mardi 30 octobre 2012

Radio Stuttgart ; "Au sujet des services de renseignements" (30/10/39)

Le texte ci-après, intitulé "Au sujet des services de renseignements", est la version écrite de l'éditorial de l'émission en français de Radio Stuttgart diffusé le 30 octobre 1939.

Radio Stuttgart est un des émetteurs du Reich allemand, un Etat avec lequel la République française est, de fait (1), en guerre depuis un peu moins de deux mois; le thème de l'éditorial est l'incompétence attribuée par l'éditorialiste aux services de renseignements du Royaume-Uni.

Le public visé par l'émission est le public résidant en France. C'est un éditorial d'une station de radio d'un Etat en guerre, adressé à la population d'un pays avec lequel ce même Etat est en guerre. La diffusion sur les ondes de cet éditorial intervient pendant la période qualifiée de "drôle de guerre" entre septembre 1939 et mai 1940.


"Au sujet des services de renseignements (30.10.1939)

Nous a-t-on assez rabâché pendant des années que l'Intelligence Service (appellation pleine de modestie qui désigne les services de renseignements anglais) (2) savait tout, s'insinuait partout, voyait tout et pouvait tout ! Les histoires les plus mirifiques concernant ses exploits s'étalaient dans tous les journaux. Du Cap Horn au fond de la Sibérie, l'Intelligence Service invisible, mais présent, présidait aux destins du monde et veillait sur les coffres-forts britanniques.

Eh bien, comme beaucoup d'autres réputations, celle de Intelligence Service était quelque peu surfaite, car, de deux choses l'une, ou bien l'Angleterre était mal renseignée, ce qui l'a portée à commettre un nombre considérable de sottises depuis le mois de mars (dernier), ou bien, étant bien renseignée, elle a refusé d'écouter ceux qui faisaient parvenir des avis réels et a délibérément lancé le monde dans une aventure sans précédent.

Nous rappellerons seulement pour mémoire les illusions de Chamberlain (3), auquel ses renseignements faisaient croire que Staline n'attendait qu'une occasion pour déclarer la guerre à l'Allemagne. Le 23 août, le Premier britannique reçut certainement un des chocs les plus violents de sa vie, lorsqu'il constata qu'en réalité les chefs de l'Allemagne et de la Russie avaient, grâce à lui, trouvé une bonne raison de s'entendre pour le mutuel profit de leurs peuples (4).

Une des plus belles preuves de la parfaite méconnaissance des réalités allemandes nous a été donnée dans les premiers jours de la guerre, lorsque les pilotes aériens britanniques ont déversé sur l'Allemagne des tonnes de petits pamphlets destinés, dans la naïve opinion de leurs auteurs, à amener la révolution en Allemagne. On avait fait croire au gouvernement anglais que le peuple allemand était fatigué du National-Socialisme et n'attendait qu'une occasion pour descendre dans la rue. Nous devons donc admettre que la situation en Allemagne était méconnue à un point tel que ni les diplomates, ni les services de renseignements n'avaient pris en considération l'oeuvre accomplie socialement en faveur du peuple, la confiance que les jeunes ont en leurs chefs, la foi qu'ils éprouvent à l'égard de la force de leur race et de la grandeur de leur Reich, cette unité de pensées, de volontés, d'actions qui est une des caractéristiques de l'Allemagne nationale-socialiste. Il avait suffi que quelques vieilles gens, grognons et incompréhensifs (5), élevassent de temps en temps des protestations contre les temps nouveaux, pour que ces récriminations sans portée fussent assimilées à un mécontentement des masses populaires et poussassent Chamberlain à la guerre !

D'autres renseignements, également erronés ou même inventés de toutes pièces, représentaient l'armée allemande comme manquant d'officiers en nombre suffisant pour entraîner et encadrer les recrues.

Mais le comble de l'erreur, c'était l'annonce de la disette de vivres qui devait jeter l'Allemagne à genoux en quelques jours. Rien ne lui était comparable, que le manque de pétrole. Qu'importaient le nombre et la force des avions allemands, que valaient les divisions motorisées, puisque bientôt, dans quelques semaines, les moteurs allaient s'arrêter faute d'essence !

