vendredi 11 mai 2012

Le destin de Valérie Massonneau Trierweiler

La compagne de François Hollande serait bien mal fondée de se plaindre qu'on l'affublât d'un sobriquet irrespectueux après qu'elle ait viré l'infortuné Julien Dray de la petite fête que les amis proches de l'ancien merdetulle avaient organisée le 9 mai pour célébrer au Q.G. parisien de campagne le cumul des pouvoirs médiatique, culturel et politique, le grand schlem de l'idéologie dite de "gauche". Valérie Massonneau, dite Trierweiler, s'est en effet comportée sinon en Rotweiler (1), du moins en chienne de garde (2) du président-élu. Et elle dit "assumer". Dont acte.

Ne fréquentant pas les mêmes milieux et cercles, ne lisant (3) ni ne regardant les médiats pour lesquels elle travaille, je ne connais pas Valérie Massonneau; la belle Angevine est présentement la compagne d'un personnage que j'estime très dangereux pour l'Europe (4). Au cours de sa campagne présidentielle F. Hollande avait sauté sur l'occasion de peaufiner son image d'homme normal, proche des gens, de brave type, en évoquant une allusion du camp adverse à propos de sa compagne : "Je ne sais pas ce qu'il a voulu dire à propos de ma compagne, mais moi, si on me cherche, on me trouve". Autrement dit : je suis prêt à défendre l'honneur de celle qui a remplacé Ségolène Royal dans ma vie. Il n'a pas proposé de duel, ça n'aurait pas fait "normal", mais on n'en était pas loin (5). L'ancien maire de Tulle (6) est ridicule, mais surtout dangereux.

J'avais de la tendresse pour RTL, ancienne Radio Luxembourg (7), la radio de mon enfance et même d'après. Je n'en suis que plus déçu d'apprendre que le patron de RTL a congédié un de ses journalistes, occasionnel ou non, là n'est pas la question, pour avoir fait allusion au destin de Valérie Massonneau, passée du journalisme aux portes de l'Elysée par l'intimité de F. Hollande. Si une allusion comparable avait été proférée à l'encontre de Carla Bruni, ou même de Cécilia Ciganer, et si le journaliste qui l'avait faite avait été sanctionné comme l'a été M. Salviac, on aurait tout de suite parlé d'atteinte aux libertés de presse et d'expression, de censure, d'absence d'humour, et on aurait mis en cause l'indépendance du médiat concerné, on aurait évoqué les liens occultes, financiers entre le pouvoir politique et RTL. Cette station vient d'administrer la preuve de sa servilité envers le nouveau pouvoir.

L'ayatollah François Bayrou, indigné permanent, donneur de leçons comme un militant P.S.U. des années 1960, s'était naguère ému de ce qu'il avait perçu comme une promotion d'un album de Carla Bruni peu après son mariage avec Nicolas Sarközy. Au début des années 1980, la mise à l'écart d'un journaliste qui avait évoqué dans le journal télévisé qu'il présentait des transactions boursières effectuées par Madame Anne-Aymone Giscard d'Estaing, épouse du Président, avait été dénoncée par Le Monde, Libération, Le Matin de Paris etc... comme attentatoire aux libertés de presse et d'expression.

 Si vous êtes "de gauche", et qu'on vous attaque sur votre carrière, vos revenus, ce sont d'indignes attaques personnelles, des atteintes à la vie privée, de l'irrespect qui-rappelle-les-heures-sombres-de-notre-Histoire. Si vous n'êtes pas "de gauche" et si, pire encore, vous vous trouvez opposé(e) à ladite "gauche", les mêmes attaques relèvent du droit d'informer le public et les défenses que vous tenterez de mettre en place pour vous en protéger relèveront de la censure, de l'intimidation, de la mise au pas des médiats etc...

