Affichage des articles dont le libellé est Algérie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Algérie. Afficher tous les articles

samedi 9 novembre 2019

"Islamophobie" : Mémoire sélective et Amnésie


L'auteur de la publication illustrée ci-dessus défend sa communauté. A la veille d'une manif contre l'"islamophobie".

Plusieurs remarques :

1°) un coup de chapeau au roi des Belges Albert Ier d'avoir adjuré, au début de la guerre 14/18, les belligérants de ne pas engager de troupes coloniales en Europe "dans l'intérêt de la civilisation";

2°) l'auteur de la publication s'exprime comme s'il n'y avait pas eu la rupture des décolonisations après la guerre 39/45 : il choisit l'amnésie plutôt que la mémoire qui gênerait son message;

3°) le même auteur choisit de considérer que "les tirailleurs musulmans" étaient généralement des volontaires et ne se pose volontairement pas la question de savoir combien parmi eux étaient des "malgré nous" engagés par la puissance coloniale dans un conflit qui ne les concernait pas;

4°) l'auteur passe sous silence l'engagement non négligeable de ses coreligionnaires et congénères aux côtés de l'Axe : en France même, il y eut une Légion Nord-Africaine, dont les membres étaient désignés comme "les SS à Mohammed", chargés au début de la garde des usines Peugeot à Montbeliard (Sochaux); un de ces "SS à Mohammed", nommé Amar Naroun, chrétien kabyle, fut député "Algérie Française" durant la législature 1958-1962. A défaut d'être "à Mohammed" en tant que Chrétien, il était bien dans la Waffen SS. Un autre originaire d'Algérie, co-dirigeant du FLN, Musulman celui-là, dont j'ai oublié le nom, membre des délégations du FLN qui se rendaient chaque année à New York pour l'Assemblée Générale de l'O.N.U. afin d' y nouer des contacts était si attaché aux souvenirs de ses états de service pour l'Axe pendant la guerre 39/45 que le quotidien L'Aurore prétendait qu'il ne se séparait jamais de son casque "allemand". Amar Naroun et ce dirigeant FLN s'étaient trouvé du même bord pendant la guerre 39/45 et dans des bords opposés pendant la guerre d'Algérie; dans l'Algérie de 39/45, Arabo-Amazigh et Métropolitains ont pu se trouver dans l'un ou l'autre camp;

5°) les militaires musulmans servant dans l'armée française d'aujourd'hui y disposent d'aumôniers et peuvent y pratiquer leur religion.

Conclusion : cette publication est de circonstance (campagnes politico-médiatiques contre l'"islamophobie" dans le contexte de contestation du port du "voile") et a pour but de marteler que la France d'Europe a contracté une DETTE imprescriptible envers les Musulmans. Qui lui interdirait de contrarier ceux-ci quant au mode de vie, aux conditions d'installation et d'"intégration" sur son territoire. De l'intimidation. Du chantage. Le message est : "on a fait ça pour vous" tandis que certains des vôtres étaient avec les salauds de nazis.

jeudi 1 novembre 2018

17 octobre 1961 : commémorations révisionnistes et léche-babouches



Brochette de léche-babouches au Pont de Bezons (Colombes, oct. 2018)


Les héritiers des porteurs de valise du FLN (les fellaghas) au Pont de Bezons (92), octobre 2018.
Les personnes figurant sur la photo commémoraient les manifestations de Nord-Africains à l'appel du FLN en octobre 1961,et la réponse qu'elles ont suscitée et reçue de la part des autorités françaises d'alors.
Le FLN voulait compter ses troupes en France d'Europe à quelques mois de la signature d'accords de cessez-le-feu qu'il n'a pas respectés, et à moins de 9 mois de l'indépendance, déjà très probable.
Sous la calamiteuse mandature de Philippe Sarre (PS), maire de Colombes de 2008 à 2014, ces commémorations étaient sponsorisées par la municipalité et des représentants du gouvernement algérien invités : en 2012, il y eut même un ministricule algérien parmi les invités.
Ces commémorations devraient être confinées dans un local loué par le Consulat d'Algérie territorialement compétent.
Elles sont REVISIONNISTES : elles véhiculent l'idée de manifestations pacifiques réprimées par le méchant préfet de Police Maurice Papon. Comme si des manifs à l'appel du FLN pouvaient, dans le contexte de la guerre d'Algérie, être autre chose qu'un acte de guerre.
Elles sont REVISIONNISTES parce qu'elles occultent le pluralisme de la communauté algérienne en France et à Colombes, à l'époque : le FLN assassinait des policiers (dont le Gardien de la Paix Robert Dufour à Colombes en avril 1959), et aussi des membres ou sympathisants du Mouvement Nationaliste Algérien (MNA), plus ancien que le FLN. Elles attribuent au FLN algérien une représentativité qu'il n'avait pas.
Elles sont CLIENTELISTES parce que leurs organisateurs tiennent à se faire élire par des électeurs français d'origine algérienne sympathisants du FLN.
J'ai vécu cette époque à Colombes. Comme enfant, puis comme ado.
J'ai été RASSURE par la répression des manifestations à l'appel du FLN. Et j'assume !
Je souhaitais l'indépendance de l'Algérie pour ne pas avoir 9 millions de concitoyens arabo-imazigo-musulmans. A l'époque, l'Algérie comptait environ 1 million d'habitants "européens" et 9 millions d'habitants "musulmans".
Juin 1962, gare de Bois-Colombes : je suis dans un train omnibus destination Paris Saint-Lazare; avant le départ, deux voyageurs assis près de moi discutent: l'un d'eux se plaint de la présence d'Algériens avec lesquels il doit voisiner à Bois-Colombes. Son inoubliable commentaire :
"Encore trois semaines (le 5 juillet, jour prévu de l'accession à l'indépendance de l'Algérie), et on en sera débarrassés (sous-entendu : de ces voisins).
Je partageais cet espoir ....qui a été largement déçu...
L'adhésion de beaucoup d'électeurs français de 1962 au processus d'accession de l'Algérie à l'indépendance était notamment lié à l'espoir d'être libéré de la présence d'originaires d'Algérie. Leur position était cartiériste (de Raymond Cartier) et non influencé par L'Express, France Observateur, Témoignage Chrétien ou le PSU.
Puisqu'il était question de Bois-Colombes plus haut, vous pouvez manifester votre intérêt pour ce blog en parrainant de nouveaux abonnés.
Ce sera une réponse élégante à Madame Myriam Petit, conseillère municipale de gauche de Bois-Colombes qui m'attribue de la "haine" (sic) et se rassure en alléguant que j'écris pour...ma famille (re-sic). Elargissons le cercle familial. Madame Petit, revendique sa participation à la manif du Pont de Bezons et figurerait sur la photo.

lundi 20 avril 2015

Roland Cayrol en babouches

Roland Cayrol, un ancien démoscope sympa

J'ai dû voir Roland Cayrol pour la première fois sur France 5 dans l'émission "C'est dans l'air".

Il était alors responsable d'un organisme d'études de l'opinion, de sondages, dénommé CSA (à ne pas confondre avec le C.S.A., Conseil Supérieur de l'Audiovisuel).

La modération de son ton, l'apparente pertinence de ses analyses m'avaient séduit. Avec son physique de "bon gros", il était le sondeur auquel je n'aurais pas songé à cacher quelque chose s'il avait voulu connaître mon opinion sur des questions relatives à la chose publique, à la société, à l'Histoire. Roland Cayrol dégageait une impression de force avec sa tête léonine qui correspond curieusement au signe astrologique de sa naissance.

Certaines réactions de Roland Cayrol m'avaient toutefois alerté et déçu.

Roland Cayrol franchit la ligne jaune : il fait l'apologie de l'autocensure

Roland Cayrol (°1941, Rabat, Maroc)


Alors qu'un homme public en vue et proche du pouvoir au cours du mandat présidentiel de Nicolas Sarközy avait été poursuivi et condamné pour des propos privés rendus publics par malveillance, Roland Cayrol, appelé à commenter cette affaire, avait lâché sur un ton péremptoire : "Ca (la condamnation) apprendra à ne pas se lâcher". Les propos injustement incriminés étaient pourtant raisonnables, modérés, mais offensaient la "correction politique". Ils correspondaient à ce que je pense et exprime souvent. Il était décevant qu'un sondeur, un étudiant de l'opinion publique se réjouisse qu'une condamnation, les lois sur le fondement desquelles elle avait été prononcée, obligeâssent les personnalités publiques à s'auto-censurer encore davantage. D'autant plus qu'il s'agissait, je le redis, de propos privés que j'aurais approuvés, qui ont été rendus publics par malveillance, dans un but polémique. Roland Cayrol avait franchi à mes yeux une ligne jaune.