Quant au gouvernement national-socialiste, il n'était composé de gens se disputant à longueur de journée; le Führer (6) était à couteaux tirés avec les chefs de la Reichswehr et l'annonce seule de la déclaration britannique de guerre allait voir tous ces ministres disparaître comme un vol de moineaux !

Je n'exagère rien. Sur des bases aussi puérilement inexactes on a, en Angleterre et en France, édifié la possibilité de la guerre. De telles absurdités ont été répétées par tous les journaux aux braves gens de France (7), qui ne demandaient qu'à les croire puisque, en cas de difficultés, il vaut mieux que l'ennemi soit intérieurement affaibli. Sans ces mensonges, sans ces incompréhensions, sans ces camouflages de la vérité, les peuples occidentaux n'eussent pas permis à leurs gouvernements de les entraîner dans une aventure dont la fin peut être très tragique pour ceux qui se sont trop vantés à ses débuts.

Pour quelques renseignements, peut-être volontairement erronés, voici l'humanité en proie à de terribles convulsions, et la voix du chef qui veut encore la paix a été couverte de ridicule par ceux-là mêmes dont l'ignorance est une des causes du mal et qui continuent à enchaîner les unes aux autres de nouvelles erreurs". (8)

N O T E S

(1) le Reich n'a pas déclaré la guerre à la France, mais la France n'a pas non plus déclaré la guerre au Reich dans les formes prévues par les lois constitutionnelles de 1875 qui constituent la loi fondamentale de la IIIe République Française et qui exigent un vote du Parlement : il y a eu simplement un octroi de crédits militaires au gouvernement lui permettant de faire la guerre;

(2) l'éditorialiste joue sur les mots, ou n'est pas angliciste : en anglais, "intelligence" veut ici dire "renseignements", "collecte de renseignements", et le terme n'a dans le contexte de l'expression "Intelligence Service" aucun rapport avec l'intelligence en tant que faculté mentale;

(3) il s'agit de Neville Chamberlain qui est alors Premier ministre du Royaume-Uni, et qui le restera jusqu'en mai 1940;

(4) il s'agit du pacte de non-agression germano-soviétique signé le 23 août 1939; aucune des parties signataires de ce pacte ne semble avoir été sincère et l'avoir tenu pour durable : dès le déclenchement de la Guerre d'Hiver entre l'Union Soviétique et le Finlande un mois après la diffusion de cet éditorial, l'Allemagne fait brièvement parvenir de l'aide à la Finlande (ce que les Soviétiques ne tarderont pas à apprendre); la Finlande est massivement aidée par des volontaires suédois avec la bénédiction d'un officier supérieur de l'armée suédoise qui n'est autre que le beau-frère d'Hermann Goering, ministre de l'Air du Reich allemand; le Reich apprendra très vite, par les bavardages d'Alexandra Kollontaï, ambassadrice de l'URSS à Stockholm, que l'Union Soviétique attend le moment favorable pour "briser les reins" du Reich (cité par André Fontaine dans "Histoire de la Guerre Froide");

(5) il s'agit d'un éditorial de propagande de guerre : l'opposition interne au gouvernement national-socialiste est désignée comme "quelques vieilles gens, grognons et incompréhensifs", qui élèvent "la voix de temps en temps" et protestent contre "les temps nouveaux" (comprendre : la politique du gouvernement national-socialiste);

(6) il s'agit d'Adolf Hitler, dont le nom n'est jamais prononcé dans le cours de cet éditorial; plus loin, il est désigné comme "le chef qui veut encore la paix" et dont les ennemis extérieurs et réputés bellicistes couvrent la voix de ridicule; le message est : le Reich veut la paix, la guerre effective n'est pas encore inévitable;

(7) l'éditorial de Radio Stuttgart s'adresse au public français, lequel est naturellement ménagé et désigné comme un ensemble de "braves gens" non acquis à l'idée d'une guerre inévitable et victime d'une propagande belliciste;

(8) fin de l'éditorial de l'émission en français de Radio Stuttgart, une des stations contrôlées par le gouvernement du Reich allemand, diffusé le 30 octobre 1939.


N.B. : à aucun moment il n'est question des Juifs, de leur sort, de projets du gouvernement national-socialiste à leur égard.

mardi 16 octobre 2012

17 octobre 1961 : de la repentance ? Pas en nom !