Selon que vous êtes "de gauche" ou....de la non "gauche", les critères ne sont plus les mêmes

Ils avaient déjà l'hégémonie dans le monde culturel, l'Education nationale, les salles de rédaction des journaux écrits, parlés et télévisée. Ils y ont maintenant ajouté le pouvoir d'Etat au niveau central, gouvernemental.

Voir aussi :

http://jeanmarielallau.blogspot.fr/2012/05/clientelisme-ps-dans-leducnat.html

mise à jour (14/06/2012)

Au cours de la seconde décade de juin 2012, les médiats ont largement couvert l'information relative au  soutien apporté par Valérie Massonneau Trierweiler à un candidat socialiste concurrent de Ségolène Royal, candidate officielle du PS, soutenue par François Hollande, aux élections législatives dans une circonscription de Charente-Maritime.

 Rien ne permet, pour le moment, de discerner une différence d'orientation politique entre les protagonistes de cette affaire. Ca fait du bien de ne pas être concerné : c'est une affaire entre socialistes.

Si cette controverse aboutit à ce qu'il y ait moins de députés socialistes, et de gauche, au Palais Bourbon, après le 17 juin 2012, ce serait tant mieux pour le pays et pour l'Europe. Ce sera déjà ça de gagné. Des responsables PS ne décolèrent pas que cette affaire, qualifiée d'épiphénomène par le député Cambadélis, parasite la campagne qu'ils étaient en train de promouvoir à propos de prétendues compromissions entre le FN et la droite parlementaire. C'est bon signe.

mise à jour (10/09/2014)

http://jeanmarielallau.blogspot.fr/2014/09/merci-pour-ce-moment-la-courte-memoire.html



NOTES

(1) Rotweiler est le surnom par lequel la Princesse de Galles Diana (1961-1997) aurait désigné Camilla Parker-Bowles, maîtresse et future épouse du Prince Charles; plus récemment, un animateur de l'UMP s'était amusé lors d'une réunion publique à jouer sur la ressemblance des terminaisons du patronyme de l'ancien époux de Valérie Massonneau et du nom de cette noble race de canidés. Ce jeu de mots avait suscité un tollé. La réaction la plus bête est venue de Martin Hirsch, ancien collaborateur d'Emmaüs, qui l'a assimilé aux méthodes de l'extrême-droite des années 1930;

(2) les "Chiennes de garde" sont une association, déclarée sous ce nom, de féministes, qui s'est assigné un rôle de veille concernant les droits et l'image des femmes dans la société; il s'agit d'un nom quelque peu provocateur; l'abus de ce nom en atténue le caractère péjoratif voire insultant : il n'y a rien de mal à "garder" avec vigilance, fidélité et détermination ce à quoi on attache de la valeur;

(3) Valérie Massonneau travaille, ou travaillait, pour Paris Match. C'était un excellent hebdomadaire, diffusant une information euphorisante. C'est à travers ses colonnes que le grand journaliste Raymond Cartier a contribué efficacement à convertir l'opinion publique des années 1950 et 1960 aux décolonisations, vues comme une libération des métropoles : les colonies et les colonisés, ça coûte cher; on ne leur doit rien; ils appartiennent à l'Afrique ou à l'Asie tandis que nous, nous appartenons à l'Europe; consacrons-nous à notre propre développement, à la modernisation de nos pays européens plutôt qu'à entretenir à fonds perdus ces territoires dont les habitants ne nous sont nullement reconnaissants. Paris Match, on le lisait chez soi, chez le coiffeur, dans les salles d'attente des médecins et professions de santé.
Raymond Cartier a fait plus pour la conversion aux décolonisations des opinions européennes que toutes les ignobles feuilles "progessistes" : France Observateur, L'Express, Tribune Socialiste (PSU), Témoignage Chrétien, La Vie Catholique Illustrée, Réforme, Le Monde etc... L'adhésion aux analyses et préconisations de Raymond Cartier (la Corrèze avant le Zambèze) (8) préparait à l'acceptation des décolonisations et au refus de flux migratoires sud-nord massifs (colonisation de peuplement de l'Europe par ses anciennes colonies ou des pays qui auraient pu en être) : décolonisation oui, immigration non; l'attitude des opinions publiques européennes envers les flux migratoires sud-nord massifs et continus découle bien davantage des circonstances historiques des décolonisations que de la "crise", de l'improbable recherche de "boucs émissaires" et autres fadaises distillées par les grands médiats et les autorités morales auto-proclamées.

