dimanche 17 juin 2012

Un autre Dix-Sept Juin

Le 17 juin 1953, trois mois seulement après la mort de Staline, éclate à Berlin-Est, le premier soulèvement de masse dirigé contre le système mis en place en Europe centrale et orientale dans les pays placés sous le contrôle de l’Union Soviétique : trois ans avant les évènements de Pologne et de Hongrie (1956). Jusqu’à la réunification de l’Allemagne intervenue le 3 octobre 1990, le 17 juin sera commémoré en République Fédérale d’Allemagne sous le nom de Tag der Deutschen Einheit (Jour de l’Unité Allemande).



Les développements ci-après sont empruntés à l’ouvrage : "Le 17 juin 1953 : contexte et déroulement", par Myriam RENAUDOT doctorante ENS LSH (Lettres & Sciences Humaines), Ecole Normale Supérieure de Lyon.


LES FAITS

Le 16 juin 1953, les ouvriers du bâtiment de Berlin-Est arrêtaient de travailler sur le chantier de construction de la Stalinallee - l’avenue de Berlin-Est qui menait à l’est vers la Pologne et Moscou et occupait une position de choix pour devenir la vitrine de la RDA - pour protester contre les nouvelles normes imposées par le régime. En effet, une ordonnance prise le 28 mai 1953 par le conseil des ministres de Berlin-Est prévoyait une élévation des normes de production de 10 % avant la fin du mois de juin 1953, et ce sans majoration des salaires. D’autres ouvriers ainsi que des passants s’unissent aux manifestants, si bien que dix mille personnes se rassemblent en milieu de journée devant le siège du gouvernement de la RDA, exigeant de parler au chef du gouvernement (Ministerpräsident) Otto Grotewohl et au premier secrétaire du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands), Walter Ulbricht. Cette manifestation s’achève le 16 par un appel à la grève générale, et l’on décide de se rassembler à nouveau le lendemain matin. Rapidement, la grève s’étend. Ces manifestations se transforment en soulèvement populaire dans toute la RDA. Aux exigences d’annulation de l’ordonnance prévoyant une élévation des normes viennent s’ajouter d’autres revendications : les manifestants réclament la démission du gouvernement et l’organisation d’élections libres.

Mais la répression ne tarde pas à reprendre le dessus, l’occupant soviétique déclare l’état d’urgence dans tout le territoire, les chars de l’Armée rouge dispersent les manifestants sous les sifflets et les jets de pavés. Il faut près de deux jours pour que les chars soviétiques et le ministère de la Sécurité d’Etat (Ministerium für Staatssicherheit) - la Stasi- reprennent le contrôle de la situation.


LES CAUSES PROFONDES : la "construction du socialisme"

Les historiens ont cherché à remonter aux causes plus profondes de ces événements et s’accordent à considérer le deuxième Congrès du SED de juillet 1952 comme le premier pas vers les soulèvements du 17 juin. Au cours de ce Congrès, le comité central du SED annonça le début de la "construction du socialisme" (Aufbau des Sozialismus) en RDA, en suivant le modèle soviétique. Cette "construction du socialisme" consistait surtout en une réorganisation socialiste de l’agriculture - avec une collectivisation des campagnes -, en une nationalisation de l’industrie et en l’introduction de l’économie planifiée. La hausse des normes de production imposée aux travailleurs industriels par l’ordonnance du 28 mai 1953 faisait aussi partie de ce programme.

Une politique de répression accompagna également la "construction du socialisme", les groupes religieux de jeunes ou les associations d’étudiants par exemple furent exposés à la persécution politique dès juillet 1952.

Parallèlement, le niveau de vie des habitants de RDA se dégradait, les besoins du peuple en biens de consommation n’étaient pas comblés, la situation économique de la RDA posait problème.

Suite aux incitations du gouvernement d’Union soviétique après la mort de Staline, la politique de "construction du socialisme" mise en place par le SED fut réexaminée et des erreurs officiellement reconnues, si bien qu’un communiqué proclamant le "nouveau cours" (Neuer Kurs) fut publié le 9 juin 1953 dans Neues Deutschland, le journal du parti. Ce "nouveau cours" fit des concessions en particulier aux paysans, aux Eglises, au capital privé, mais il laissa intact l’augmentation des normes. Les travailleurs devaient continuer à payer le prix fort et furent les seuls à ne pas bénéficier de la politique de détente, ce qui augmenta encore leur colère. Le mécontentement était déjà grand au sortir du Congrès du SED de 1952, et face aux mesures prises en défaveur des ouvriers notamment, les grèves commencèrent à éclater dans les industries dès la fin de l’année 1952, et se multiplièrent encore au mois de juin 1953. Le matin du 17 juin 1953, le retrait de la mesure d’augmentation des normes fut annoncé, mais il était trop tard, les ouvriers étaient déjà en route pour la grève générale.