Vanessa Burggraf, présentatrice de la chaîne France 24, affirmait à la mi-octobre 2011 que des personnalités attendaient de la Vrôôônce (1) (que, quoi ou qui désigne ce nom ?)  "reconnaisse" sa responsabilité (qu'est-ce à dire ?) dans la gestion de la répression de la manifestation d'Algériens à Paris et alentours le 17 octobre 1961.

En 2012, la même chaîne entend commémorer l'évènement en donnant la parole à des "Algériens de France" pour leur permettre, n'en doutons pas, de culpabiliser les Eurofrançais (2) et de les conduire à admettre que, du fait notamment de cette histoire, les personnes issues des flux migratoires sud-nord "ont des droits" sur eux.

Adolescent, j'ai été contemporain de ce développement des derniers mois de la guerre d'Algérie. Il n'y a aucune raison d'exprimer une quelconque repentance, de présenter des excuses ou quoi que ce soit de ce genre. Que celles et ceux qui croiront pouvoir et devoir le faire ne le fassent qu'en leur nom et se ridiculisent ainsi. Ils ne me représentent pas. Je leur dénie le droit de parler pour moi.

La manifestation répondait à un appel du FLN, l'organisation algérienne dont la branche militaire, composée de volontaires, tuait des soldats français en Algérie. Si j'avais eu dix ans de plus en 1961, j'aurais pu tomber en Algérie sous les balles des instigateurs de la manifestation En appelant les Algériens de Paris et de sa banlieue à manifester comme ils l'ont fait, le FLN algérien posait un acte de guerre sur le territoire métropolitain (3)., et il fallait s'attendre à ce qu'il soit répondu à cet acte de guerre. Sauf exceptions, les manifestants répondant à l'appel du FLN étaient tous volontaires, ce que n'étaient pas la plupart des soldats français servant à la même époque en Algérie, et qui ne s'y trouvaient que parce qu'ils appartenaient à des classes d'âge données et étaient ressortissants français de sexe masculin., donc soumis à la conscription (4).

Le FLN algérien a voulu montrer son influence sur les Algériens de la Seine. Ce faisant, il a fait peur et est responsable de la dureté relative (oui, relative) de la répression dont ont été victimes ceux qui ont suivi son appel à manifester. La répression dont on se gargarise aujourd'hui pour la stigmatiser répondait à une provocation grossière. Le FLN algérien invitait à cette répression de gens qu'il a instrumentalisés. La mesure de la peur et de la colère de certains Eurofrançais témoins ou contemporains de cette provocation du FLN algérien peut être évaluée à l'aune d'une intervention d'un conseiller municipal de Paris : il préconisait devant cette assemblée une rafle de militants FLN, et leur embarquement sur un navire à couler en pleine mer; j'ai entendu à la maison, de la bouche d'un de mes proches parents une préconisation similaire. Je suppose que le fantasme récurrent d'Algériens noyés provient en partie de ces propos pronocés sous le coup des émotions-soeurs de la colère et de la peur. Mon souhait, mon attente, c'était que l'Algérie devienne rapidement indépendante, et que le plus grand nombre possible des Algériens qui vivaient parmi nous quittent la France d'Europe dans la foulée de l'accession de leur pays à l'indépendance. Je n'étais ni partisan de l'Algérie française, ni  encore moins sympathisant du FLN et des prétendus mouvements de libération nationale de ce qu'on appelait le Tiers Monde. Je souhaitais la sécession de l'Algérie ... pour ne pas avoir neuf millions de concitoyens musulmans algériens dans le cadre d'une France s'étendant de Dunkerque à Tamanrasset. Je n'ai pas vraiment changé d'avis.

J'habitais Colombes (Seine). Quatre ans auparavant, au sortir d'une grande manifestation sportive à laquelle assistait le président René Coty, à Colombes, le FLN avait fait assassiner un notable algérien musulman, ancien vice-président de l'Assemblée algérienne (mise en sommeil en raison des évènements). La communauté algérienne, et plus généralement maghrébine, était très représentée à Colombes et dans les communes voisines (Nanterre, Argenteuil). Sa présence inquiétait d'autant plus que la presse populaire de l'époque ne cachait rien de la guerre algéro-algérienne que se livraient en banlieue le FLN  et son rival le Mouvement Nationaliste Algérien (MNA). On craignait que cette population qui vivait parmi nous ne réponde à des mots d'ordre du FLN. C'est ce qui est arrivé le 17 octobre 1961. Je me souviens, au retour d'une promenade dominicale en famille, d'avoir vu le terre-plein situé en face de la gare de Colombes, au débouché des rues Victor Hugo, Saint-Denis, de l'Indépendance ou de l'avenue Ménelotte, et de l'avenue de l'Agent Sarre, noir de monde : on venait d'y arrêter un Algérien qui avait assassiné un gardien de la paix du commissariat de Colombes.