Roland Cayrol récidive

Plus tard, sur le plateau d'une émission de télévision, Roland Cayrol débattait avec d'autres intervenants, dont Ivan Rioufol du Figaro, de je ne sais plus quelle question. Au cours de la discussion, Ivan Rioufol s'est inquiété du degré de vouloir "vivre ensemble" qui pouvait subsister encore, ou non, parmi les populations résidant sur le territoire de la France d'Europe, dans leur diversité. Roland Cayrol a semblé alors vouloir couper court à tout débat en tranchant de façon péremptoire et autoritaire, déclarant en substance : la communauté française musulmane est en grande demande d'intégration. Faisant mine d'être convaincu sans être lui-même convaincant dans cet exercice, Ivan Rioufol a soupiré quelque chose comme : eh bien tant mieux. Roland Cayrol a tort et contribue à la mésinformation du public : ce qu'il appelle la communauté française musulmane est en croissance et diversification constantes. Elle tient à se faire une place de plus en plus large, à s'"intégrer" si on veut, sûrement pas à s'assimiler. Roland Cayrol choisit d'ignorer et de taire que cette communauté pour laquelle il éprouve une sympathie visible veut s'"intégrer" à des conditions qui ne sont pas recevables et acceptées par de larges secteurs du reste de la population résidant en France d'Europe.

Roland Cayrol dans "Hondelatte Direct" sur BFM : du pur foutage de gueule

Dimanche soir 19 avril 2015. Emission "Hondelatte Direct" sur BFM.

Roland Cayrol était invité à débattre avec Eric Brunet de deux thèmes de l'actualité du week-end : une inintéressante prestation de F. Hollande sur Canal Plus d'une part, la recrudescence des naufrages en mer de desperados partis à l'assaut des côtes européennes d'autre part.

Eric Brunet passe pour être un journaliste aux idées de droite, comme on dit. Souvent, il assume. Parfois, il assume beaucoup moins. Ce soir-là, il assumait nettement moins. Il nous a resservi l'argument usé selon lequel le remède aux flux migratoires intercontinentaux sud-nord serait le développement de l'Afrique. Très bien. Mais il convient de garder à l'esprit l'avertissement-chantage du député PS des Français de l'Etranger Pouria Amirshahi : on ne pourra pas coopérer avec l'Afrique et dire aux Africains : nous ne voulons pas de vous chez nous. Autrement dit : les dirigeants africains sont invités à mettre en concurrence leurs partenaires européens et à donner la préférence à ceux qui sont disposés à accueillir le maximum de leurs ressortissants. Pouria Amirshahi se comporte en député de l'Etranger tiers-mondain en France. Et Eric Brunet, en ignorant l'avertissement-chantage du député PS, ancien président de l'U.N.E.F., donne des gages de conformisme et de correcton politiques.

Roland Cayrol, qui a abandonné ses parts de l'Institut CSA à Bolloré, "pantoufle" désormais sur les plateaux de télévision. Ses pantoufles ressemblent à des babouches. Pour Roland Cayrol, la priorité ce n'est pas d'empêcher le départ d'Afrique de candidats à l'émigration illégale et clandestine vers l'Europe. C'est d'en sauver le maximum de la noyade. Et peu lui importe apparemment si ça encourage davantage de migrants à défier les lois des pays européens. Roland Cayrol n'entend pas protéger l'Europe d'un afflux croissant et incessant d'immigrés africains maghrébins ou subsahariens. Il entend protéger au contraire ces derniers de la réticence des Européens à se laisser submerger par eux. Roland Cayrol s'en prend alors au député UMP des Hauts-de-Seine Thierry Solère qui observait que la France était trop attractive pour les candidats à l'émigration en Europe. Et Roland Cayrol de participer ouvertement au foutage de gueule et à la désinformation en prétendant, comme Jean-Marie Colombani récemment sur Slate.fr, que la part des immigrés dans la population de France d'Europe est stable, constante, et que la France n'arrive qu'au 54e rang mondial des pays de destination des flux migratoires.

La ligne rouge est alors carrément franchie, et même bien au-delà. Roland Cayrol a perdu ici sinon son honneur, du moins sa crédibilité scientifique. Pour prétendre que la population immigrée est stable, il faut en enlever les illégaux, les clandestins, c'est-à-dire des groupes qu'on ne peut par définition ni dénombrer, ni évaluer de façon rigoureuse, les touristes et étudiants qui ne repartiront pas, qui sont entrés dans la ferme intention de ne pas repartir, qui seront régularisés sans entrer dans les statistiques d'immigration, ou acquerront directement, d'une façon ou d'une autre, la nationalité française, et puis les personnes auxquelles est attribuée la nationalité française à leur naissance même s'ils sont nés de deux parents étrangers, ou à leur majorité. Ce qui représente sur quelques années, un quinquennat par exemple, des millions de personnes. Roland Cayrol, quand il se promène, ne regarde pas les noms qui figurent sur les boites à lettres des habitations, sous les boutons de sonnnette. De toute façon, il a décidé que ceux qui devenaient Français n'étaient plus immigrés, ce qui dégonfle les statistiques. Il ne s'intéresserait sans doute pas à la lecture de la rubrique "naissances" de l'état-civil publiée dans le journal municipal de sa commune. Même si les deux tiers ou les trois quarts des nouvellement-nés portent des prénoms et patronymes originaires d'Outre-Méditerrannée, voire d'Outre-Sahara, il n'y verra pas d'immigrés. Puisqu'ils sont Français à la naissance, ou ont vocation à le devenir. Cette lecture, ou non lecture, participe au mensonge statistique. Elle est très courante.

Roland Cayrol (au centre) en majesté


A cet exercice de désinformation, Roland Cayrol met un point d'orgue. Il explose : c'est tout de même malheureux, dit-il en substance, que pour se faire applaudir, il faille en France, taper (sic) sur les immigrés qui ont toute de même (re-sic) largement contribué à la prospérité de l'économie française depuis quarante ans. Là, mon pauvre Roland, tu franchis carrément le mur du çon ! Quarante ans ? Mais ça nous ramène à 1975. L'année précédente, l'immigration de main d'oeuvre a été théoriquement arrêtée, avec hélas en compensation, l'ouverture insensée au regroupement familial. C'est depuis quarante ans, la fin des Trente Glorieuses (1945-1975), que l'économie croît très faiblement, voire stagne.

On attendrait davantage de rigueur, de non conformisme, d'indépendance, d'un démoscope retraité réputé, à tort, pour sa modération. Qu'est-ce qui explique la participation de Roland Cayrol à la désinformation et au foutage de gueule en matière d'immigration ? Pourquoi ce ralliement à l'hyper-correction politique ? La réponse est dans le souffle du vent.

Pourtant, à écouter les discours et à observer les comportements de Claude Bartolone, de Frédéric Mitterrand, de Roland Cayrol et de quelques autres, on est amené à se demander s'ils ne sont pas influencés par leur naissance Outre-Méditerrannée. Roland Cayrol est né au Maroc de parents pieds-noirs d'Algérie. Faut-il voir dans ses propos désinformateurs et moralisateurs sur les flux migratoires intercontinentaux sud-nord l'expression d'une part de mauvaise conscience, infondée d'ailleurs, d'un descendant de colonisateurs ? Qui le pousse à emprunter les habits d'un Turc de profession, comme on disait au XVIIIe siècle, d'énamouré des Maures ? Peut-être.

Est-ce à nous de payer la facture de ces mauvaises consciences en nous résignant à être les colonies de peuplement de nos anciennes colonies, ou d'autres territoires ?

Montage photographique hostile à R.C.



Décembre 2019 : Roland Cayrol bégaie : il prépare le terrain à l'appesantissement des censures.

Décembre 2019 : toujours vaillant, constant dans son adhésion aux normes de la correction politique et sociétale, notre natif de Rabat reste un invité incontournable des plateaux TV.

Un soir de ce mois, invité par la "modératrice" d'un débat à exprimer ce qui le préoccupe le plus, notre "chercheur à Sciences-Po Paris"  répond d'un trait : la haine (sic).

Qu'est-ce qui peut être "haineux" pour Roland Cayrol ?

S'affranchir de la correction politique et sociétale en général.

Et plus particulièrement croire au Grand Remplacement, et le dire.

Considérer que les humains ne sont pas interchangeables alors qu'ils sont égaux.

Prendre des libertés avec le "devoir d'accueil" : Roland Cayrol donne priorité à la protection, à la défense des "migrants" et des candidats à l'assaut démographique de l'Europe venant d'Outre-Méditerranée, d'Outre-Sahara sur la protection des populations historiques de l'Europe confrontées à cet assaut. Roland Cayrol l'ignore peut-être mais il se conforme ici au mot d'ordre de l'officine CIMADE : ne pas avoir peur des migrants mais....avoir peur pour eux.

Douter de la volonté et de l'aptitude des migrants d'Afrique et du Proche-Orient à s'"intégrer".

Notre "chercheur à Sciences-Po Paris" a sa propre idée de la "haine".