Le 17 juin 1953 marque en quelque sorte le point culminant de l’incompréhension du peuple allemand de la zone soviétique d'occupation envers ses dirigeants.


LA REPRESSION

La répression fut sanglante ; dès le 18 juin eurent lieu les premières exécutions sommaires réclamées par les Soviétiques. L’ampleur de la répression peut aujourd’hui être plus exactement chiffrée : une centaine de personnes moururent pendant les soulèvements, une vingtaine furent condamnées à mort, treize mille à quinze mille personnes arrêtées dans les semaines suivantes, dont plus de deux mille furent condamnées à des peines allant jusqu’à 25 ans de prison par les tribunaux soviétiques ou est-allemands, peines purgées parfois dans les goulags de l’Union soviétique, sans parler de la fuite de certains habitants hors de la RDA. Ajoutons que ni la RFA, ni les autres puissances alliées (*) ne sont intervenues et venues en aide aux manifestants".
( fin de la citation de la publication de Myriam RENAUDOT : "Le 17 juin 1953, contexte et déroulement" sur le site "La clé des langues").

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Par la voix du chancelier Adenauer, le gouvernement de la République fédérale d’Allemagne (Bonn) met en garde la population de la RDA (désignée comme la Zone Soviétique d’Occupation) contre de possibles provocations du régime de Berlin-Est.
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INSOUMISSION DANS L'ARMEE ROUGE : 42 "Justes"

Au sein des troupes soviétiques envoyées à Berlin pour réprimer le soulèvement populaire, quelques dizaines de soldats et d'officiers refusèrent d'ouvrir le feu sur les Allemands; il y en aurait eu au moins 42 selon des organisations allemandes des droits de l'homme; la conscience de ces soldats ne se soumit pas aux ordres. Ils passèrent devant un tribunal militaire soviétique et furent fusillés dans les geôles du NKVD construites à Berlin et à Potsdam. Tout se déroula dans le plus grand secret.

Sources :

Literatournaia Gazeta du 10 juin 1998, article "Quand la conscience ne se soumettait pas aux ordres", signé : Leonide Potchivalov;

Cahiers du Mouvement Ouvrier, n°5, mars 1999, article pp. 63 à 66 (non signé) : "Berlin-Est, 1953 : des soldats et officiers soviétiques refusent de tirer sur les ouvriers allemands), ISSN : 1287-25-98

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LE 17 JUIN 1953 VU DE FRANCE

En juin 1953, la France est sans gouvernement (entre celui de René Mayer qui a été renversé et celui de Joseph Laniel qui n'est pas encore formé). Le président de la République, Vincent Auriol, issu du parti socialiste S.F.I.O., est à quelques mois de la fin de son mandat de sept ans. Dans ses carnets et notes, publiés en 1970 sous le titre "Mon septennat" par quelques-uns de ses anciens collaborateurs, il n’est pas fait mention du 17 juin 1953 : on passe du 15 au 19 juin. Les notes des semaines et mois précédents expriment une absence de sympathie envers l’Allemagne, et plus qu’une profonde méfiance. Des sentiments de Vincent Auriol à l’égard de l’Allemagne et des Allemands, Jean Monnet écrira dans ses Mémoires (page 539) : "Comme pour beaucoup de ses contemporains, la méfiance à l’égard de l’Allemagne était la forme la plus sûre du patriotisme". Ces sentiments semblent avoir été partagés par une partie des milieux médiatiques si on en juge par un article du quotidien Le Monde à l’occasion de la finale de la Coupe du Monde de football 1954 qui s’est déroulée à Berne (Suisse) entre la Hongrie et l’Allemagne fédérale, et qui fut remportée par cette dernière : les réactions du journaliste du "quotidien de référence" devant l’enthousiasme et le nombre des supporters allemands sont très révélatrices. Les services français à Berlin (André François-Poncet) semblent avoir été surpris par les évènements en Allemagne orientale et considèrent, parmi les explications possibles, que les troubles pourraient avoir été orchestrés par le régime de Berlin-Est lui-même, ou être la conséquence des incertitudes politiques consécutives à la disparition de Staline au sein des équipes dirigeantes à Moscou et à Berlin-Est (5 mars 1953).

