En 1983, le ministre PS du Travail, qui s’appelait Jean Auroux, avait 
permis l’exécution d’une décision de justice ordonnant l’évacuation 
par la force publique de l’usine Citroën d’Aulnay-sous-Bois (93) 
paralysée depuis longtemps par une grève avec occupation des locaux. 
Un des meneurs de la grève était Akka Ghazi, militant CGT, sujet 
marocain installé en France d’Europe depuis 1975 et futur député au 
Parlement marocain au sein duquel il représentait les Marocains de 
l’étranger. 
Cette évacuation de l’usine, dont les télévisions diffusérent des 
images, fut très pénible pour les milieux de promotion de 
l’immigration et les prétendus antiracistes : on y voyait en effet les 
CRS applaudis par des non-grèvistes au sein desquels les Européens 
étaient … hégémoniquement représentés, et les grévistes-occupants 
parmi lesquels les personnes issues de flux migratoires sud-nord 
sortir, piteux ou furieux étaient sur-représentés. Ces images étaient 
insoutenables pour certains. C’en était décidément trop. 
Heureusement, d’habiles et imaginatifs adversaires de la “Bête 
immonde” veillaient. 
Ils firent circuler un tract grossièrement raciste et xénophobe par 
lequel une association dont les initiales étaient L.I.C.R.A. demandait 
à tous ceux qui avaient applaudi à la libération de l’usine Citroën d’Aulnay (93) de la pègre immigrée (ou quelque chose comme ça) par les 
CRS de bien vouloir prendre contact avec elle à l’adresse … qui était 
celle de la L.I.C.R.A., la Ligue Internationale Contre le Racisme et 
l’Antisémitisme, rue de Paradis, dans le Xe arrondissement de Paris. 
Sur le tract, les initiales L.I.C.R.A. avaient été détournées pour 
leur faire dire autre chose, mais l’adresse de contact proposée par 
les auteurs du tract était bien celle de la L.I.C.R.A. présidée par 
Jean Pierre-Bloch et fondée sous le nom de L.I.C.A. plus de cinquante- 
cinq ans avant par Bernard Lecache. 
Cela s’appelle de la provocation et du fichage d’adversaires 
politiques.
 Je n’ai jamais entendu dire que la L.I.C.R.A. ait désavoué 
ce tract, poursuivi ses auteurs, soit pour incitation à la haine 
raciale, soit pour usurpation de nom et de signature. Il est vrai que 
je ne peux tout savoir, mais le mensuel Lectures Françaises qui 
relatait cette affaire plusieurs mois après sous la plume de Christian 
Lagrave dans la série “L’immigration et les internationales anti- 
françaises”, n’avait pas entendu parler de poursuites intentées par la 
L.I.C.R.A., ou contre elle si cette provocation venait d’elle. Ou bien 
il s’agissait d’une provocation de la L.I.C.R.A. elle-même, ou bien 
d’une provocation de sympathisants qu’elle a choisi de couvrir.