Cette haine, il la hait, et veut en interdire l'expression. Il la voit dans les échanges entre hommes politiques, dans les médiats et surtout sur les réseaux sociaux (ce blog par exemple, s'il le visitait...).

Roland Cayrol appelle donc à une "réflexion" sur l'invasion des "discours haineux", préparation à encore plus de censures, de limitations des libertés d'expression et d'opinion, à plus de : "ceci n'est plus une opinion, c'est un appel à la haine (sic) et à la discrimination, et donc un délit".



Roland Cayrol : un homme dangereux


mardi 14 octobre 2014

Lettre ouverte à Chantal Barthélémy-Ruiz (PS)

Madame Chantal Barthélémy-Ruiz est conseillère municipale P.S. de Colombes (92700) et était jusqu'en juin 2017 suppléante du député P.S. des Hauts-de-Seine Sébastien Pietrasanta; elle aurait été appelée à siéger à l'Assemblée Nationale si, à la faveur d'un remaniement ministériel, si Sébastien Pietrasanta, rapporteur d'un récent projet de loi sur la lutte contre le terrorisme, était entré au gouvernement.

Jusqu'en mars 2014, Chantal Barthélémy-Ruiz était adjointe au maire de Colombes, la municipalité étant administrée depuis 2008 par une majorité de gauche dirigée par Philippe Sarre, actuel patron du PS pour les Hauts-de-Seine. En mars 2014, cette équipe n'a pas été reconduite. Une nouvelle municipalité, dirigée par Nicole Goueta (UMP), vice-présidente du Conseil Général des Hauts-de-Seine, et ancienne maire de Colombes de 2001 à 2008 a succédé à la municipalité dirigée par Philippe Sarre. De son côté, Sébastien Pietrasanta (PS) a perdu son siège de maire d'Asnières-sur-Seine.

Chantal Barthélémy-Ruiz, au nom du groupe socialiste au conseil municipal de Colombes, a adressé une lettre ouverte à la nouvelle maire Nicole Goueta pour l'interpeller sur la renonciation de la nouvelle équipe à renouveler les commémorations de la répression des manifestations et émeutes suscitées en octobre 1961 par le FLN algérien sur le territoire de la France d'Europe. La municipalité à direction PS de Philippe Sarre avait en effet institué des commémorations annuelles de ces évènements, dont Colombes fut un des théâtres, de la répression conduite par le Préfet de Police Maurice Papon. En 2012, ces commémorations municipales ont notamment bénéficié de la participation de ministricules du gouvernement algérien. Dans sa missive, Chantal Barthélémy-Ruiz, évoque la présence en 2014 de 9000 citoyens bi-nationaux franco-algériens à Colombes (porteurs de la carte d'El Ekteur...), et celle de conseillers municipaux d'origine algérienne au sein de la majorité municipale de Nicole Goueta. Chantal Barthélémy-Ruiz somme Nicole Goueta de s'exprimer sur ces évènements, sur l'absence de commémorations municipale officielles et la met en garde contre le "négationnisme"(sic) en matière de répression des menées du FLN algérien en France d'Europe en octobre 1961.

Le texte de la missive de Chantal Barthélémy-Ruiz est consultable sur la page Facebook de Colombes Pour Tous.


Je ne suis plus résident de Colombes, mais je l'ai été, notamment à l'époque où se sont déroulés ces évènements. J'ai reçu comme une expression de mépris les commémorations à Colombes en présence de représentants de la dictature de Bouteflika. La référence aux 9000 Colombiens de souche algérienne qui auraient droit à la commémoration officielle d'un des épisodes de la lutte de libération nationale du peuple algérien, m'est apparue négatrice et communautariste. Négatrice de la guerre civile algéro-algérienne alors en cours en France d'Europe. Négatrice du terrorisme FLN. Négatrice de l'insécurité dans laquelle vivaient la population non algérienne de France d'Europe, dans sa diversité relative, notamment à Colombes et à cette époque.

Je me suis permis d'adresser à mon tour une "lettre ouverte" à Chantal Barthélémy-Ruiz, d'abord sur la page Facebook de Colombes Pour Tous. On en trouvera ci-après le texte :




 
Chère Chantal,
 
Je ne suis pas le destinataire de cette lettre, mais comme vous avez choisi de la laisser ouverte, permettez-moi de vous adresser, à vous et au groupe qui vous a mandaté, plusieurs observations.

Assimiler les manifestants et émeutiers du FLN d'octobre 1961 à un groupe de "manifestants pacifiques" relève d'un révisionnisme de très mauvais aloi. Les Stora et les Mandelkern ont leurs raisons d'être complaisants avec certains groupes de populations. Il est permis de ne pas les partager.

En octobre 1961, il y a eu un acte de guerre du FLN sur le territoire de la France d'Europe, pour prendre la mesure de son influence auprès de la communauté algérienne, la renforcer, s'imposer face à son rival MNA sur le déclin mais conservant localement en France d'Europe une certaine audience, et au gouvernement français.
  
J'habitais Colombes à cette époque, dans ce qui est maintenant le quartier Agent Sarre. Le FLN à Colombes, on avait connu : assassinat d'un notable algérien musulman qui venait de saluer le président Coty à la sortie du Stade de Colombes, par un jeune fellagha commandité par le FLN en 1957, assassinat du gardien de la paix Robert Dufour en avril 1959 (je me souviens, arrivant de la rue Victor Hugo, davoir vu le terre-plein central de l'espace au nord de la gare de Colombes noir de monde au moment de l'arrestation de l'assassin, et devoir le contourner). Sans compter les réglements de comptes entre FLN et MNA dans les banlieues, le racket FLN sur les commerces et cafés.
 
A cette époque, Le Parisien Libéré n'hésitait pas à titrer : ["passe moi ta caisse ou je t'abats comme un chien", lance le client FLN à l'épicière MNA]. Pour aller des 4 Routes (Asnières, Colombes, Bois-Colombes) vers la Porte de Champerret en bus, on évitait le 140, utilisé par une nombreuse clientèle nord-africaine susceptible de répondre à des mots d'ordre du FLN, et on lui préférait le 165. On avait l'impression de vivre dans une certaine mesure en "territoire occupé". A Nanterre, c'était peut-être pire encore.
 
Je n'étais pas en âge de voter, mais je comprenais l'adhésion massive de l'électorat aux politiques de décolonisation comme une aspiration à se libérer de cette présence massive de populations acquise à la sécession des départements algériens dont elles-mêmes ou leurs parents étaient originaires. Option qui ne me posait aucun problème. Raymond Cartier (Paris-Match, Radio Luxembourg) nous présentait cette décolonisation comme la libération d'un fardeau matériel, humain et sécuritaire, tandis que le Doyen Georges Vedel expliquait à ses étudiants que le maintien de l'Algérie dans la République impliquerait la présence de 120 à 150 députés arabo-musulmans au Palais Bourbon pour satisfaire au principe "one man, one vote". En disant "oui" à cette décolonisation, on disait "non" à cette perspective cauchemardesque. Un conseiller municipal de Paris proposait d'envoyer vers l'Algérie par rafiots les émeutiers arrêtés (Lampedusa à l'envers).
 
Le FLN s'est servi des Algériens présents en France d'Europe et en a envoyé certains au casse-pipe. Ca ne m'a pas fait, ni ne me fait particulièrement de peine : si j'avais eu dix ans de plus j'aurais été soldat en Algérie où j'aurais pu être tué ou estropié par les combattants du FLN. La répression des agissements de cette organisation en octobre 1961 m'a rassuré, et j'ai ressenti du soulagement lorsque l'Algérie est devenue indépendante. Et je n'ai pas changé d'avis depuis lors.
  
En 1971, Dominique Frélaut a dû se séparer dès le début de son second mandat d'une adjointe PSU notamment habitée par des fantasmes nés de ces évènements : elle voyait encore des chaussures flotter sur la Seine. Les commémorations colombiennes de ces évènements, à l'initiative de l'équipe de Monsieur Sarre (imagine-t-on les Le Savouroux, camarades de parti de Robert Lacoste et de Max Lejeune, commettre un tel geste, insultant pour les Colombiens de l'époque et leurs descendants ?), en présence de sous-ministres de la dictature de Bouteflika, issue du FLN, dont j'ai appris la tenue lors d'un retour à Colombes il y a deux ans, ont été une agression contre la Mémoire que je partage avec d'autres, une expression de mépris.
  
Le seule commémoration acceptable de ces évènements doit être limitée aux locaux du Consulat algérien dont relève le territoire de la commune. La municipalité n'a pas à y participer. Ce serait nous cracher au visage.Les manifestations de Nord-Africains initiées par le FLN étaient une provocation qui a reçu la réponse qu'elle appelait. Il n'y a pas lieu à repentance ni à réparations, sinon pour ces dernières auprès des responsables FLN de la France d'Europe (la Wilaya 4 ?) qui a instrumentalisé les manifestants et émeutiers. S'abstenir de cette provocation n'aurait ni empêché ni retardé l'accession de l'Algérie à l'indépendance l'année d'après. Le FLN voulait compter ses troupes et que ça saigne. Il a été hélas été servi.
 