On pouvait rencontrer à Colombes, administrée par la veuve UNR de Stanislas Devaud (5) des sympathisants et des compagnons de route du FLN : le calamiteux Parti Socialiste Unifié (PSU) y était assez actif; son animateur semblait être un imprimeur du nom de Cary. Ce Cary était en outre l'imprimeur attitré de la Paroisse Catholique Saint-Pierre Saint-Paul, animée par les Fils de la Charité. Dix ans après les évènements de 1961, le maire communiste de Colombes, Dominique Frélaut, dut se séparer d'une de ses adjointes, une jolie demoiselle du PSU et de la CFDT, militante paroissiale de Saint-Pierre Sant-Paul.. Cette trentenaire bien intentionnée était visitée par des fantasmes qui lui faisaient voir, en 1971, des policiers jeter des Algériens dans la Seine.

En octobre 2012, le maire socialiste de Colombes, Philippe Sarre, entend commémorer les évènements d'octobre 1961, réduits à la répression d'une "manifestation pacifique" (sic) en présence de diplomates algériens et... d'un membre du gouvernement algérien (6). C'est tout simplement déguelasse.


N O T E S

(1) cette graphie ne vise pas une prononciation, un accent quelconque; elle se réfère au caractère très abstrait de l'idée de nation actuellement en vogue, qui ferait souhaiter que le pays change de nom. Si la France est à tout le monde, ou peut être à tout le monde, si elle est avant tout le pays des droits de l'Homme (on a envie d'écrire "droidloms" par dérision, puisque c'est au nom des droits de l'Homme qu'on s'en prend aux libertés fondamentales) plutôt que celui de ses habitants, elle devrait changer de nom : je propose quelque chose comme la Vrôôônse;

(2) qu'on le veuille ou non, qu'on accepte de le voir ou non, le communautarisme existe; le dénoncer n'aboutit qu'à criminaliser le recours éventuel à ce cadre de solidarité par personnes non issues des flux migratoires, disons, du dernier demi-siècle;


(3) ce n'était pas une manifestation pacifique : elle répondait à un mot d'ordre du FLN en guerre avec la France et avec d'autres mouvements nationalistes algériens (dont le MNA de Massali Hadj); que le FLN se soit servi de femmes et de jeunes personnes sans armes pour tester son influence et son autorité sur des Algériens en France d'Europe n'y change rien;

(4) Les bandes de volontaires de Rol Tanguy et de Kriegel Valrimont, ou même de Leclerc, ont beaucoup plus tué ou massacré, et dans des conditions souvent ignominieuses, lors de la "libération de Paris" de l'été 1944, que les policiers commandés par Maurice Papon en octobre 1961 qui n'ont tué, sauf exceptions, que des volontaires, ce que n'étaient pas la plupart des hommes du général Von Choltitz.
Un crime de guerre, voire contre l'humanité, commis par la Résistance, parmi tant d'autres survenus en août et septembre 1944 : à Paris, rue de la Harpe, au Quartier Latin, dans ce que je crois pouvoir situer au Centre de Santé Hostater, qui dépend du C.R.O.U.S. de Paris, des résistants ont assassiné un soldat allemand, mineur d'âge, blessé et prisonnier, malgré les supplications d'une infirmière en service dans ce centre de secours ouvert pendant les combats de ce qu'il est convenu d'appeler la libération de Paris; l'"héroïque" libertador commenta ainsi son geste : "On les tuera tous" (cité dans "Paris brûle-t-il ?" de Lapierre et Collins). Le journal communiste L'Humanité avait appelé au meurtre : "A chacun son Boche", "Pas un Boche ne doit sortir vivant de Paris". Le blessé assassiné n'a pas sa plaque commémorative. Son assassin l'a peut-être, s'il a été tué à son tour peu après. Mais lui était volontaire. S'il avait perdu la guerre...il aurait pu, et dû, être considéré comme criminel de guerre, voire contre l'humanité.

