce n'était pas une guerre au sens du droit international, mais on évoquait ce conflit, pendant son déroulement, comme la guerre d'Algérie qui avait fait suite à la guerre d'Indochine, qui avait fait suite à la Seconde Guerre Mondiale. Des professeurs ès-morale se focalisent sur une décision d'un gouvernement français à la fin des années 1990 qui a reconnu que les soldats ayant servi en Algérie pendant les troubles avaient participé à une guerre, et que ces anciens combattants avaient des droits réservés aux participants à une guerre. Ils veulent conduire leurs lecteurs, auditeurs ou étudiants à en déduire qu'il a fallu longtemps à l'entité France pour reconnaître qu'elle avait fait, et qu'on lui avait fait la guerre. Et que ce délai atteste d'un malaise, d'une honte à assumer un passé ... qui ne passerait pas : il y aurait eu un colonialisme essentiellement prédateur et criminel qui aurait exploité un vaillant peuple algérien: des populations européennes manquant de générosité et de claivoyance, maintenant une population arabo-musulmane à un rang socio-économique et politique inférieur; de vaillants moudjahidines parfois pas trop regardants sur les moyens à employer pour "libérer" leur pays, face à une armée forte d'un demi-million d'hommes et qui torturait les libertadors; il y aurait eu d'une part un mouvement algérien de libération nationale (les "indépendantistes", comme les qualifie Monsieur X. sur France Inter dans une émission sur Fernand Pouillon -Rendez-vous avec X.-) et d'autre part les partisans de l'Algérie française (les "ultras de l'Algérie française selon Monsieur X., qui a choisi son camp), allant contre le vent de l'Histoire.


Je n'ai pas fait la guerre d'Algérie, mais je l'ai vécue comme enfant (à son déclenchement) et comme adolescent (à son terme), et ce que j'ai vécu ne correspond pas du tout à ce qu'on nous raconte aujourd'hui.


J'ai surtout vu cette guerre depuis Colombes (1) où résidait une population nord-africaine (2) assez importante quoique bien moindre que ce qu'elle est devenue aujourd'hui ; dans cette commune et dans les communes voisines, Algériens du MNA (3) et du FLN se combattaient, se rackettaient, s'égorgeaient, s'entretuaient,et les médiats en rendaient compte sans se soucier d'éviter ce qu'on appelle aujourd'hui des "stigmatisations"; un militant FLN assassina à la sortie du stade de Colombes un notable algérien qui avait assisté à un match de football aux côtés du président René Coty; au retour d'une promenade dominicale en famille, j'ai pu voir le terre-plein situé devant la gare de Colombes noir de monde : on venait d'y arrêter un Algérien qui avait assassiné un gardien de la paix du commissariat de police de la ville, Robert Dufour (4). Pendant les vacances scolaires, je retournais au pays natal, dans l'Aisne. On y trouvait dix fois moins de Nord-Africains que dans la banlieue Saint-Lazare (5), et ceux qui y résidaient étaient proportionnellement encore moins visibles. On y parlait de la guerre d'Algérie et des jeunes gens de la région qui y faisaient leur service militaire et dont la presse locale (La Dépêche de l'Aisne, des frères Bruneteau à Laon, et L'Union, à Reims) publiait de temps en temps de sympathiques photos de groupe par lesquels ils adressaient un salut à leurs familles, à leurs amis, à leurs voisins.


 J'éprouvais de la sympathie et un sentiment de solidarité avec les jeunes gens envoyés en Algérie pour y faire leur service militaire parce que si j'avais eu dix ans de plus en moyenne, j'aurais été à leur place. Il se trouve que je n'en ai connu aucun personnellement et directement; dix ans plus tard, je ressentais la même chose à l'égard des GIs envoyés au Vietnam. Toute considération d'ordre strictement "national", ou "éthique", au sens des "exhibitionnistes de l'intelligence et du coeur" dénoncés par Robert Lacoste m'était, m'est étrangère.