Recevez, chère Chantal, l'expression de mes meilleurs sentiments.  
Jean-Marie Lallau (jean-marie.lallau@laposte.net)

lundi 23 décembre 2013

L'"offense" faite à Alger

Le microcosme moralo-médiatique s'est emballé à propos d'une


remarque du président François Normacol (marque déposée de

laxatif) proférée lors de récentes agapes du Conseil Représentatif (?)

des Institutions Juives de Vrôôônce : Normacol a salué le retour

"sain et sauf" d'Algérie de son ministre de l'Intérieur.



La présence rituelle, automatique, de Normacol et de ses prédécesseurs

a ces banquets soulève une question .... angoissante : qu'arriverait-il

à un président de la république qui ne défèrerait pas à une invitation

du C.R.I.F. ?



Y aura-t-il un jour un successeur de Normacol qui rompra avec cette

tradition de présence systématique, automatique, aux agapes du

C.R.I.F. ? Apprendre à dire poliment non au C.R.I.F. serait utile,

opportun, pour marquer son indépendance à l'égard de cette

institution. En l'acceptant, le C.R.I.F. montrerait que ses invitations

ne sont pas, politiquement, des convocations ou citations à

comparaître.



Savoir dire non au C.R.I.F. ne suffit pas, il faudrait aussi apprendre à

"laisser pisser le mérinos" algérien.



La République Algérienne Démocratique (si, si) et Populaire (ne riez

pas), ou R.A.D.P., est un Etat sinon policier, du moins hautement

"sécuritaire" sur le territoire duquel sévit une insécurité résiduelle

endémique : voir la prise d'otages d'In-Ammenas en janvier dernier,

et le nombre de ressortissants algériens qui se réfugient en France

d'Europe avec leurs smalas pour échapper à l'insécurité en Algérie.



En paraissant mettre en cause le niveau d'insécurité résiduelle en

Algérie, Normacol a mis le doigt là où ça fait mal, et irrité Alger auquel

est ainsi rappelé ses échecs. Et alors ? Laissons pisser le mérinos

algérien, apprenons à dire "merde" à Alger !



Qu'est-ce qui a le plus déplu à la R.A.D.P. ? Que l'insinuation anodine

de Normacol émane du chef de l'Etat de ce qui fut la puissance

colonisatrice de l'Algérie, ou qu'elle ait été prononcée à l'occasion

d'un banquet du C.R.I.F. ?



La première hypothèse est la plus vraisemblable; contre la seconde,

il y a le précédent de la visite de Bouteflika à Paris à la fin des années

1990; il fut l'hôte d'officines "anti-racistes" et juives qui purent tester

le degré de sincérité de l'antisionisme officiel du nouveau président

de la R.A.D.P.



Non, il y a des choses que le régime d'Alger ne peut laisser passer

dès lors que ça vient de France d'Europe si ça le contrarie. Comme

il y a des choses que l'Etat d'Israël ne peut accepter si ça vient

d'Allemagne, comme la livraison d'armes à l'Arabie Saoudite.



Normacol s'est confondu en regrets, en justifications, en explications,

protestant de son amitié envers l'Algérie. Evidemment, une large part

de ses électeurs est d'origine, voire de nationalité algérienne et

française, et conserve une sensibilité particulière à propos de tout ce

qui touche à l'Algérie et aux relations algéro-françaises, au bénéfice

de la partie algérienne.



Je n'éprouve aucune amitié envers la R.A.D.P. en tant que telle.

On ne lui doit rien. Moins la France d'Europe est liée à l'Algérie,

mieux les deux pays se portent, et plus Monsieur Chevènement

est attristé, ce qui est toujours de bon augure, et me réjouit.



Les réactions de l'opposition interne à Normacol, pour celles que

je connais, ont été surprenantes et lamentables : ils adoptent le

point de vue d'Alger et reprochent à Normacol d'avoir mis en danger

les relations algéro-françaises. Et alors ? Il faut savoir dire "merde"

à Alger ! La prétendue Grande Nation doit savoir se passer de la

bienveillance de la R.A.D.P. dont les ressortissants assiègent les

consulats français pour s'y faire délivrer des visas.



"L'offense faite à Alger" est infiniment moins grave que l'offense

faite à la France d'Europe par Normacol l'hiver dernier lorsque le

compagnon de Valérie Massonneau, enivré par l'accueil de la foule

malienne, a déclaré que ce jour de visite au Mali était le plus important

de sa vie politique.

dimanche 8 juillet 2012

Idées reçues et fausses (paysage médiatique, été 2012)

En ce début d'été 2012, deux erreurs sont communément véhiculées par les médiats à l'occasion de la commémoration d'évènements survenus un demi-siècle auparavant :

évènement : accession à l'indépendance de la République Algérienne Démocratique & Populaire;
idée reçue et fausse associée à cet évènement : cette indépendance serait intervenue au terme d'un conflit dont l'entité France n'aurait admis et reconnu qu'il s'agissait d'une guerre que 37 ans plus tard; le corollaire de cette idée reçue et fausse est que ce retard dans la reconnaissance de cette guerre est dû au sentiment de malaise et de culpabilité de l'entité France qui aurait du mal à assumer ses crimes contre le peuple algérien, les droits de l'homme etc...etc...

FAUX : le terme de guerre d'Algérie était utilisé par le public, les médiats et le monde politique, à des degrés divers, pendant le conflit; on considérait que la guerre d'Algérie faisait suite à la guerre d'Indochine, qui faisait elle-même suite à la Deuxième Guerre Mondiale. C'était même la raison pour laquelle les cérémonies du 14 juillet étaient, jusqu'en 1962, entourées d'une relative sobriété; on disait : c'est encore la guerre, ça ne s'est pas arrêté, il y a des soldats français qui se battent, alors c'est pour ça que le 14 juillet on ne fait plus ceci ou cela (1), comme on le faisait avant la guerre etc....; ce qui s'est passé en 1999, soit 37 ans après l'accession de l'Algérie à l'indépendance, c'est que le gouvernement (2) a tenu à faire bénéficier les anciens soldats ayant servi en Algérie des mêmes droits et avantages que ceux de leurs devanciers ayant participé à une guerre; pour établir une parfaite égalité entre anciens combattants, on a inscrit dans la loi que le conflit algérien avait été une guerre, ce qu'il était déjà dans l'esprit des contemporains, dans les discours des hommes politiques et dans les médiats dès les années 1950; l'aspiration à tourner la page après 1962 s'explique surtout par l'exode des Européens d'Algérie qui a vidé les Accords d'Evian de leur substance et libéré ainsi la partie algérienne de la majeure partie de ses obligations : De Gaulle a reçu Ben Bella en secret au château de Champs en Seine-et-Marne, pour ne pas raviver le ressentiment des Européens d'Algérie à l'égard du gouvernement français comme à l'égard du gouvernement algérien qui avait souhaité leur départ (3); par ailleurs, les Français d'Europe voyaient avec surprise et déplaisir qu'ils devaient à la fois accueillir les Européens d'Algérie et des immigrés algériens dont le nombre devenait supérieur à ce qu'il était pendant la guerre d'Algérie alors que dans l'esprit de la plupart des Français d'Europe, l'indépendance de l'Algérie devait implicitement avoir pour conséquence l'évaporation de la plus grande partie de la communauté nord-africaine en France d'Europe. Si malaise et honte il y avait, il était lié au sentiment d'avoir été trompé, abusé par la partie algérienne dont De Gaulle voulait se concilier les bonnes grâces pour mener sa prétendue politique étrangère de "grandeur" et d'indépendance qui s'est avérée très coûteuse.

---------------------------------------------------------------------------------------------------------

évènement : rencontre à Reims entre Adenauer et De Gaulle au début de l'été 1962;
idée reçue et fausse associée à cet évènement : cette rencontre aurait scellé, dix-sept ans après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, la réconciliation franco-allemande.