(5) il s'agissait de Marcelle Devaud, née Guggenheim; les Guggenheim étaient des juifs d'Alsace installés en Algérie après la conquête française; paradoxalement, si on peut dire, Stanislas Devaud représentait un mouvement qui entendait plutôt promouvoir les populations arabo-musulmanes des départements français d'Algérie : la Solidarité Française; par dérision, les adversaires de ce mouvement  l'appelaient parfois la Sidilarité Française : dans l'imaginaire familier des Eurofrançais d'avant les flux migratoires massifs des années 1960, les personnes originaires d'Afrique du Nord étaient souvent associés à la figure du marchand ambulant de tapis, dénommé "sidi" (ce qui veut dire "monsieur" voire "seigneur" en arabe, voir : Le Cid, de Corneille), ce qui pouvait être légèrement ironique voire péjoratif de la part des Eurofrançais, mais pas aux oreilles des intéressés ainsi "anoblis";

(6) l'actuel gouvernement de l'Etat qui s'est donné le nom de République Algérienne Démocratique et Populaire se trouve ainsi conforté dans sa légitimité historique : il est issu du FLN qui avait appelé à cette manifestation du 17 octobre 1961;

mercredi 3 octobre 2012

Arte, ou les salauds

Jean-Paul Sartre passe pour avoir élevé, si on peut dire, le salaud, au niveau d'une catégorie philosophique. En regardant Arte Journal, il m'arrive de constater que les pires salauds du paysage médiatique européen sont à la rédaction de cette émission.

Mardi 2 octobre 2012, 19h45. L'édition vespérale d'Arte Desinfo, pardon Arte Journal, est présentée par Méline Freda qui, malgré son minois de Pékinoise, passe pour être Belge.

L'agenda (1), au sens anglais du terme, des directeurs de conscience d'Arte Journal est clairement situé entre "la gauche de la gauche" et "l'ultra-gauche". Pourquoi pas ? Ce pourrait être légitime si cette chaîne à financement, mais à financement seulement, franco-allemand, ne passait pas pour être autre chose : une chaîne culturelle franco-allemande et européenne. Le public à l'attention superficielle en est resté là.


Le choix du commerçant suédois IKEA de ne pas faire figurer de femmes dans son catalogue diffusé en Arabie Saoudite est dénoncé par Arte Journal comme un "effet pervers du capitalisme", un pacte avec "le diable" (merci pour les dirigeants saoudiens, identifiés par les directeurs de conscience d'Arte Journal à Satan ! N'y aurait-il pas là comme de l'islamophobie, attitude qu'Arte est si prompte à déceler et à dénoncer chez les Européens de souche ?). Heureusement, les Suédois ont une "autorité morale" venue de loin pour les inciter à la repentance : la ministre suédoise de l'égalité de je-ne-sais-pas-quoi, une Afro-suédoise dénommée Nyamko Sambuni, et à qui Arte Journal donne la parole pour fustiger l'industriel et commerçant IKEA. Et IKEA de tenter de se défendre en affirmant avoir des "valeurs" comme je-ne-sais-plus-quoi : les droidloms ou l'égalité des sexes ou je ne sais quoi de ce genre. Comme si c'était son rôle !


C'est une sida mental contagieux qui me semble venir de France où tout doit être "de la République" : l'école de la République, la police républicaine, la loi de la République, les faleurs de la répuplique etc...


Mais le "clou" de cette émission d'Arte Journal du 2 octobre au soir se trouvait dans sa page dite culturelle.


On y présentait une merde, pardon : "une performance (sic) (2) autour du colonialisme" du sud-africain anglophone et leucoderme (3) Brett Bailey. Le titre de la séquence sur Arte Journal était "Au coeur des ténèbres". Et la séquence confiée à une journaliste dénommée Sandra Luvina (ou Louvina). Ce spectacle est donné à Berlin.et doit y être connu sous l'appellation d'"Exibit B" (6) ou quelque chose comme ça.