 Le sentiment dominant n'était ni celui d'une sympathie pour le FLN et plus généralement pour les "mouvements de libération nationale" (6), ni celui d'une sympathie pour l'Algérie française. Les sentiments négatifs l'emportaient à l'encontre des deux camps : le FLN, les "fellaghas" comme on disait, s'inscrivaient dans une généalogie de groupes criminels, après le Vietminh indochinois, dont les intérêts n'étaient pas les nôtres et leur étaient même largement contraires, et les partisans ardents de l'Algérie française apparaissaient souvent comme des bellâtres qui défendaient les intérêts des "colons" dont les intérêts et le mode de vie de la plupart différaient des nôtres.


En dehors de personnes appartenant à des groupes idéologiquement marqués (7), l'immense majorité des gens au milieu desquels je vivais, détestaient le FLN et n'adhéraient pas à la cause de l'Algérie française. La présence d'une importante communauté nord-africaine était ressentie comme un mal, une nuisance, un fardeau dont l'indépendance de l'Algérie nous débarrasserait certainement : il n'était pas question de vivre ensemble, ni même côte à côte, mais de se séparer, le plus vite et le mieux possible (8). La défense de l'Algérie française semblait indésirable, trop coûteuse humainement et matériellement.


L'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 1962, a été largement vécue en France d'Europe comme la promesse d'une libération de la présence nord-africaine sur le sol de l'ancienne métropole, comme un divorce souhaité de part et d'autre de la Méditerrannée, lui évitant de devoir "intégrer" neuf millions d'Arabo-Musulmans, comme la possibilité d'une modernisation de l'économie française, lui permettant de se tourner vers l'Europe et de tourner le dos à d'ingrates et coûteuses anciennes colonies. L'opinion publique de la France d'Europe  s'est désolidarisée à la fois des "colons" et des [autocensuré], disons des anciens colonisés, pour rester polis.

Ce ne sont pas les "libéraux", les "progessistes" qui ont gagné la bataille de l'opinion publique pour la convaincre de la bienfaisance de l'indépendance de l'Algérie : c'est Raymond Cartier (9), de Paris Match et de Radio Luxembourg, c'est le Doyen Georges Vedel de la Fac' de Droit de Paris. Raymond Cartier, dont on lisait les articles de Paris Match chez le coiffeur ou dans la salle d'attente du médecin ou du dentiste, et  dont on écoutait les éditoriaux autour de la table familiale sur Radio Luxembourg ("voici l'éditorial de Raymond Cartier, chef des bureaux américains de l'hebdomadaire Paris Match") répétait que la décolonisation de l'Indonésie avait été une bénédiction pour les Pays-Bas et avait permis la modernisation de leur économie, qu'il valait mieux développer la Corrèze que la région du Zambèze, opposait la dramatisation de la gestion française des conflits coloniaux à la sagesse britannique, invitait la France à s'intégrer dans l'Europe. Le Doyen Georges Vedel rappelait que le prix à payer pour que l'Algérie puisse éventuellement demeurer française, c'était la présence au sein de l'Assemblée Nationale française, de 120 à 150 députés algériens arabo-musulmans pour la plupart, parmi 400 ou 450 députés de la France d'Europe : Georges Vedel professait que tout lien colonial avait vocation à prendre fin dans l'égalité, soit par l'indépendance de la colonie à l'égard de la métropole (on a deux entités égales en droit international), soit par l'intégration de la colonie dans un ensemble constitué d'elle-même et de sa métropole (une France de Dunkerque à Tamanrasset). Dire cela à l'opinion publique, aux électeurs de la France d'Europe, c'était assurément les conduire à écarter l'option de l'intégration, compte tenu de son coût humain, matériel et politique.

Que faire pour améliorer les relations entre les deux rives de la Méditerrannée, 50 ans après l'indépendance de l'Algérie ?