FAUX : la République Française et la République Fédérale d'Allemagne (R.F.A.) étaient alliées depuis 1955 et l'adhésion de la R.F.A. à l'Alliance Atlantique (O.T.A.N.) dont le siège était d'ailleurs à Paris; les jumelages franco-allemands se multipliaient depuis les années 1950. Les deux Etats étaient membres du Conseil de l'Europe, de la C.E.C.A. (pool charbon-acier), de la C.E.E. (Marché Commun) et de l'Euratom.
La France avait respecté la volonté des Sarrois (4) de rattacher leur Land à la R.F.A. à la suite de leur rejet du statut de territoire européen par referendum en 1955. Sous la IVe République, les groupes gaullistes (R.P.F., puis Républicains Sociaux), se sont appliqués au contraire à entraver cette politique d'apurement des contentieux franco-allemands; la présence concommitante aux Ministères des Affaires Etrangères des deux pays, pendant de longues années, au début de la R.F.A. et sous la IVe République française, de représentants du parti démocrate-chrétien M.R.P. et de la C.D.U. a facilité cette réconciliation et cette amitié. La rencontre de Reims, le voyage de De Gaulle en R.F.A. quelques mois plus tard, la signature du traité franco-allemand de janvier 1963 n'ont pas scellé une amitié déjà acquise (5); le traité franco-allemand de janvier 1963 n'est que l'application aux seules France et Allemagne des conceptions DeGaullistes en matière d'institutions européennes : on s'engage par traité à ....se réunir périodiquement pour essayer...de se mettre d'accord et de coopérer. C'est ce type d'institutions que De Gaulle aurait voulu voir se substituer à la C.E.C.A., à la C.E.E. et à l'Euratom. Le but du traité de janvier 1963 était de détacher la R.F.A. des Etats-Unis et de la lier à la France comme junior partner.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------

N O T E S

(1) peu attiré par les cérémonies "patriotiques", du moins celles qui sont en rapport avec l'Etat-nation "républicain" jacobin et multi.....continental, à vocation universelle, la Grande Nation, je n'ai pas retenu quelle était la part des festivités dont on s'abstenait depuis la guerre et tant qu'il y aurait des soldats français engagés dans une guerre, mais j'atteste que ce détail était régulièrement rappelé;

(2) il s'agit du gouvernement socialo-écolo-communiste dirigé par Lionel Jospin (1997-2002); Lionel Jospin et ses amis politiques adhèrent, ou font semblant d'adhérer, à la vulgate médiatique et académique (Benjamin Stora et ses collègues) selon laquelle ce sont ses crimes envers les Algériens qui empêcheraient l'entité France de reconnaître rapidement la validité de leurs thèses pro-FLN algérien, ses responsabilités, sa culpabilité etc.... : confronté à un problème de port de voile islamique dans des collèges de l'Oise dès la fin des années 1980, le ministre de l'Education Nationale Lionel Jospin, PS et ancien trotskyste, justifiait son refus d'une politique répressive par le propos suivant : "j'appartiens à une génération qui a fait la guerre d'Algérie, il y a des chemins qu'on ne me fera pas refaire";

(3) les signataires français des Accords d'Evian tablaient sur le maintien à court terme de la moitié environ, soit 500 000 personnes, des effectifs des populations européennes d'Algérie, protégées par un statut inclus dans les Accords d'Evian; les signataires algériens escomptaient un maintien dans l'Algérie indépendante d'un maximum de 150 000 Européens d'Algérie. Il en est resté 45 000;

(4) le conflit sarrois, qui s'est prolongé jusqu'en 1955, soit 6 ans après la reconstitution d'un Etat allemand, a retardé la normalisation des relations franco-allemandes; il trouve son origine dans la volonté des dirigeants français de l'immédiat après-guerre de s'assurer une "prise de guerre" : le détachement de la Sarre de l'Allemagne (les alliés de la France, pas plus que l'U.R.S.S., ne lui auraient permis de l'annexer purement et simplement). La Sarre fut liée à la France dans une Union Economique Franco-Sarroise, la France imposa l'adhésion de la Sarre au Conseil de l'Europe pour tenter d'obtenir la reconnaissance internationale de sa séparation d'avec l'Allemagne. Après la Première Guerre Mondiale et jusqu'en 1935, la Sarre avait été également dotée d'un statut la séparant de l'Allemagne et garanti par la S.D.N. En 1935, sous le IIIe Reich, les Sarrois avaient choisi par referendum de faire retour à l'Allemagne....sous Hitler. Il s'en est ensuivi qu'après la Deuxième Guerre Mondiale les Sarrois refusant le statut que la France leur avait octroyé après la guerre étaient soupçonnés sinon de nazisme, du moins d'un nationalisme allemand fort suspect. Le maintien de ce statut particulier se fit à grands frais (la France dépensa beaucoup d'argent pour moderniser l'économie sarroise, la relever et... y restreint fortement les libertés politiques : interdiction de la propagande des partis n'acceptant pas le statut imposé par elle, soutien à un gouvernement sarrois appuyé par les seuls partis favorables au statut). Isolée parmi ses alliés, la France dut accepter de proposer un autre statut aux Sarrois : la Sarre deviendrait territoire européen, siège de toutes les institutions européennes existantes et à venir, détaché de l'Allemagne jusqu'à la signature d'un traité de paix définitif. Ce statut européen fut soumis aux Sarrois par referendum en septembre 1955, tous les partis étant autorisés à faire campagne : deux Sarrois sur trois le rejetèrent. Les gouvernements français présidés par Edgar Faure, puis par Guy Mollet, en prirent acte, malgré les protestations gaullistes, émises surtout par la voix de Michel Debré, et préparèrent le retour de la Sarre à l'Allemagne; l'hebdomadaire National Zeitung  du Dr Frey (dont Moshe Menuhin était un collaborateur) écrivit bien plus tard, évoquant ce retour de la Sarre comme "la petite réunification" : "es spricht für Frankreich" : ce choix (des gouvernements d'Edgar Faure et surtout de Guy Mollet) témoigne en faveur de la France"; dans cette affaire, les gaullistes ont été les empêcheurs et les gêneurs;

(5) le traitement des prisonniers de guerre français en Allemagne pendant la guerre (il n'est pas question ici des prisonniers politiques, déportés ou astreints au S.T.O.), le choix de prisonniers de guerre allemands de demeurer en France après leur libération (malgré des débuts de captivité auxquels tant d'entre eux ne survirent pas: cf. :  le livre, épuisé, du Canadien Bacque intitulé "Morts pour causes diverses" aux éditions Sand, publié en 1990), le fait qu'il y ait eu des antifascistes allemands dans la Résistance française, et des combattants français sur le Front de l'Est aux côtés des Allemands (L.V.F., puis Division Charlemagne), des Allemands ayant contracté un engagement sous le drapeau français en Indochine (Frankreichs fremde Söhne) quand il n'y avait plus d'armée allemande, ont plus fait pour cette amitié et cette réconciliation que n'importe quelle rencontre ou n'importe quel traité.



jeudi 5 juillet 2012

Algérie '62 : bye bye El Djézaïr

Les médiats ne manquent pas en ce début juillet, de rappeler l'accession à l'indépendance de l'Algérie, la prétendue République Algérienne Démocratique et Populaire, il y a cinquante ans.

L'entité France n'était pas représentée aux cérémonies marquant cet évènement en R.A.D.P. Tant mieux.

On nous bassine avec tout un tas de notions fausses, décalées, anachroniques.

Il y a cinquante ans, l'Algérie est devenue indépendante, au terme d'un conflit que les médiats et l'opinion publique en France d'Europe qualifiaient bel et bien de guerre, déjà à cette époque, n'en déplaisent à certains polygraphes et professeurs ès-morale; ce n'était pas une guerre au sens du droit international, mais on évoquait ce conflit, pendant son déroulement, comme la guerre d'Algérie qui avait fait suite à la guerre d'Indochine, qui avait fait suite à la Seconde Guerre Mondiale. Des professeurs ès-morale se focalisent sur une décision d'un gouvernement français à la fin des années 1990 qui a reconnu que les soldats ayant servi en Algérie pendant les troubles avaient participé à une guerre, et que ces anciens combattants avaient des droits réservés aux participants à une guerre. Ils veulent conduire leurs lecteurs, auditeurs ou étudiants à en déduire qu'il a fallu longtemps à l'entité France pour reconnaître qu'elle avait fait, et qu'on lui avait fait la guerre. Et que ce délai atteste d'un malaise, d'une honte à assumer un passé ... qui ne passerait pas : il y aurait eu un colonialisme essentiellement prédateur et criminel qui aurait exploité un vaillant peuple algérien: des populations européennes manquant de générosité et de claivoyance, maintenant une population arabo-musulmane à un rang socio-économique et politique inférieur; de vaillants moudjahidines parfois pas trop regardants sur les moyens à employer pour "libérer" leur pays, face à une armée forte d'un demi-million d'hommes et qui torturait les libertadors; il y aurait eu d'une part un mouvement algérien de libération nationale (les "indépendantistes", comme les qualifie Monsieur X. sur France Inter dans une émission sur Fernand Pouillon -Rendez-vous avec X.-) et d'autre part les partisans de l'Algérie française (les "ultras de l'Algérie française selon Monsieur X., qui a choisi son camp), allant contre le vent de l'Histoire.


Je n'ai pas fait la guerre d'Algérie, mais je l'ai vécue comme enfant (à son déclenchement) et comme adolescent (à son terme), et ce que j'ai vécu ne correspond pas du tout à ce qu'on nous raconte aujourd'hui.