Les décolonisations n'ont pas été, ne sont pas perçues de la même façon par les opinions publiques dans les anciens pays colonisateurs, et en Europe en général d'une part, dans les anciens pays colonisés et en Afrique ou Asie d'autre part. Pour les Européens, elles ont marqué surtout une fin : "on vous a colonisé pour le meilleur et pour le pire, on ne vous doit plus rien, et d'ailleurs vous nous avez massivement mis à la porte, pourquoi vous accueillerait-on ? Pour les anciens colonisés, elles ont surtout marqué le commencement d'une nouvelle phase dans les relations sud-nord, éventuellement caractérisée par une inversion des rôles; cette attitude est provocatrice, d'où le refus global, sous-jacent ou exprimé, des flux migratoires sud-nord massifs et continus dans les opinions publiques européennes.

(4) la dangerosité de François Hollande et de ses partisans vient avant tout de sa position à l'égard des flux migratoires à long terme : il les accepte, même s'il peut convenir de devoir les freiner pour un temps, ponctuellement; sa proposition d'octroyer le droit de vote à certaines élections aux étrangers non ressortissants de l'Union Européenne pourrait être acceptable en contrepartie d'une refonte du code de la nationalité française qui abandonnerait le droit du sol pour se fonder sur le droit (mal) dit du sang;

(5) naguère, Georges Pompidou avait réagi avec hargne à des attaques beaucoup plus explicites et graves contre son épouse Claude, la désignant comme ce qu'il avait de plus cher; plus tard, Jacques Chirac avait dit ne pouvoir accepter la "souffrance" subie par son épouse Bernadette à l'occasion de procédures la visant dans le cadre d'enquêtes sur le fonctionnement de la mairie de Paris. C'est humain. Mais la réaction de François Hollande, ancien merdetulle, à propos d'allusions qu'il reconnaissait lui-même n'avoir pas très bien comprises, s'apparente davantage à celle d'un coq de basse-cour qui fait le fier, et le redresseur de torts; Hollande s'est, tout au long de cette campagne présidentielle, auto-désigné comme victime; ça lui a permis d'attaquer ses adversaires en leur refusant ce statut de victime de ses attaques;

(6) l'histoire de Tulle, dont François Hollande a été maire pendant une mandature municipale, est aussi celle de crimes et exactions de la Résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale et la guerre civile qui l'a suivie; Ayrault, député-maire de Nantes, partisan de Hollande, a fait de sa ville un lieu de mémoire de l'esclavage et de la traite négrière. Quel(le) futur(e) maire de Tulle reconnaîtra les crimes, exactions et provocations (représailles appelées sur la population civile locale) de la Résistance en Limousin pendant les années 1940 ?

(7) Radio Luxembourg était la station de radio sur laquelle Raymond Cartier développait les mêmes thèses que dans Paris Match; c'était une très bonne radio, pour tout public, jusque vers 1966 et sa refonte par Jean Farran;

(8) la Zambie, qui doit son nom au Zambèze, ne recevait aucune aide au développement de la France; la formule "La Corrèze avant le Zambèze" a été reprise par Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat à l'élection présidentielle de décembre 1965, puis leader de l'Alliance Républicaine pour le progrès et les libertés; Raymond Cartier rechignait, par tempérament ou culture politique, à une position d'opposant : il aurait voulu que De Gaulle et l'Amérique s'entendissent bien.