lundi 23 décembre 2013

L'"offense" faite à Alger

Le microcosme moralo-médiatique s'est emballé à propos d'une


remarque du président François Normacol (marque déposée de

laxatif) proférée lors de récentes agapes du Conseil Représentatif (?)

des Institutions Juives de Vrôôônce : Normacol a salué le retour

"sain et sauf" d'Algérie de son ministre de l'Intérieur.



La présence rituelle, automatique, de Normacol et de ses prédécesseurs

a ces banquets soulève une question .... angoissante : qu'arriverait-il

à un président de la république qui ne défèrerait pas à une invitation

du C.R.I.F. ?



Y aura-t-il un jour un successeur de Normacol qui rompra avec cette

tradition de présence systématique, automatique, aux agapes du

C.R.I.F. ? Apprendre à dire poliment non au C.R.I.F. serait utile,

opportun, pour marquer son indépendance à l'égard de cette

institution. En l'acceptant, le C.R.I.F. montrerait que ses invitations

ne sont pas, politiquement, des convocations ou citations à

comparaître.



Savoir dire non au C.R.I.F. ne suffit pas, il faudrait aussi apprendre à

"laisser pisser le mérinos" algérien.



La République Algérienne Démocratique (si, si) et Populaire (ne riez

pas), ou R.A.D.P., est un Etat sinon policier, du moins hautement

"sécuritaire" sur le territoire duquel sévit une insécurité résiduelle

endémique : voir la prise d'otages d'In-Ammenas en janvier dernier,

et le nombre de ressortissants algériens qui se réfugient en France

d'Europe avec leurs smalas pour échapper à l'insécurité en Algérie.



En paraissant mettre en cause le niveau d'insécurité résiduelle en

Algérie, Normacol a mis le doigt là où ça fait mal, et irrité Alger auquel

est ainsi rappelé ses échecs. Et alors ? Laissons pisser le mérinos

algérien, apprenons à dire "merde" à Alger !



Qu'est-ce qui a le plus déplu à la R.A.D.P. ? Que l'insinuation anodine

de Normacol émane du chef de l'Etat de ce qui fut la puissance

colonisatrice de l'Algérie, ou qu'elle ait été prononcée à l'occasion

d'un banquet du C.R.I.F. ?



La première hypothèse est la plus vraisemblable; contre la seconde,

il y a le précédent de la visite de Bouteflika à Paris à la fin des années

1990; il fut l'hôte d'officines "anti-racistes" et juives qui purent tester

le degré de sincérité de l'antisionisme officiel du nouveau président

de la R.A.D.P.



Non, il y a des choses que le régime d'Alger ne peut laisser passer

dès lors que ça vient de France d'Europe si ça le contrarie. Comme

il y a des choses que l'Etat d'Israël ne peut accepter si ça vient

d'Allemagne, comme la livraison d'armes à l'Arabie Saoudite.



Normacol s'est confondu en regrets, en justifications, en explications,

protestant de son amitié envers l'Algérie. Evidemment, une large part

de ses électeurs est d'origine, voire de nationalité algérienne et

française, et conserve une sensibilité particulière à propos de tout ce

qui touche à l'Algérie et aux relations algéro-françaises, au bénéfice

de la partie algérienne.



Je n'éprouve aucune amitié envers la R.A.D.P. en tant que telle.

On ne lui doit rien. Moins la France d'Europe est liée à l'Algérie,

mieux les deux pays se portent, et plus Monsieur Chevènement

est attristé, ce qui est toujours de bon augure, et me réjouit.



Les réactions de l'opposition interne à Normacol, pour celles que

je connais, ont été surprenantes et lamentables : ils adoptent le

point de vue d'Alger et reprochent à Normacol d'avoir mis en danger

les relations algéro-françaises. Et alors ? Il faut savoir dire "merde"

à Alger ! La prétendue Grande Nation doit savoir se passer de la

bienveillance de la R.A.D.P. dont les ressortissants assiègent les

consulats français pour s'y faire délivrer des visas.



"L'offense faite à Alger" est infiniment moins grave que l'offense

faite à la France d'Europe par Normacol l'hiver dernier lorsque le

compagnon de Valérie Massonneau, enivré par l'accueil de la foule

malienne, a déclaré que ce jour de visite au Mali était le plus important

de sa vie politique.