J'ai surtout vu cette guerre depuis Colombes (1) où résidait une population nord-africaine (2) assez importante quoique bien moindre que ce qu'elle est devenue aujourd'hui ; dans cette commune et dans les communes voisines, Algériens du MNA (3) et du FLN se combattaient, se rackettaient, s'égorgeaient, s'entretuaient,et les médiats en rendaient compte sans se soucier d'éviter ce qu'on appelle aujourd'hui des "stigmatisations"; un militant FLN assassina à la sortie du stade de Colombes un notable algérien qui avait assisté à un match de football aux côtés du président René Coty; au retour d'une promenade dominicale en famille, j'ai pu voir le terre-plein situé devant la gare de Colombes noir de monde : on venait d'y arrêter un Algérien qui avait assassiné un gardien de la paix du commissariat de police de la ville, Robert Dufour (4). Pendant les vacances scolaires, je retournais au pays natal, dans l'Aisne. On y trouvait dix fois moins de Nord-Africains que dans la banlieue Saint-Lazare (5), et ceux qui y résidaient étaient proportionnellement encore moins visibles. On y parlait de la guerre d'Algérie et des jeunes gens de la région qui y faisaient leur service militaire et dont la presse locale (La Dépêche de l'Aisne, des frères Bruneteau à Laon, et L'Union, à Reims) publiait de temps en temps de sympathiques photos de groupe par lesquels ils adressaient un salut à leurs familles, à leurs amis, à leurs voisins.


 J'éprouvais de la sympathie et un sentiment de solidarité avec les jeunes gens envoyés en Algérie pour y faire leur service militaire parce que si j'avais eu dix ans de plus en moyenne, j'aurais été à leur place. Il se trouve que je n'en ai connu aucun personnellement et directement; dix ans plus tard, je ressentais la même chose à l'égard des GIs envoyés au Vietnam. Toute considération d'ordre strictement "national", ou "éthique", au sens des "exhibitionnistes de l'intelligence et du coeur" dénoncés par Robert Lacoste m'était, m'est étrangère.


 Le sentiment dominant n'était ni celui d'une sympathie pour le FLN et plus généralement pour les "mouvements de libération nationale" (6), ni celui d'une sympathie pour l'Algérie française. Les sentiments négatifs l'emportaient à l'encontre des deux camps : le FLN, les "fellaghas" comme on disait, s'inscrivaient dans une généalogie de groupes criminels, après le Vietminh indochinois, dont les intérêts n'étaient pas les nôtres et leur étaient même largement contraires, et les partisans ardents de l'Algérie française apparaissaient souvent comme des bellâtres qui défendaient les intérêts des "colons" dont les intérêts et le mode de vie de la plupart différaient des nôtres.


En dehors de personnes appartenant à des groupes idéologiquement marqués (7), l'immense majorité des gens au milieu desquels je vivais, détestaient le FLN et n'adhéraient pas à la cause de l'Algérie française. La présence d'une importante communauté nord-africaine était ressentie comme un mal, une nuisance, un fardeau dont l'indépendance de l'Algérie nous débarrasserait certainement : il n'était pas question de vivre ensemble, ni même côte à côte, mais de se séparer, le plus vite et le mieux possible (8). La défense de l'Algérie française semblait indésirable, trop coûteuse humainement et matériellement.


L'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 1962, a été largement vécue en France d'Europe comme la promesse d'une libération de la présence nord-africaine sur le sol de l'ancienne métropole, comme un divorce souhaité de part et d'autre de la Méditerrannée, lui évitant de devoir "intégrer" neuf millions d'Arabo-Musulmans, comme la possibilité d'une modernisation de l'économie française, lui permettant de se tourner vers l'Europe et de tourner le dos à d'ingrates et coûteuses anciennes colonies. L'opinion publique de la France d'Europe  s'est désolidarisée à la fois des "colons" et des [autocensuré], disons des anciens colonisés, pour rester polis.

Ce ne sont pas les "libéraux", les "progessistes" qui ont gagné la bataille de l'opinion publique pour la convaincre de la bienfaisance de l'indépendance de l'Algérie : c'est Raymond Cartier (9), de Paris Match et de Radio Luxembourg, c'est le Doyen Georges Vedel de la Fac' de Droit de Paris. Raymond Cartier, dont on lisait les articles de Paris Match chez le coiffeur ou dans la salle d'attente du médecin ou du dentiste, et  dont on écoutait les éditoriaux autour de la table familiale sur Radio Luxembourg ("voici l'éditorial de Raymond Cartier, chef des bureaux américains de l'hebdomadaire Paris Match") répétait que la décolonisation de l'Indonésie avait été une bénédiction pour les Pays-Bas et avait permis la modernisation de leur économie, qu'il valait mieux développer la Corrèze que la région du Zambèze, opposait la dramatisation de la gestion française des conflits coloniaux à la sagesse britannique, invitait la France à s'intégrer dans l'Europe. Le Doyen Georges Vedel rappelait que le prix à payer pour que l'Algérie puisse éventuellement demeurer française, c'était la présence au sein de l'Assemblée Nationale française, de 120 à 150 députés algériens arabo-musulmans pour la plupart, parmi 400 ou 450 députés de la France d'Europe : Georges Vedel professait que tout lien colonial avait vocation à prendre fin dans l'égalité, soit par l'indépendance de la colonie à l'égard de la métropole (on a deux entités égales en droit international), soit par l'intégration de la colonie dans un ensemble constitué d'elle-même et de sa métropole (une France de Dunkerque à Tamanrasset). Dire cela à l'opinion publique, aux électeurs de la France d'Europe, c'était assurément les conduire à écarter l'option de l'intégration, compte tenu de son coût humain, matériel et politique.

Que faire pour améliorer les relations entre les deux rives de la Méditerrannée, 50 ans après l'indépendance de l'Algérie ?


 D'abord mettre fin aux flux migratoires sud-nord massifs et à sens unique (10), ensuite les inverser au moins partiellement, puis dé-bilatéraliser les relations entre l'Algérie et son ancienne métropole : l'Algérie relève du Maghreb arabe et la France de l'Europe. Et ni la France ni l'Algérie en tant que France ou Algérie ne se doivent plus rien, malgré les avis de Benjamin Stora, de Jean-Pierre Chevènement, de Bouteflika et de quelques autres animés par la passion pour les "mouvements de libération nationale" de Georges Guingouin ou d'Amirouche, ou pour le retour de la grandeur de la Vrôôôôônse généreuse et civilisatrice, amie naturelle des "pauvres du monde". Bye bye El Djézaïr !


N O T E S

(1) au début de la guerre d'Algérie et jusqu'en 1959, la commune de Colombes était administrée par Paul Bouchu, élu en 1947 sous l'étiquette R.P.F. (gaulliste), mais qui s'était détaché assez rapidement de ce mouvement; vers la fin de sa carrière politique, il reçut l'investiture du Centre Républicain (André Morice), de la Démocratie Chrétienne (Georges Bidault) et du Centre National des Indépendants; il eut pour successeur comme maire de Colombes, Marcelle Devaud, née Gugenheim, veuve de Stanislas Devaud, ancien député d'Algérie; Paul Bouchu était un petit industriel de Colombes, Marcelle Devaud, résidente de Neuilly-sur-Seine, était parlementaire gaulliste (Républicains Sociaux, puis UNR);

(2) Nord-Africains était le nom qu'on donnait généralement aux Maghrébins à cette époque; le vocable Maghrébins était connu mais peu utilisé; il avait une connotation savante, ethnologique, de spécialistes;

(3) le MNA, ou Mouvement Nationaliste Algérien, de Messali Hadj, mouvement historique du nationalisme algérien, fut rapidement dépassé en influence, en audience et en radicalité, par le FLN, ou Front de Libération Nationale; Messali Hadj fut placé en résidence surveillée sur une île de la côte atlantique et les mentions du MNA dans la presse populaire métropolitaine n'apparaissaient guère que dans les rubriques de "réglements de comptes entre Nord-Africains" relatant des exactions voire des assassinats perpétrés par des militants d'une faction (surtout le FLN contre le MNA) sur ceux de l'autre; c'est toutefois du MNA, mais non de son leader Messali Hadj qui déclarera y avoir toujours été opposé, qu'est parti le malheureux slogan à l'adresse des Européens d'Algérie : "la valise ou le cercueil", cette formule a pesé sur l'exode massif des Européens d'Algérie en 1962, et pèse encore très lourdement sur la perception de l'immigration sud-nord par une partie des Français d'Europe, des Européens d'Algérie repliés dans l'ancienne métropole après l'indépendance : "ils nous ont chassés, et maintenant ils s'installent chez nous";