 D'abord mettre fin aux flux migratoires sud-nord massifs et à sens unique (10), ensuite les inverser au moins partiellement, puis dé-bilatéraliser les relations entre l'Algérie et son ancienne métropole : l'Algérie relève du Maghreb arabe et la France de l'Europe. Et ni la France ni l'Algérie en tant que France ou Algérie ne se doivent plus rien, malgré les avis de Benjamin Stora, de Jean-Pierre Chevènement, de Bouteflika et de quelques autres animés par la passion pour les "mouvements de libération nationale" de Georges Guingouin ou d'Amirouche, ou pour le retour de la grandeur de la Vrôôôôônse généreuse et civilisatrice, amie naturelle des "pauvres du monde". Bye bye El Djézaïr !


N O T E S

(1) au début de la guerre d'Algérie et jusqu'en 1959, la commune de Colombes était administrée par Paul Bouchu, élu en 1947 sous l'étiquette R.P.F. (gaulliste), mais qui s'était détaché assez rapidement de ce mouvement; vers la fin de sa carrière politique, il reçut l'investiture du Centre Républicain (André Morice), de la Démocratie Chrétienne (Georges Bidault) et du Centre National des Indépendants; il eut pour successeur comme maire de Colombes, Marcelle Devaud, née Gugenheim, veuve de Stanislas Devaud, ancien député d'Algérie; Paul Bouchu était un petit industriel de Colombes, Marcelle Devaud, résidente de Neuilly-sur-Seine, était parlementaire gaulliste (Républicains Sociaux, puis UNR);

(2) Nord-Africains était le nom qu'on donnait généralement aux Maghrébins à cette époque; le vocable Maghrébins était connu mais peu utilisé; il avait une connotation savante, ethnologique, de spécialistes;

(3) le MNA, ou Mouvement Nationaliste Algérien, de Messali Hadj, mouvement historique du nationalisme algérien, fut rapidement dépassé en influence, en audience et en radicalité, par le FLN, ou Front de Libération Nationale; Messali Hadj fut placé en résidence surveillée sur une île de la côte atlantique et les mentions du MNA dans la presse populaire métropolitaine n'apparaissaient guère que dans les rubriques de "réglements de comptes entre Nord-Africains" relatant des exactions voire des assassinats perpétrés par des militants d'une faction (surtout le FLN contre le MNA) sur ceux de l'autre; c'est toutefois du MNA, mais non de son leader Messali Hadj qui déclarera y avoir toujours été opposé, qu'est parti le malheureux slogan à l'adresse des Européens d'Algérie : "la valise ou le cercueil", cette formule a pesé sur l'exode massif des Européens d'Algérie en 1962, et pèse encore très lourdement sur la perception de l'immigration sud-nord par une partie des Français d'Europe, des Européens d'Algérie repliés dans l'ancienne métropole après l'indépendance : "ils nous ont chassés, et maintenant ils s'installent chez nous";

(4) il me semble avoir entrevu à l'extérieur de commissariat de police de Colombes une plaque portant le nom de deux agents de police morts en service dans la commune : un certain Agent Sarre, qui a donné son nom à une avenue et à un quartier et qui a été tué (après avoir tué combien de fois lui-même ?) pendant les combats de l'été 1944, et un autre qui est probablement celui dont on a arrêté l'assassin devant la gare; je ne les place pas sur le même plan : Sarre était un volontaire qui pouvait, a peut-être, donné la mort à des soldats, "ennemis" certes, mais qui n'avaient pas besoin d'avoir été volontaires pour se retrouver là; le policier Robert Dufour tué pendant la guerre d'Algérie à Colombes, était un professionnel qui n'était pas là en tant que volontaire, et qui a été tué par un volontaire, un "résistant" algérien, un fellagha;

(5) on désigne ici par banlieue Saint-Lazare les communes de banlieue desservies les lignes de chemin de fer partant de la gare Saint-Lazare à Paris;

(6) la guerre d'Algérie était replacée dans un contexte général de mise en accusation de l'Europe (surtout le Royaume-Uni et la France) et de l'Occident en général par des dirigeants et des pays inamicaux dont la conférence de Bandoeng en Indonésie au printemps 1955 avait été une retentissante tribune;