Un des points centraux de l'agenda (1) politique des directeurs de conscience d'Arte Journal est de retourner l'opinion publique européenne en faveur des réfugiés, des résidents illégaux dits "sans papiers" et en général des immigrés issus des flux migratoires sud-nord, pour que ceux-ci soient non seulement tolérés, mais que leur présence soit même souhaitée. Pour arriver à cette fin, quoi de mieux que de culpabiliser le public en établissant, à travers la merde, pardon : le spectacle, de Brett Bailey, un lien entre le regard que les Européens du 19e et du début du 20e siècle portaient sur les Africains ou Asiatiques exhibés en Europe à des fins de divertissement et celui que les Européens d'aujourd'hui portent sur les réfugiés (il est immoral et interdit de s'interroger pour distinguer vrai et faux réfugié, réfugié politique, économique ou sexuel : ne sommes-nous pas tous des lesbiens algériens ?).

Cette séquence d'Arte Journal sur la merde, pardon le spectacle, de Brett Bailey, est l'occasion de fustiger "la politique coloniale allemande" (4) et son lot d'horreurs". Pensez : c'est dans des camps de l'actuelle Namibie qu'un nommé Fischer (prénom inaudible : Gen, ou James ?) aurait conçu ses théories raciales que les nazis auraient ensuite reprises. Brrr, ça donne froid dans le dos, non ? On nous montre un acteur nommé Marcellinus Swartbooi, dont la mélanodermie (3) est renforcée par une couche de cirage pour faire plus vrai, qui vient nous dire qu'il ne vient pas chercher la confrontation (ouf !) mais aider à un travail de mémoire (j'ai déjà entendu ça ailleurs). Cette "terrible et magnifique performance" (1), Arte Journal dixit, est l'occasion pour de "jeunes artistes berlinois" (sic) de faire leurs preuves. L'un d'eux, qui répond au nom de Collivan Nso (un  nom bien brandebourgeois !), un Africain devenu Allemand et qui a été réfugié avant de s'"intégrer" (?) en Allemagne, interprète un jeune demandeur d'asile africain mort dans une opération de refoulement, de rapatriement forcé (5).

Arte Journal décerne ses félicitations à Brett Bailey : la public va être culpabilisé et les résistances à la poursuite et l'amplification des flux migratoires sud-nord en seront entravées. Il y aurait un parallèle entre, je cite, "l'acceptation par NOS aïeux des outrances coloniales" et "NOTRE passivité face au traitement INFLIGE aux réfugiés". Et Brett Bailey de fantasmer tout éveillé devant la caméra d'Arte Journal : le regard de ses acteurs africains mélanodermes sur les spectateurs de sa merde, pardon : de sa pièce, est le même que celui que croisaient déjà il y a un plus d'un siècle les spectateurs européens venus voir les "indigènes" exhibés dans des cabinets de curiosité ou des cirques. Si après ça, vous n'allez pas pétitionner pour des sans papiers, des réparations à verser aux anciens pays colonisés, si vous n'ouvrez pas toutes grandes les frontières de l'Europe, vous allez désespérer les directeurs de conscience d'Arte Journal.


N O T E S

(1) le mot "agenda" en anglais signifie "programme", "ordre du jour"; il est parfois, par imitation de l'anglais, employé dans ce sens dans d'autres langues;

(2) il s'agit d'un mot anglais dit "faux ami" : en anglais, un spectacle est une "performance" aussi bien qu'un "show";

(3) un leucoderme est un blanc; un mélanoderme est un noir;

(4) c'est bien la peine que les vainqueurs de la Première Guerre Mondiale aient déclaré l'Allemagne "indigne" (sic) d'avoir des colonies, pour se les partager; quatre-vingt-dix ans plus tard, une chaîne dite franco-allemande trouve encore le moyen d'essayer de dénoncer la politique coloniale allemande qui ne devait pas être fondamentalement meilleure ou pire que celle des Etats qui se sont partagé les dépouilles de l'Empire;

(5) le souvenir que j'ai du rapatriement forcé par avion d'un résident illégal dans les années 1980 est celui d'un ressortissant d'un des deux Congos qui a frappé un policier de la Police des Frontières française au point de lui faire perdre un oeil, et ceci dans l'indifférence quasi générale. Le rapatriement n'a pu avoir lieu. Et c'est ce fou furieux qui était l'objet de l'apitoiement médiatique général.

(6) en novembre 2014, la merde, pardon le spectacle Exhibit B a été .... exhibée dans le 4e arrondissement de Paris où elle a été notoirement défendue par le maire local Christophe Girard.