(4) il me semble avoir entrevu à l'extérieur de commissariat de police de Colombes une plaque portant le nom de deux agents de police morts en service dans la commune : un certain Agent Sarre, qui a donné son nom à une avenue et à un quartier et qui a été tué (après avoir tué combien de fois lui-même ?) pendant les combats de l'été 1944, et un autre qui est probablement celui dont on a arrêté l'assassin devant la gare; je ne les place pas sur le même plan : Sarre était un volontaire qui pouvait, a peut-être, donné la mort à des soldats, "ennemis" certes, mais qui n'avaient pas besoin d'avoir été volontaires pour se retrouver là; le policier Robert Dufour tué pendant la guerre d'Algérie à Colombes, était un professionnel qui n'était pas là en tant que volontaire, et qui a été tué par un volontaire, un "résistant" algérien, un fellagha;

(5) on désigne ici par banlieue Saint-Lazare les communes de banlieue desservies les lignes de chemin de fer partant de la gare Saint-Lazare à Paris;

(6) la guerre d'Algérie était replacée dans un contexte général de mise en accusation de l'Europe (surtout le Royaume-Uni et la France) et de l'Occident en général par des dirigeants et des pays inamicaux dont la conférence de Bandoeng en Indonésie au printemps 1955 avait été une retentissante tribune;

(7) à Colombes, le PSU et les groupes qui l'ont précédé était très actif et visible dans les dernières années de la guerre d'Algérie; il se trouve que son animateur résident semble avoir été un imprimeur, du nom de Cary, de la paroisse catholique Saint-Pierre Saint-Paul, confiée aux Fils de la Charité fondés par le Père Anizan; ses thèses paraissent avoir eu un certain écho au sein d'une partie des paroissiens; cette gauche moralisante, culpabilisante, donneuse de leçons, constitua rapidement pour moi un des pôles du Mal en politique, l'autre étant la droite nationaliste, jacobine, europhobe de type Michel Debré, Alexandre Sanguinetti; je ne rencontrais éventuellement des partisans de l'Algérie française que parmi mes camarades de classe, leurs aînés (de peu) et leur famille. Je détestais le PSU, les amis du FLN et des mouvements dits de libération nationale du Tiers-Monde, et les partisans de l'Algérie française me contrariaient : je n'avais pas envie que l'Algérie reste française parce que je ne souhaitais pas voir 9 millions d'Arabo-Algériens rester français, ou pire, devenir Français à part entière, sur un pied d'égalité;

(8) il ne faut pas chercher ailleurs les racines profondes de l'attitude d'une majorité de Français d'Europe envers les flux migratoires sud-nord;

(9) Raymond Cartier a eu le mérite de plaider pour l'intégration de la France dans une Europe supranationale à une époque où cette cause n'était pas très populaire dans certains milieux de décideurs économiques toujours attachés à un protectionnisme devenu mortifère; il salua l'entrée (suivie d'un retrait rapide) du MRP dans la majorité gouvernementale au printemps 1962 parce que c'était, disait-il, "le parti de l'Europe", puis la candidature de Jean Lecanuet en 1965; vers la fin de sa carrière (1975), il ne comprit pas l'importance des préoccupations écologiques et ne les prit pas en compte dans ses publications : il était notamment favorable à l'exploitation des hydrocarbures des schistes bitumineux, en Amérique et ailleurs; il s'obstina longtemps à faire de De Gaulle sa référence la plus positive en politique intérieure française et de l'alliance avec les Etats-Unis, au-delà de l'Europe politiquement intégrée, sa référence en politique extérieure Comme si les deux étaient compatibles;

(10) la République Algérienne Démocratique & Populaire obligerait beaucoup l'Europe et la France en veillant sur le Sahel (Gadaffi n'est plus là pour le faire à sa façon), et notamment en stoppant les candidats à l'immigration vers le nord de la Méditerrannée. Silvio Berlusconi avait obtenu cela de Gadaffi en échange d'argent et de repentances. S'il faut dire que Charles X a eu tort d'envoyer une expédition à Sidi-Ferruch en 1830, changer les noms des rues Charles X (s'il y en a ...), dire que Louis-Philippe a eu tort de reprendre "le legs onéreux du régime précédent" selon sa propre expression (ou celle d'un de ses ministres), que tout ça c'est mal, qu'on regrette profondément, et si en échange l'Algérie nous protège des flux migratoires sud-nord, et garde sa jeunesse chez elle, elle a droit aurait droit, en plus, à notre reconnaissance profonde et sincère.

vendredi 30 mars 2012

L'"imam" Tagueule et la récupération nationale

Il s'appelle Abdallah Zekri. Il n'est pas imam, ou en tout cas, pas
désigné comme tel par les médiats. Il est quelque chose à la Grande
Mosquée de Paris et au C.F.C.M., et à l'Observatoire de l'Islamophobie
(sic), après avoir été quelque chose à l'UMP dans le Gard et avoir
quitté ce parti avec rage (il a déchiré sa carte en public devant
micros et cameras) lorsque Jean-François Copé a "osé" lancer un débat
sur la laïcité il y a quelques mois. A défaut d'être un imam, c'est un
militant communautaire assez teigneux et agressif.


Il y a environ deux décennies, l' abbé Pierre avait eu une minute de
gloire en lançant un "ta gueule !" à l'écoute d'un discours enregistré
ou retransmis de Jean-Marie Le Pen, à l'adresse de l'orateur
physiquement absent. Des organes de presse favorables à Jean-Marie Le
Pen et au Front National l'avaient alors appelé l' abbé Tagueule.
Abdallah Zekri demande, dans un entretien au quotidien de Serge
Dassault, au père de Mohamed Merah de "fermer sa gueule". C'est
l'"imam" Tagueule. Ce n'est pas très miséricordieux, ni peut-être même
islamique d'accabler un père qui vient de perdre son fils et qui, de
l'autre côté de la Méditerrannée, n'a pas accès aux informations
disponibles en France d'Europe et évolue dans une ambiance très
différente.


Mercredi 28 mars, médiats et hommes politiques s'insurgeaient contre
le projet de Merah senior de faire un procès à "la France" (qu'est-ce
que c'est ?) et au RAID pour avoir "tué (son) fils", le jugeant
indécent. La question était de savoir s'il en avait le droit, et la
réponse est affirmative. Il faut espérer que ce procès, s'il a lieu,
rende justice aux hommes du RAID, et c'est tout. Il faut savoir gré à
Merah senior d'avoir proposé l'enterrement de son fils en Algérie.


Jeudi 29 mars, la récup' commence : on ne fait pas grief à la
République Algérienne Démocratique et Populaire de se défausser sur la
France d'Europe des "troubles à l'ordre public" que le lieu de repos
de Merah junior pourraît connaître (lieu de pélérinage ou de
profanation), alors que les risques sont plus grands au nord de la
Méditerrannée qu'au sud, et que la R.A.D.P. est notoirement un Etat
policier qui a les moyens de les prévenir; par contre, on insiste à
l'excès sur les liens de Merah junior avec ce qu'il est convenu
d'appeler "la France" : "il est Français", "il était Français", "il
est né en France", et ceci par la bouche de badauds interrogés par les
chaînes de télévision. Je suis né sur le territoire européen de la
France, j'ai quelque part une carte d'identité dite nationale qui
porte quelques centimètres sous mon nom les deux mots "nationalité
française" mais je ne revendique pas le droit d'être un jour inhumé
dans ce pays, si toutefois il existe encore à ce moment là. J'ai
appris de Monsieur Chevènement, quand il était ministre de
l'Intérieur, qu'être Français, c'était tout simplement .....avoir la
nationalité française. En Français puant d'arrogance, Chevènement
expliquait cela devant un collègue d'un pays voisin pour affirmer la
supériorité de la conception vrôôôônsaise, purement politique et
juridique, de la nationalité, sur d'autres, soupçonnées de références
ethnicisantes indignes de la "grande nation".


Les circonstances de l'inhumation de Merah junior ont permis une
récupération : la mise en avant de l'appartenance à "la France" de ces
populations dont les points de repère, les références sont étrangères
(mais la récupération consiste justement à poser l'affirmation
contraire) à la France d'Europe. Il s'est agi de contribuer à donner
à "la France" une autre image d'elle-même. 

lundi 26 mars 2012

Arte Desinfo (nouvelle série) n°4 : karambolage entre propagande et Histoire

La chaîne Arte diffuse une émission hebdomadaire appelée Karambolage et qui semble avoir pour objectif de rappeler au public allemand et au public français, si tant est que ces catégories subsistent, combien ils sont étrangers l'un à l'autre. Ce n'était sans doute pas l'intention des signataires du traité du 22 janvier 1963 qui est à l'origine, lointaine, de la création de la chaîne, mais c'est ainsi.

Dimanche 25 mars 2012, au lieu de commémorer la signature des traités de Rome qui ont créé le Marché Commun et l'Euratom 55 ans auparavant, Arte commémore par le biais de Karambolage (émission de Claire Doutriaux) la signature des Accords d'Evian en MCMLXII entre le gouvernement français (Premier ministre : Georges Pompidou) et l'"organisation extérieure de la rébellion" algérienne.