(7) à Colombes, le PSU et les groupes qui l'ont précédé était très actif et visible dans les dernières années de la guerre d'Algérie; il se trouve que son animateur résident semble avoir été un imprimeur, du nom de Cary, de la paroisse catholique Saint-Pierre Saint-Paul, confiée aux Fils de la Charité fondés par le Père Anizan; ses thèses paraissent avoir eu un certain écho au sein d'une partie des paroissiens; cette gauche moralisante, culpabilisante, donneuse de leçons, constitua rapidement pour moi un des pôles du Mal en politique, l'autre étant la droite nationaliste, jacobine, europhobe de type Michel Debré, Alexandre Sanguinetti; je ne rencontrais éventuellement des partisans de l'Algérie française que parmi mes camarades de classe, leurs aînés (de peu) et leur famille. Je détestais le PSU, les amis du FLN et des mouvements dits de libération nationale du Tiers-Monde, et les partisans de l'Algérie française me contrariaient : je n'avais pas envie que l'Algérie reste française parce que je ne souhaitais pas voir 9 millions d'Arabo-Algériens rester français, ou pire, devenir Français à part entière, sur un pied d'égalité;

(8) il ne faut pas chercher ailleurs les racines profondes de l'attitude d'une majorité de Français d'Europe envers les flux migratoires sud-nord;

(9) Raymond Cartier a eu le mérite de plaider pour l'intégration de la France dans une Europe supranationale à une époque où cette cause n'était pas très populaire dans certains milieux de décideurs économiques toujours attachés à un protectionnisme devenu mortifère; il salua l'entrée (suivie d'un retrait rapide) du MRP dans la majorité gouvernementale au printemps 1962 parce que c'était, disait-il, "le parti de l'Europe", puis la candidature de Jean Lecanuet en 1965; vers la fin de sa carrière (1975), il ne comprit pas l'importance des préoccupations écologiques et ne les prit pas en compte dans ses publications : il était notamment favorable à l'exploitation des hydrocarbures des schistes bitumineux, en Amérique et ailleurs; il s'obstina longtemps à faire de De Gaulle sa référence la plus positive en politique intérieure française et de l'alliance avec les Etats-Unis, au-delà de l'Europe politiquement intégrée, sa référence en politique extérieure Comme si les deux étaient compatibles;

(10) la République Algérienne Démocratique & Populaire obligerait beaucoup l'Europe et la France en veillant sur le Sahel (Gadaffi n'est plus là pour le faire à sa façon), et notamment en stoppant les candidats à l'immigration vers le nord de la Méditerrannée. Silvio Berlusconi avait obtenu cela de Gadaffi en échange d'argent et de repentances. S'il faut dire que Charles X a eu tort d'envoyer une expédition à Sidi-Ferruch en 1830, changer les noms des rues Charles X (s'il y en a ...), dire que Louis-Philippe a eu tort de reprendre "le legs onéreux du régime précédent" selon sa propre expression (ou celle d'un de ses ministres), que tout ça c'est mal, qu'on regrette profondément, et si en échange l'Algérie nous protège des flux migratoires sud-nord, et garde sa jeunesse chez elle, elle a droit aurait droit, en plus, à notre reconnaissance profonde et sincère.

lundi 28 mai 2012

Taubira : Soeur Christiane, madonne de la République

La nomination de Christiane Taubira comme Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, comportait un aspect provocateur, comme celle de Robert Badinter (1) dans les mêmes fonctions après les élections législatives de juin 1981. Sa personnalité n'a rien de consensuelle, mais est au contraire "clivante". Il était dans l'ordre des choses qu'elle fasse l'objet d'attaques. Ceux qui l'ont nommée l'ont fait exprès, pour créer la polémique et pouvoir dénoncer ensuite la noirceur d'âme de celles et ceux qui la critiquent : femme, noire, ultra-marine, de gauche, soeur en loge, elle doit être intouchable.

