Le microcosme moralo-médiatique s'est emballé à propos d'une
remarque du président François Normacol (marque déposée de
laxatif) proférée lors de récentes agapes du Conseil Représentatif (?)
des Institutions Juives de Vrôôônce : Normacol a salué le retour
"sain et sauf" d'Algérie de son ministre de l'Intérieur.
La présence rituelle, automatique, de Normacol et de ses prédécesseurs
a ces banquets soulève une question .... angoissante : qu'arriverait-il
à un président de la république qui ne défèrerait pas à une invitation
du C.R.I.F. ?
Y aura-t-il un jour un successeur de Normacol qui rompra avec cette
tradition de présence systématique, automatique, aux agapes du
C.R.I.F. ? Apprendre à dire poliment non au C.R.I.F. serait utile,
opportun, pour marquer son indépendance à l'égard de cette
institution. En l'acceptant, le C.R.I.F. montrerait que ses invitations
ne sont pas, politiquement, des convocations ou citations à
comparaître.
Savoir dire non au C.R.I.F. ne suffit pas, il faudrait aussi apprendre à
"laisser pisser le mérinos" algérien.
La République Algérienne Démocratique (si, si) et Populaire (ne riez
pas), ou R.A.D.P., est un Etat sinon policier, du moins hautement
"sécuritaire" sur le territoire duquel sévit une insécurité résiduelle
endémique : voir la prise d'otages d'In-Ammenas en janvier dernier,
et le nombre de ressortissants algériens qui se réfugient en France
d'Europe avec leurs smalas pour échapper à l'insécurité en Algérie.
En paraissant mettre en cause le niveau d'insécurité résiduelle en
Algérie, Normacol a mis le doigt là où ça fait mal, et irrité Alger auquel
est ainsi rappelé ses échecs. Et alors ? Laissons pisser le mérinos
algérien, apprenons à dire "merde" à Alger !
Qu'est-ce qui a le plus déplu à la R.A.D.P. ? Que l'insinuation anodine
de Normacol émane du chef de l'Etat de ce qui fut la puissance
colonisatrice de l'Algérie, ou qu'elle ait été prononcée à l'occasion
d'un banquet du C.R.I.F. ?
La première hypothèse est la plus vraisemblable; contre la seconde,
il y a le précédent de la visite de Bouteflika à Paris à la fin des années
1990; il fut l'hôte d'officines "anti-racistes" et juives qui purent tester
le degré de sincérité de l'antisionisme officiel du nouveau président
de la R.A.D.P.
Non, il y a des choses que le régime d'Alger ne peut laisser passer
dès lors que ça vient de France d'Europe si ça le contrarie. Comme
il y a des choses que l'Etat d'Israël ne peut accepter si ça vient
d'Allemagne, comme la livraison d'armes à l'Arabie Saoudite.
Normacol s'est confondu en regrets, en justifications, en explications,
protestant de son amitié envers l'Algérie. Evidemment, une large part
de ses électeurs est d'origine, voire de nationalité algérienne et
française, et conserve une sensibilité particulière à propos de tout ce
qui touche à l'Algérie et aux relations algéro-françaises, au bénéfice
de la partie algérienne.
Je n'éprouve aucune amitié envers la R.A.D.P. en tant que telle.
On ne lui doit rien. Moins la France d'Europe est liée à l'Algérie,
mieux les deux pays se portent, et plus Monsieur Chevènement
est attristé, ce qui est toujours de bon augure, et me réjouit.
Les réactions de l'opposition interne à Normacol, pour celles que
je connais, ont été surprenantes et lamentables : ils adoptent le
point de vue d'Alger et reprochent à Normacol d'avoir mis en danger
les relations algéro-françaises. Et alors ? Il faut savoir dire "merde"
à Alger ! La prétendue Grande Nation doit savoir se passer de la
bienveillance de la R.A.D.P. dont les ressortissants assiègent les
consulats français pour s'y faire délivrer des visas.
"L'offense faite à Alger" est infiniment moins grave que l'offense
faite à la France d'Europe par Normacol l'hiver dernier lorsque le
compagnon de Valérie Massonneau, enivré par l'accueil de la foule
malienne, a déclaré que ce jour de visite au Mali était le plus important
de sa vie politique.