La France et ses alliés européens et nord-américains sont dans l’incertitude quant à un éventuel changement de politique de l’U.R.S.S. envers l’Allemagne : au 19e Congrès du Parti Communiste soviétique, en 1952, Staline a posé les conditions d’une réunification de l’Allemagne ; on prête à son compatriote géorgien Lavrenti Beria, qui fait partie de l’équipe des successeurs de Staline des intentions pouvant aller dans le sens d’une réunification et neutralisation de l’ensemble de l’Allemagne, ou au contraire le projet de faire de la RDA une des républiques socialistes soviétiques. Si tant est que Lavrenti Beria ait eu de tels projets, son sort est scellé peu après le soulèvement en Allemagne orientale : il est arrêté dans l’enceinte du Kremlin le 26 juin 1953, jugé, condamné et exécuté le 23 décembre pour avoir, selon ses accusateurs, fomenté d’obscurs complots et s’être livré à des activités d’espionnage. Responsable de la police politique NKVD de 1938 à 1953, détenteurs d’informations sensibles sur ses camarades, il était très redouté de ceux-ci. Son élimination peut être une conséquence indirecte du soulèvement en Allemagne orientale : ledit soulèvement est apparu à certains des successeurs de Staline comme la conséquence d’une politique de très relative libéralisation (à l’aune soviétique de l’époque) menée par Lavrenti Beria dans son propre intérêt, en vue de l’emporter sur eux pour la succession de Staline, le système collégial mis en place à la mort de celui-ci ne paraissant pas pouvoir être perennisé. Relevons qu’en mars 1954 "le printemps Malenkov", l’U.R.S.S. a proposé d’adhérer au traité de l’Atlantique Nord, proposition écartée quelques mois plus tard par les alliés atlantiques.

(*) N.B. et ERRATUM : en 1953, la RFA n’était pas une "puissance alliée" et ne disposait d’ailleurs pas d’armée ; elle ne sera admise au sein de l’O.T.A.N. qu’en en 1955, et ne disposera officiellement d’une armée et d’un Ministère de la Défense qu’ à partir du 1er janvier 1956.


BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :

FRICKE, Karl Wilhelm, ENGELMANN, Roger, Der Tag X und die Staatssicherheit : 17. Juni 1953 - Reaktionen und Konsequenzen im DDR-Machtapparat, Bremen, Temmen, 2003;

FLEGEL, Silke, HOFFMANN, Frank, OVERHOFF, Evelyn (dir.), Der Volksaufstand am 17. Juni 1953 - ein gesamtdeutsches Ereignis ?, Bochum, IDF, 2004;

IHME-TUCHEL, Beate, Die DDR, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2002:

KOWALCZUK, Ilko-Sascha, 17.06.1953 : Volksaufstand in der DDR : Ursachen - Abläufe - Folgen, Bremen, Temmen, 2003.

CREDITS :

sites : Hérodote, La Clé des Champs ;

Vincent Auriol : Mon Septennat (1947-1954), Gallimard, collection Témoins/Gallimard, 1970 (notes de journal présentées par Pierre Nora et Jacques Ozouf), notamment pages 517, 520, 528, 533, 543, et 547 ;

Jean Monnet, Mémoires, Le Livre de Poche, 1976, notamment p. 539.

samedi 9 juin 2012

François Hollande : naissance d'un chef des armées ?

Quatre militaires français ont été tués aujourd'hui dans une attaque terroriste en Afghanistan. François Hollande, président de ce qu'il est convenu d'appeler la république française, est très rapidement intervenu à la télévision pour rendre hommage à leur mémoire, rappeler sa politique de retrait anticipé des "troupes combattantes" françaises d'Afghanistan, et a prétendu s'engager "personnellement" pour que la mission de ces troupes se poursuive jusqu'au retrait dans des conditions de "sécurité"(1).

L'annonce de la mort de soldats de la coalition mise en place en 2001 pour chasser les talibans du pouvoir en Afghanistan, et permettre au gouvernement qui les a remplacés d'y maintenir l'ordre, n'est malheureusement pas inhabituelle.