Je ne connais de Madame Taubira que ce que les médiats en rapportent, ce qui a filtré de ses campagnes électorales.

En 2002, elle s'est affichée, au sens propre, penchée à gauche (évidemment) avec la légende "Pour une République qui vous respecte". Ce qui ne veut rien dire. La nomination de Madame Taubira au Ministère de la Justice ne respecte pas la sensibilité d'un secteur important, probablement majoritaire, de l'opinion publique. Cette nomination est une prérogative du chef de l'Etat et du Premier ministre, mais leurs amis, eux-mêmes et l'intéressée sont mal venus de jouer les vierges effarouchées ou les humanistes scandalisés si la ministre est attaquée. Il leur faut assumer.

J'ai lu qu'elle avait annoncé qu'en tant que femme noire, elle aurait "200 ans d'avance" pour parler de la République. C'est une formule tellement c...., ou tellement codée à l'intention des loges maçonniques, qu'il m'est arrivé de douter qu'elle ait pu vraiment proférer cette sottise provocatrice.

Elle a tenu un meeting de campagne à Evry devant un auditoire composé presque exclusivement d'Africains ou d'Afro-Caribéens (probablement Français de nationalité en majorité). On me dira que c'est l'effet de son charisme, et de la sensibilité de ces publics devant ce charisme.

Elle a fait campagne pour le non au referendum de mai 2005 sur le Traité Constitutionnel Européen. L'année précédente, aux élections européennes, elle avait conduit une liste dont le programme recommandait l'acceptation de la candidature de la République de Turquie à l'Union européenne au nom du "respect des engagements" pris par les Européens envers cet Etat. Pris par qui, au nom des Européens, et avec quel mandat ? Et où ? En loge ?

Elle a fait campagne pour l'abrogation de la loi recommandant la prise en considération des aspects positifs de la colonisation dans les programmes scolaires, tout en étant elle-même à l'origine d'une loi mémorielle et tout en défendant la loi 90-615 du 13 juillet 1990, dite loi Fabius-Rocard-Gayssot. Madame Taubira appelle, suscite la polémique, engendre nécessairement des clivages par de telles prises de position.

Je ne puis m'empêcher de penser que la position de Madame Taubira envers la délinquance des mineurs est liée à l'origine ethnique, extérieure à la France d'Europe, de la plupart d'entre eux (2). Pierre Joxe, l'ancien ministre socialiste, désormais septuagénaire et en retrait de la polique active (tant mieux !), s'était récemment fait une spécialité d'intervenir dans les médiats pour réclamer un traitement moins répressif de cette délinquance spécifique.

Madame Taubira aurait été, voire serait encore, partisan(e) de l'autonomie, voire de l'indépendance de la Guyane. Je ne sais pas si cela correspond à ses vues actuelles. De toute façon, je ne le lui reprocherais pas. Je souhaite l'indépendance, la sécession des départements et territoires d'outre-mer non peuplés majoritairement de Français d'Europe ou de leurs descendants (3). On rapporte que Franco Frattini, ministre des Affaires Etrangères du gouvernement de Silvio Berlusconi, déplorait de devoir gouverner avec des gens qui "n'aimaient pas l'Italie". Je suppose qu'il faisait allusion à la Lega Nord (4), parti de la majorité gouvernementale de Silvio Berlusconi. Moi non plus, je n'aime pas ce qu'il est convenu d'appeler "la république française une et indivisible", Etat nation jacobin et multicontinental. J'aurais trouvé très positif que l'Etat français soit gouverné par une majorité comprenant des nationalistes corses, basques etc...qui soient, en même temps que citoyens français, des fédéralistes et nationalistes européens opposés à l'Europe-Monde. Le premier parti, autonomiste ou indépendantiste, de Madame Taubira portait un nom qui peut évoquer beaucoup de choses : Walwari (5), ou l'éventail. Puis Madame Taubira, élue députée à l'Assemblée nationale en 1993, commença par voter la confiance au gouvernement d'Edouard Balladur. Mais ceci est une autre histoire.

