dimanche 7 août 2011

"Malsain !", qu'ils disent ...


Les médiats (1) rapportent des informations incroyables sur ce qui serait arrivé au lieu de repos de Rudolf Hess et même à ses restes. Je n'ai pas les moyens de vérifier l'exactitude de ce que j'ai pu lire ou entendre ici ou là. Il paraît que la tombe de Rudolf Hess serait devenue un lieu de pélérinage malsain (sic). S'il y a quelque chose de "malsain" dans cette affaire, c'est l'apparente servilité de certaines officines ecclésiales protestantes (en Bavière catholique, il faut se faire remarquer), de responsables politiques locaux envers certains groupes puissants, vindicatifs et malfaisants.

Je ne me suis jamais rendu là-bas pour une raison simple et suffisante : la famille de Hess ne souhaitait pas, et l'avait fait savoir à maintes reprises et dès 1987, que le lieu de repos de l'ancien homme d'Etat devienne un lieu de rassemblements controversés. Avant 1987 et le décès de Rudolf Hess, la famille avait même proposé qu' en cas de libération, celui-ci s'en tienne à un silence public absolu et soit, après sa mort, enterré à Alexandrie, en Egypte, lieu de sa naissance. Il s'agissait alors de formuler une contre-proposition au projet initial des "Alliés" : pour éviter toute instrumentalisation, comme on dit aujourd'hui, étaient prévues la destruction de la forteresse de Spandau, l'incinération du corps de Hess, et la dispersion de ses cendres dans un lieu non divulgué ou pratiquement mal défini. C'était pour éviter la mise en oeuvre de ce projet et répondre aux craintes relatives à une éventuelle instrumentalisation du lieu de repos de Hess que sa famille avait proposé une inhumation en Egypte s'il était libéré. A l'époque, on croyait que seul le veto soviétique faisait obstacle à une libération de Hess (2).

La libération de Rudolf Hess était réclamée depuis 1967, un an après qu'il fut devenu le seul et dernier prisonnier de Spandau. Une pétition avait recueilli les signatures de "néo-nazis" aussi notoires que Golo Mann, Paul-Henri Spaak, Max Petitpierre (ancien président de la Confédération Helvétique), du maire de la ville normande de Falaise, de Jean Anouilh, et même de l'Antifaschtische Arbeitsgemeinschaft de Karlsruhe.

La déclassification des archives britanniques concernant le déplacement de Hess au Royaume-Uni, les entretiens et interrogatoires qui ont pu être menés avec lui était prévue pour 2017; elle a plus récemment été reportée à 2047 me semble-t-il. Que faut-il que nous n'apprenions pas ?

On lit souvent que Rudolf Hess était incarcéré à "la prison des criminels de guerre" de Berlin Spandau. Factuellement, c'est exact, mais ça n'en fait pas un criminel de guerre. Le prétendu tribunal militaire international de Nuremberg ne l'a pas condamné pour "crimes de guerre", mais pour complot ou crimes contre la paix, ou quelque chose comme ça : même les "juges" de Nuremberg n'ont pu convaincre Hess de crime de guerre ou de crime contre l'humanité.

NOTES

(1) j'emploie l'orthographe "médiat" par solidarité avec le professeur Bernard Notin victime de la Police Zélote de la Pensée au début des années 1990 pour irrévérence envers la Mémouare;

(2) j'ai fait partie de l'association de fait des partisans français de la libération de Rudolf Hess, rattachés à l'association allemande Hilfsgemeinschaft Freiheit für Rudolf Hess; je m'y suis joint en réaction à une rencontre lors d'une promenade hivernale à Fribourg-en-Brisgau alors que j'étais étudiant à Strasbourg. Ce fut ma première rencontre, qui m'a scandalisée, avec la "génération morale". Près de la gare ferroviaire de la cité badoise, des colonnes portaient des affiches de la Hilfsgemeinschaft précitée que j'avais lues; poursuivant ma promenade vers l'hôpital militaire français, j'avise un adolescent allemand rentrant sa motocyclette dans la maison familiale; celle-ci portait un calicot à la gloire de la communiste afro-américaine Angela Davis, alors incarcérée en Californie. Comment pouvait-on préférer Angela Davis à Rudolf Hess ?