Ce qui est inhabituel, c'est la communication de François Hollande. Si Nicolas Sarközy était, à la veille d'élections législatives, intervenu dans les médiats à la suite de l'assassinat de ces soldats, on l'aurait immédiatement accusé de confondre sa fonction de chef des armées avec celle de chef suprême de la majorité présidentielle. Un journaliste de la chaîne publique de télévision France 24 croit discerner dans la communication de François Hollande "la naissance d'un chef des armées" (sic). C'est l'indépendance même de la chaîne qui aurait été mise en doute si, la veille d'élections législatives, un journaliste de cette station avait osé dire que, par la solennité de son intervention médiatique, Nicolas Sarközy rappelait qu'il était le chef des armées.

Il convient de se souvenir que l'engagement de la France en Afghanistan remonte à 2001, a été décidé par un gouvernement à direction socialiste : Premier ministre : Lionel Jospin (PS); ministre des Affaires Etrangères : Hubert Védrine (PS); ministre de la Défense nationale : Alain Richard (PS); Premier Secrétaire du PS : François Hollande (2).

Rien de ce qu'a dit François Hollande ne garantit que l'armée française ne sera pas à nouveau en Afghanistan la cible d'attaques terroristes, ou autres. Rien. Depuis son accession à la présidence, le discours de François Hollande est tout simplement un discours de rupture de solidarité : il accélère, sur le papier, le retrait déjà programmé par Nicolas Sarközy, avec ceci en plus : que ça convienne ou non aux Afghans et à nos alliés, ce sera comme ça, ce n'est "pas négociable", ça relève "de la souveraineté de la France". Il y a hélas tout un public en France que cette phraséologie plonge dans une extase patriotarde : coucou, revoilà la Grande Nation qui dit le mot de Cambronne à presque tout le reste du monde (pas à Abdelaziz Bouteflika tout de même). A ce public qui manque notoirement d'esprit critique dès qu'il voit les trois couleurs du drapeau français, s'ajoute le vivier électoral du PS : les fameuses banlieues. Cela fait des mois que je peux observer autour de la gare de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), entre effluves de boucheries hallal et d'épiceries d'Afrique subsaharienne et parfums de drogueries orientales (2), des affichettes : "que fait l'armée française en Afghanistan ?", parmi des affiches délavées de candidats aux récentes élections à l'Assemblée Nationale Populaire Algérienne.

Les armées étrangères présentes en Afghanistan y sont pour protéger les populations civiles et permettre au gouvernement légal de Kaboul d'assurer lui-même à terme cette protection. Comment protéger des protecteurs ? Le sieur Hollande peut bien prétendre s'engager personnellement pour que les missions de l'armée française en Afghanistan s'accomplissent désormais, et jusqu'à leur retrait, dans des conditions de sécurité optimale. On souhaiterait que ce soit possible. Mais ça ne l'est pas. Qui assurera cette sécurité ? Les Afghans qui en sont bien incapables ? Les Alliés dont on vient très légèrement et cavalièrement de se désolidariser (en anticipant sur le calendrier de retrait de Nicolas Sarközy). Cela peut signifier que les troupes françaises ne feront plus grand chose, ce qui sera une victoire pour les talibans. Cela pourrait aussi vouloir dire que les troupes françaises prendront le risque de multiplier les "bavures" dont la population civile afghane a déjà fait lourdement les frais.

D'une manière générale, depuis une bonne décennie que les opérations en Afghanistan sont en cours, il faut déplorer l'extrême "nationalisation" des réactions aux pertes militaires : gouvernements, médiats, opinions publiques ne réagissent que lorsque ce sont des militaires de leur Etat qui sont blessés ou tués. Cette guerre n'a pas créé une fraternité d'armes entre les armées de la coalition, quelle que soit l'appréciation qu'on peut porter sur l'opportunité politique de cet engagement. Ou alors elle est silencieuse et invisible. Et c'est profondément dommage.