Madame Doutriaux reconnaît que la Guerre d'Algérie fut "effroyable", et arrange l'Histoire à la façon des directeurs de conscience d'Arte. Les Accords d'Evian sont réduits à ceci :  "la France accepte enfin (sic) de renoncer à sa colonie". C'est plus que réducteur. L'Algérie n'était plus une colonie mais un ensemble de départements français depuis une quinzaine d'années, d'une part, les Accords d'Evian comportaient des stipulations donnant un statut aux Européens d'Algérie, leur octroyant des garanties civiles et politiques, y compris au niveau de leur représentation dans les conseils municipaux des grandes villes, garantissaient la libre circulation entre la France et le nouvel Etat algérien.

Il y avait environ 1 million d'Européens en Algérie, et 9 millions d'Arabo-Berbéro-Musulmans. La partie algérienne signataire des Accords d'Evian ne souhaitait pas le maintien en Algérie de la communauté européenne, et escomptait qu'il n'en resterait qu'environ 150 000 (soit 15%), tandis que la partie française comptait sur le maintien d'environ un demi-million (soit 50%). Il en est finalement resté ... 45 000 !

Officiellement, les Accords d'Evian garantissaient la possibilité du maintien du million d'Européens qui se trouvaient en Algérie. L'exode des Européens d'Algérie vers la France d'Europe a vidé les Accords d'Evian de leur substance et dégagé la partie algérienne (qui souhaitait et prévoyait cet exode bien que plus étalé dans le temps et de moindre ampleur) de ses obligations. La libre circulation entre les deux pays s'est faite dans un seul sens : de l'Algérie nouvelle vers la France d'Europe : exode des Européens d'Algérie, puis immigration massive et continue d'Algériens. Cette circonstance pèse sur la perception de l'immigration maghrébine, et de l'immigration sud-nord en général par le public originaire de la France d'Europe : l'électorat a consenti à l'indépendance de l'Algérie pour ne pas avoir la charge de 9 millions d'Arabo-Berbéro-Musulmans comme concitoyens. Et voilà que la France d'Europe se trouve devoir intéger 1 million d'Européens d'Algérie incités à quitter l'Algérie, y compris par les nouvelles autorités algériennes, puis des centaines de milliers (en attendant plus) d'Algériens. Comme on dit dans les "banlieues" : "ça fout la haine".
Pour de mauvaises raisons de politique étrangère, le gouvernement français n'a pas voulu dénoncer les clauses de libre circulation entre la France et l'Algérie, qui ne fonctionnaient plus que dans le sens sud-nord.


Pour alléger le poids de l'immigration algérienne, très mal ressentie par la population de France d'Europe en raison des circonstances ayant entouré la guerre, puis l'indépendance de l'Algérie, le gouvernement de Georges Pompidou a ouvert la France à l'immigration portugaise (le Portugal est alors un pays très isolé : en raison de son régime politique et plus encore en raison de son refus d'envisager à court terme l'indépendance de ses territoires ultra-marins). Un emploi pris par un Portugais en France, c'est un emploi de moins disponible pour l'immigration algérienne. Ne comptez pas sur Karambolage ni sur Arte en général pour vous le dire. 

In fine, l'émission de Claire Doutriaux (Karambolage) donne le témoignage d'un écrivain algérien, adolescent au moment des évènements, un dénommé Boualem Sandal, lauréat d'un prix littéraire des libraires allemands. Karambolage nous annonce qu'il s'agit d'un "grand monsieur". Extérieurement, on voit que Boualem Sandal a adopté la queue de cheval de Karl Lagerfeld. Dans le cours de son témoignage, on comprend pourquoi Arte le qualifie de "grand monsieur" : son père avait rejoint le FLN (l'organisation qui luttait par les armes et les attentats pour une Algérie indépendante, dirigée par sa majorité arabo-berbéro-musulmane). Sa maman, effrayée par les violences qui ont marqué la période séparant la signature des Accords d'Evian de l'indépendance le 5 juillet MCMLXII, est venue à l'aide d'une certaine Odette, Française d'Algérie et de ses enfants, qu'elle a accueillis chez elle en attendant le départ d'Odette et des siens pour la France d'Europe. Karambolage nous révèle la position politique du père de Boualem Sandal, mais pas celle d'Odette.

dimanche 20 février 2011

Arte Desinfo : Djézaïrolatrie, quand tu les tiens !

Au moment (seconde décade de février 2011) où la Djézaïrie
(= Algérie) démocratique et populaire semble modestement
gagnée par le prétendu "printemps (en hiver) arabe", il est
opportun de se souvenir de l'empathie de la c'Haine Arte
prétendument franco-allemande pour la Djézaïrie.

Arte Info du 9 août 2004 était présenté par Nathalie Georges .
L'édition de 18h45, relayée par le satellite Astra, ne semblait pas
devoir appeler d'observations particulières quant à la qualité de
l'information; il faut même relever que la séquence consacrée aux
manifestations hebdomadaires du lundi dans les Länder de l'ancienne
zone soviétique d'occupation en Allemagne, pour protester contre la
diminution de certaines aides sociales évoquait la récusation par
certains d'une comparaison entre les manifestations de 2004 et celles
de 1989, qui ont contribué à la chute du régime "antifasciste" de
Berlin-Est : les manifestants de 1989 risquaient l'arrestation (au
moins), les organisateurs de celles de 2004 ne risquent que de devenir
célèbres. Il me semble qu' Arte Info aurait pu évoquer le contexte
politique des manifestations de 2004 : l'appel de l'ancien président
du parti social-démocrate Oskar Lafontaine au retrait de Gerhard
Schröder, et son projet de soutenir un nouveau parti de gauche qui,
selon des enquêtes d'opinion, pourrait, avec Lafontaine comme tête de
liste, obtenir de 15 à 20 % des suffrages; ce n'est peut-être qu'une
question de manque de temps : la durée d'une émission d' Arte Info
est limitée à un quart d'heure.


L'édition de 19h45 comportait un ajout : un intello français devait
évoquer une image de Jeux Olympiques du passé récent; ce sont les Jeux
Olympiques de Barcelone, en 1992, qui furent choisies par notre
intello qui se pâmait d'admiration et peut-être d'amour, devant
l'image d' une athlète algérienne qui venait de se distinguer dans une
course et manifestait sa joie dans une pose plutôt inélégante, mais
qui réjouit fort notre intello qui y voit un défi aux "islamistes";
l'algérolâtrie de l' intellectuel sollicité par la chaîne encultureuse
s'exprimait ensuite dans l'évocation de photos ou de tableaux tirés de
photos illustrant des femmes algériennes.


La Djézaïrie démocratique et populaire fait fantasmer une partie
des tenants du pouvoir culturel.


On ne doit rien à l' Algérie et aux Algériens, sinon un minimum de
respect qui devrait se traduire par la récusation de l'imposteur qui
préside leur Etat, l'ignoble Bouteflika, que le sire de Bity (un
château du Limousin) a invité aux cérémonies commémoratives du
"débarquement de Provence" du 15 août 1944. Certains médiats et
autorités morales feront la promotion de l'idée d'une participation
algérienne à la "libération" du territoire français. Oui, dans une
certaine mesure, et à un certain niveau, les mondes politiques de la
Métropole et de l'Algérie ont connu quelque chose comme qui dirait une
"intégration" : des deux côtés de la Méditerranée, il y a eu des gens
qui ont fait le choix des vainqueurs, et d'autres celui des vaincus.
Le sieur Chevènement, qui aime tant, mais à sa façon, l'Algérie et les
Algériens, disait il y a quelques années qu'il se sentait plus proche
d'un Algérien (ou d'un Sénégalais ?) dont les ancêtres ont combattu
pour la "libération" de la France, que de tel ou tel ressortissant
d'un pays européen.


Il est curieux qu'un élu de Franche-Comté ne se souvienne pas de la
"Brigade Nord-Africaine", "les SS à Mohammed" comme on les appelait,
qui furent notamment en charge de la surveillance des usines de
Sochaux en 1944 pour le compte de la Waffen SS; la Brigade
Nord-Africaine avait pour chef militaire un certain Ouali, et pour
commissaire politique un dénommé Ben Ali Zoubib; sa principale caserne
est située à Neuilly-sur-Seine, au 21 avenue de Madrid. Après la
guerre, des survivants prendront, les uns, le parti de l'indépendance
de l'Algérie (L'Aurore, de Robert Lazurick, s'en prenait souvent à un
dignitaire FLN qui avait porté le casque allemand, et hantait les
couloirs de l'ONU pendant la guerre d'Algérie), les autres le parti
inverse, tel Amar Naroun, élu en 1948 dans le Constantinois, et qui
était un ami de l'hebdomadaire Rivarol.