Madame Taubira m'est hyper-antipathique. C'est par ailleurs une dame très courtoise : il fallait la voir saluer François Fillon.



NOTES

(1) Robert Badinter était hostile à la peine de mort, que sa famille politique avait allégrement appliquée trente-cinq ans plus tôt ("C'est de l'auto-épuration" pouvait-on lire dans Le Populaire, organe du Parti socialiste, à propos du suicide de Drieu La Rochelle) à un moment où ce débat traversait toutes les familles politiques (un député PS de Haute-Garonne portant un nom à consonance flamande était notoirement hostile à l'abolition de la peine capitale) et où, paraît-il, l'opinion publique était encore majoritairement favorable à son maintien; sa dénonciation d'Alfred Fabre-Luce, étiquetté "antisémite distingué" et auteur d'un essai intitulé "Pour en finir avec l'antisémitisme", ou quelque chose comme ça, et qui lui avait déplu, en faisait un personnage assez, disons, abrasif;

(2) empruntant la ligne C du RER francilien entre Choisy-le-Roi et Juvisy-sur-Orge tout récemment, je n'ai pu obtenir de deux "jeunes" d'origine ethnique extérieure à la France d'Europe que l'un d'entre eux veuille bien éteindre sa cigarette : le fumeur a refusé, et son camarade m'a enjoint de m'éloigner si je voulais "rentrer en paix chez (moi)", ce qui s'appelle des menaces; et il a explicité sa position par l'annonce suivante : c'est Hollande qu'a été élu, alors t'as plus le droit de nous faire chier (sic); la majorité des autres voyageurs, peu nombreux ce jour férié, étaient de même origine que l'auteur des menaces; ils ne sont pas intervenus dans l'altercation, mais ils l'ont suivi avec attention et tension; le sourire amusé de plusieurs d'entre eux semblaient indiquer une certaine admiration envers le "cran" (c'est le cas de le dire) des deux trublions qui m'auraient légitimement remis à ma place pour avoir manqué de crainte et de déférence envers ces représentants de la France d'aujourd'hui et de demain;

(3) je suis partisan de l'indépendance immédiate, au plan sportif international, de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane, de La Réunion, pour que ces territoires aient le même statut qu'ont le Pays de Galles, l'Ecosse, l'Irlande du Nord, Gibraltar etc... dans les compétitions sportives internationales; Saint-Pierre & Miquelon, Saint-Barthélémy dans les Iles de la Guadeloupe sont notoirement peuplés des Français d'Europe, ou de descendants de ceux-ci;

(4) la Lega Nord est en principe pour l'indépendance de la Padanie, du nord de la péninsule italienne, à terme, et pour la fédéralisation à plus court terme de l'Etat italien; dans ce qu'il est convenu d'appeler la république française, la participation d'un tel parti à une majorité gouvernementale serait impensable, sacrilège, blasphématoire;

(5) Walwari signifie éventail dans une langue amérindienne des Guyanes; l'éventail peut évoquer les contraintes engendrées par le climat tropical, le raffinement des sociétés coloniales d'antan, mais c'est aussi avec cet objet qu'un Dey d'Alger aurait frappé un Consul de France, déclenchant la calamiteuse conquête de l'Algérie dont nous n'avons pas fini de payer les conséquences à très long terme.

samedi 5 mai 2012

L'enjeu du scrutin du dimanche 6 mai : cumul ou non cumul ?

Selon la loi, la campagne électorale pour le scrutin qui se tient le dimanche suivant cesse le vendredi précédent à minuit. Ce samedi 5 mai 2012, au journal de France 24 (chaine satellite), la présentatrice rappelait que c'était "silence radio" (sic) pour les deux candidats au second tour de l' élection du président de la république.

Pour eux peut être, mais assurément pas pour les partisans de François Hollande dans les médiats.