Les quatre soldats français qui ont été tués aujourd'hui étaient considérés comme des militaires de troupes d'occupation par leurs assassins. Dans le département dont le sieur Hollande a longtemps présidé le Conseil Général, et qu'il a représenté à l'Assemblée Nationale, des mouvements dits de Résistance, ont eu aussi, dans le cadre de ce qu'ils considéraient être "la libération du territoire", commis, il y a presque septante ans, des attentats meurtriers contre des occupants souvent déjà vaincus, et se repliant vers la Normandie, ou vers les frontières de leur pays. Des mouvements de la Résistance luttaient parfois contre les troupes d'occupation comme pour les empêcher... de cesser d'occuper et de se retirer, pour leur infliger des pertes, pour "en" tuer, sans se soucier notamment des conséquences sur la population civile . Des mouvements de la Résistance s'en prenaient aussi à l'administration de l'Etat Français, voire à d'autres mouvements de Résistance dans une pré-guerre civile sanglante. Mais ne comptez pas sur le sieur Hollande pour regarder en face ces pages d'Histoire.

Voir aussi :

http://jeanmarielallau.blogspot.fr/2012/05/clientelisme-ps-dans-leducnat.html


NOTES

(1) si des forces armées dont la mission est protéger une population, de sécuriser un territoire, doivent elles-mêmes se protéger d'éléments ennemis qui se mêlent naturellement à la population locale, elles en sont réduites, soit à satisfaire l'ennemi par leur inaction, soit à multiplier les bavures ou dommages collatéraux; le grand stratège militaire qui présidait encore il y a peu le Conseil Général de la Corrèze connaîtrait-il une troisième voie ? Secret défense !

(2) relatant le jeudi 14 juin la cérémonie d'hommage aux quatre soldats tués, célébrée aux Invalides, à Paris, en présence de François Hollande, qui y avait convié les anciens présidents de la république, un journaliste de France Inter attribue abusivement à Nicolas Sarközy l'engagement de troupes françaises en Afghanistan (journal de 13h de France Inter, présenté par Claire Servajean; le journaliste envoyé aux Invalides pour couvrir la cérémonie porte le nom de Porchet -orthographe incertaine-); c'est de la mésinformation;

(3) je ne peux m'empêcher, en écrivant ces lignes, de songer au Dr Gérard Bapt, député PS, bouffi de haine, à sa mine consternée et indignée lorsqu'un député UMP de Lorraine, François Grosdidier, avait évoqué à l'Assemblée nationale, ces mariages en mairie ponctués par des youyous selon la coutume d'Outre-Méditerranée; parler des youyous comme M. Grosdidier, d'effluves de boucheries et d'épiceries, c'est à coup sûr, pour des pères-la-Vertu en matière de prétendu antiracisme, comme le Dr Bapt, inciter à la stigmatisation d'une partie de la population française.





dimanche 3 juin 2012

François Hollande : normalité dégueulasse !

Il n'y a pas un mois que François Hollande a été élu président de ce qu'il est convenu d'appeler la république française, il n'y a pas encore trois semaines qu'il a pris ses fonctions et nommé un gouvernement.

Déjà apparaissent certains traits extrêmêment déplaisants, voire carrément dégueulasses, de cette présidence (1).

François Hollande met en cause publiquement, y compris depuis l'extérieur du territoire de son Etat, son, ou ses prédecesseurs : il l'a fait depuis Berlin, le premier jour de sa présidence, en évoquant la situation des finances publiques dont il venait le jour même d'"hériter"; depuis l'Elysée, recevant Vladimir Poutine, il a mis en cause ceux de ses prédecesseurs qui ont reçu Hafez, ou Bachar El Assad.

 Qui lui rappelera que son camarade Bertrand Delanoë, maire de Paris, a reçu Bachar à l'Hôtel de Ville de Paris, ne s'attirant guère que les protestations du groupuscule de Philippe de Villiers ? Qui lui mettra sous le nez la photographie de François et Danièle Mitterrand reçus en grande pompe à Damas par Hafez El Hassad et son épouse ? C'était "une autre époque", déclare Hollande.

Voire : en pleine campagne pour les élections législatives, Hollande s'affiche avec le journaliste Romeo Langlois, récemment libéré par la guerilla colombienne des F.A.R.C. Les amis de François Hollande auraient parlé de "récupération" médiatique si Langlois avait été libéré quand Nicolas Sarközy était encore à l'Elysée, et si ce dernier avait reçu le journaliste : Ségolène Royal avait protesté en son temps contre ce qu'elle considérait comme une récupération par Sarközy de la libération d'Ingrid Betancourt à laquelle Sarkôzy n'aurait pas contribué de façon significative selon la présidente de la région Poitou-Charentes.

François Hollande enivre ses électeurs et ceux de ses adversaires par un insupportable discours cocardier, qui en dit plus long sur le triste état de l'opinion (2) que sur ses convictions ou sentiments profonds : le pacte budgétaire européen ? Il ne le fera pas ratifier : la signature de Sarközy (3) n'aurait pas engagé la Vrôôônce; la participation française aux opérations interalliée en Afghanistan ? le retrait français n'est "pas négociable" car relèvant de la "souveraineté française". Rantanplan ! Fermez le ban !

 Il y a tout un public d'adversaires de Hollande, de gens qui ne voteraient jamais PS, et que ces rodomontades au nom de la Grande Nation font accéder au septième ciel de la jouissance citoyenne. Ces gens sont à plaindre et sont inconséquents.

 Ils ont oublié que Laurent Fabius, qui est maintenant ministre des Affaires Etrangères, avait annoncé lors de la réintégration par la France du commandement intégré de l'O.T.A.N., à l'initiative de Nicolas Sarközy, que ses amis reconsidèreraient cette décision s'ils revenaient aux affaires. Voici qu'on n'en parle plus. Le retrait "non négociable", car relevant de la seule (sic) "souveraineté française" de troupes combattantes d'Afghanistan est claironné, tandis qu'est largement tu la participation française au bouclier anti-missiles de l'OTAN opérant depuis l'Europe orientale.

Voir aussi :

http://jeanmarielallau.blogspot.fr/2012/05/clientelisme-ps-dans-leducnat.html


NOTES

(1) il faut avoir vu, pendant des années, les images des bancs du groupe oppositionnel PS et apparentés à l'Assemblée nationale : Bruno Le Roux (PS, 93), qui ressemble vaguement à Claude Villers, interrompant grossièrement par des onomatopées le discours de Michèle Alliot-Marie lors de la révolution tunisienne dite de jasmin; le très coincé Gérard Bapt, médecin de son état, habile récupérateur de l'affaire du Mediator, défendant l'impôt sur la fortune (ISF) et conseillant le recours spontané à la "solidarité familiale" pour en corriger certains inconvénients imprévisibles; le même Gérard Bapt, s'étranglant de fureur parce qu'un député UMP de Lorraine, François Grodidier, avait évoqué les youyous poussés lors des mariages en mairie par certains Français (ou non) venus d'ailleurs (c'était là une indigne "stigmatisation" opposant des "Français" entre eux !); l'ancien ministre PS Le Pensec, parfait choriste, se joignant avec une remarquable synchronisation aux manifestations d'indignation feinte, ou réelle, de ses camarades de groupe; la députée Pau-Langevin, enjoignant le gouvernement Fillon de retirer l'amendement Mariani sur le possible recours aux tests ADN en matière de vérification d'état-civil parce qu'il faisait "mal à la France" (sic); et enfin, le Monsieur Loyal du cirque PS au Palais Bourbon, François Hollande lui-même, quittant l'hémicycle avec ses camarades parce que Villepin l'avait accusé de lâcheté. On ne se transforme pas si vite;

(2) c'est au point que l'un des slogans de l'UMP pour les élections législatives de juin 2012 est "je choisis la France" (sic); ça se veut en résonnance avec l'hypertrophie d'un prétendu sentiment national comme réponse allergique à la "mondialisation", mais ça ne veut pas dire grand chose; il faut choisir ... ce qui atténuera la capacité de nuisance de François Hollande et du gouvernement qu'il a nommé, notamment en l'empêchant de disposer d'une majorité des deux tiers dans l'ensemble du Parlement, Assemblée nationale et Sénat réunis; sans majorité des 2/3 dans les deux chambres réunies, François Hollande et son gouvernement ne pourront pas faire réviser la Constitution par la voie parlementaire; ils seront contraints de renoncer aux révisions qu'ils projettent, ou d'avoir recours au referendum pour les faire aboutir;

(3) le général De Gaulle était notoirement hostile aux traités de Paris (CECA) et de Rome (CEE et Euratom); devenu président du Conseil (juin 1958), puis président de la République (janvier 1959), il tiendra néammoins à les appliquer scrupuleusement, et se considérera lié par les signatures de Christian Pineau et de Maurice Faure, pour Guy Mollet et René Coty au bas des traités de Rome du 25 mars 1957; selon Alain Peyrefitte, il était conscient du tort que la France s'était infligée par des décennies d'un excessif protectionnisme.