Samedi matin, 5 mai, journal de la rédaction de France Culture (radio d'Etat) : le présentateur annonce l'ouverture de bureaux de vote dans certains territoires étrangers ou d'outre-mer en rappelant qu'au premier tour les électeurs inscrits dans ces bureaux de vote avaient "plébiscité" (sic) François Hollande; si on n'éteint pas la radio tout de suite, on apprend que l'abstention avait été particulièrement importante, sinon massive, dans ces bureaux de vote et que les électeurs de l'étranger avaient placé en tête au premier tour soit Nicolas Sarközy, soit François Hollande. Où est donc le plébiscite de ce dernier ? Au sein de la rédaction de France Culture assurément !

Sur France Musique, (radio d'Etat) on a recours à un langage plus codé : un annonceur rappelle aux auditeurs que nonobstant la cessation de la campagne électorale, il faut savoir que la musique de jazz est liée ... aux valeurs humanistes et républicaines.

Samedi 5 mai, en milieu de journée, journal de la rédaction de France Culture, on y va encore plus fort que le matin; on en rajoute une louche : la radio enculturelle choisit de se pencher dans son court journal sur le cas d'un résident illégal, un Camerounais d'âge incertain (le passeur qui l'a fait entrer illégalement en France d'Europe lui aurait volé ses papiers -pour qu'ils servent à d'autres ?-) mais qui aurait entre 17 ans et demi et 20 ans. Qu'est-ce que ça a à voir avec la campagne électorale pour le second tour de l'élection présidentielle ? Ceci : ça permet de parler des camps de rétention où séjournent les résidents illégaux en instance d'expulsion ou de reconduite à la frontière. Et la question des camps de rétention a été évoquée au cours de la campagne électorale. Dans le cas de ce Camerounais, on apprend que l'ambassade de son pays en France d'Europe lui a fourni de nouveaux papiers (sur quelle base ?) lui permettant d'être reconnu comme mineur et ainsi d'échapper au placement en centre de rétention. La rédaction de France Culture a pris la peine (c'est dire l'importance qu'elle attache à cette affaire et combien elle la tient pour emblématique) de s'adresser à la préfecture de l'Essonne pour s'enquérir du cas du héros qu'elle vient d'adopter, et il est précisé à l'auditeur que ladite préfecture n'a pas souhaité répondre aux questions de la rédaction de France Culture. Comme il faut en finir et bien se faire comprendre, France Culture avertit : d'ici 5 jours, ce Camerounais pourrait être ... expulsé après avoir transité par un centre de rétention. Autrement dit : votez François Hollande pour avoir une chance de le garder sur le territoire de la France d'Europe.

En dehors de toute considération liée aux programmes politiques des candidats, l'enjeu du scrutin du 6 mai 2012 est le suivant :

Voter François Hollande le 6 mai 2012, ce serait permettre à la même nébuleuse politique de cumuler tous les pouvoirs : le pouvoir d'Etat au niveau central (qui lui échappe depuis une décennie), le pouvoir médiatique, le pouvoir culturel, l'hégémonie dans l'Education etc.... Mener une opposition à François Hollande serait très difficile puisque la majorité des médiats et du monde culturel, des "autorités morales", l'ont déjà plébiscité. Ces milieux, ces prétendues autorités ne permettront que des contestations de détail, ciblées, et rendront inaudibles, et illégitimes, les autres oppositions. Pour longtemps. François Hollande serait au bénéfice d'un état de grâce durable qui serait refusé de toute façon à son concurrent.

Voter Nicolas Sarközy le 6 mai 2012, c'est permettre le maintien d'une certaine séparation des pouvoirs : le pouvoir d'Etat au niveau central, gouvernemental, continuera à échapper à ceux qui détiennent déjà l'hégémonie dans l'Université, l'Education (je le sais, j'en viens), une partie de la magistrature, les médiats (y compris les médiats publics, d'Etat), le monde culturel, les autorités morales auto-proclamées C'est empêcher l'accaparement de tous les pouvoirs par le même camp politique et idéologique. Ce camp nous a administré la preuve que la contestation de la politique de Nicolas Sarközy, même excessive et systématique, et possible. Il l'interdirait à l'encontre de François Hollande.

Non à François Hollande !

vendredi 30 mars 2012

L'"imam" Tagueule et la récupération nationale

Il s'appelle Abdallah Zekri. Il n'est pas imam, ou en tout cas, pas
désigné comme tel par les médiats. Il est quelque chose à la Grande
Mosquée de Paris et au C.F.C.M., et à l'Observatoire de l'Islamophobie
(sic), après avoir été quelque chose à l'UMP dans le Gard et avoir
quitté ce parti avec rage (il a déchiré sa carte en public devant
micros et cameras) lorsque Jean-François Copé a "osé" lancer un débat
sur la laïcité il y a quelques mois. A défaut d'être un imam, c'est un
militant communautaire assez teigneux et agressif.


Il y a environ deux décennies, l' abbé Pierre avait eu une minute de
gloire en lançant un "ta gueule !" à l'écoute d'un discours enregistré
ou retransmis de Jean-Marie Le Pen, à l'adresse de l'orateur
physiquement absent. Des organes de presse favorables à Jean-Marie Le
Pen et au Front National l'avaient alors appelé l' abbé Tagueule.
Abdallah Zekri demande, dans un entretien au quotidien de Serge
Dassault, au père de Mohamed Merah de "fermer sa gueule". C'est
l'"imam" Tagueule. Ce n'est pas très miséricordieux, ni peut-être même
islamique d'accabler un père qui vient de perdre son fils et qui, de
l'autre côté de la Méditerrannée, n'a pas accès aux informations
disponibles en France d'Europe et évolue dans une ambiance très
différente.


Mercredi 28 mars, médiats et hommes politiques s'insurgeaient contre
le projet de Merah senior de faire un procès à "la France" (qu'est-ce
que c'est ?) et au RAID pour avoir "tué (son) fils", le jugeant
indécent. La question était de savoir s'il en avait le droit, et la
réponse est affirmative. Il faut espérer que ce procès, s'il a lieu,
rende justice aux hommes du RAID, et c'est tout. Il faut savoir gré à
Merah senior d'avoir proposé l'enterrement de son fils en Algérie.


Jeudi 29 mars, la récup' commence : on ne fait pas grief à la
République Algérienne Démocratique et Populaire de se défausser sur la
France d'Europe des "troubles à l'ordre public" que le lieu de repos
de Merah junior pourraît connaître (lieu de pélérinage ou de
profanation), alors que les risques sont plus grands au nord de la
Méditerrannée qu'au sud, et que la R.A.D.P. est notoirement un Etat
policier qui a les moyens de les prévenir; par contre, on insiste à
l'excès sur les liens de Merah junior avec ce qu'il est convenu
d'appeler "la France" : "il est Français", "il était Français", "il
est né en France", et ceci par la bouche de badauds interrogés par les
chaînes de télévision. Je suis né sur le territoire européen de la
France, j'ai quelque part une carte d'identité dite nationale qui
porte quelques centimètres sous mon nom les deux mots "nationalité
française" mais je ne revendique pas le droit d'être un jour inhumé
dans ce pays, si toutefois il existe encore à ce moment là. J'ai
appris de Monsieur Chevènement, quand il était ministre de
l'Intérieur, qu'être Français, c'était tout simplement .....avoir la
nationalité française. En Français puant d'arrogance, Chevènement
expliquait cela devant un collègue d'un pays voisin pour affirmer la
supériorité de la conception vrôôôônsaise, purement politique et
juridique, de la nationalité, sur d'autres, soupçonnées de références
ethnicisantes indignes de la "grande nation".


Les circonstances de l'inhumation de Merah junior ont permis une
récupération : la mise en avant de l'appartenance à "la France" de ces
populations dont les points de repère, les références sont étrangères
(mais la récupération consiste justement à poser l'affirmation
contraire) à la France d'Europe. Il s'est agi de contribuer à donner
à "la France" une autre image d'elle-même.