mercredi 5 décembre 2012

Adolfo Kaminsky, le Saint-Thèse d'Arte

Mercredi 5 décembre MMXII.

Arte Journal de 12h50 est présenté par la voix de Leïla Kaddour Boudadi.

La page politique de cette édition est notamment consacrée aux espoirs d'Arte de voir enfin interdire le NPD, le parti national-démocrate (1) d'Allemagne, fondé en 1964, représenté fin 2012 dans deux diètes de Länder. Le parti est diffamé par Arte qui le qualifie de"néo-nazi" (2). Tout parti qui serait reconnu comme "néo-nazi" par la Justice serait immédiatement dissous et sa reconstitution interdite. Les directeurs de conscience d'Arte Journal militent pour l'interdiction du NPD et donnent à ce parti, à l'avance, l'étiquette qu'ils espèrent voir la Justice lui attribuer (3). Je souhaite l'échec de cette procédure dont l'aboutissement souhaité par Arte entrainerait de nouvelles restrictions aux libertés d'association, d'opinion et d'expression. Un des jeunes militants du NPD filmé par Arte Journal porte un tee-shirt représentant Rudolf Hess. J'ai pour ma part, en son temps, adhéré à une association de fait "Liberté pour Rudolf Hess" (4) qui revendiquait la libération de ce dernier, incarcéré à la prison de Berlin Spandau, où il semble avoir été assassiné en août 1987. Ceci dit, je ne partage pas les idées du NPD sur la Nation et l'Europe. Pas plus que celles du FN ou des groupes "souverainistes" français. J'estime que les Etats-nations d'Europe sont devenus des Etats plurinationaux, qu'il n'est plus possible d'être "Français -ou Allemand, ou Italien, ou Britannique d'abord, ou seulement" et que le mieux qui puisse nous arriver serait l'émergence d'une Europe fédérale de régions.

Les stato-nationalistes des différents Etats d'Europe se trompent.

Arte Journal, médiat (5) laïque et même parfois anti-religieux, s'est trouvé un saint patron, ou un saint-thèse si l'on préfère : Saint Adolphe ..... Kaminsky. Ce personnage béatifié par la page culturelle d'Arte Journal représente en effet tout ce que vénèrent (pour ne pas dire : adorent) les directeurs de conscience d'Arte : un acteur anti-nazi de la Seconde Guerre Mondiale, qui a failli être victime de ce qu'il est convenu d'appeler la Shoah, et des luttes pour arracher aux Etats européens leurs dernières colonies, un sympathisant parfois actif des communistes vietnamiens contre la France puis les Etats-Unis.   Né en 1925 en Argentine de parents Juifs russes, Saint Adolphe arrive avec sa famille en France d'Europe en 1932. Il y "résiste" aux "nazis" en fabriquant de faux papiers pour des Juifs (on n'est jamais mieux servi que par soi-même), passe quelque mois au camp de Drancy dont il sort grâce à l'intervention d'un Consul d'Argentine (il pourrait remercier les prédecesseurs de Juan Peron d'avoir conservé de bonnes relations avec le Reich allemand national-socialiste, sans lesquelles le régime "fasciste" de Buenos-Aires n'aurait pas pu intervenir en faveur du jeune judéo-argentin). Puis ce saint homme qu'on appelle Adolfo Kaminsky s'oppose à la politique française en Indochine, vient en aide à certains fondateurs de l'Etat d'Israël, porte les valises du FLN algérien (6), intègre le groupe Curiel, milite contre l'intervention américaine au Vietnam et en faveur du Vietcong, assistant les soldats américains déserteurs. Adolfo Kaminsky représente la synthèse de la sainteté selon Arte Journal. Si je devais choisir un inspirateur parmi des personnes d'origine russe et hébraïque, me permettrait-on de lui préférer Moshe et Yehudi Menuhin ?


 "Bon, Lallau vous raconte que j'incarne la synthèse des préfèrences d'Arte Journal, mais j'espère qu'en attendant, je ne vous "barbe" pas. J'ai mené une vie de faussaire, O.K., mais faudrait pas croire : ma barbe actuellle, ben, elle est vraie, parole d'Adolfo !"
                                                              


N O T E S

(1) "national-démocrate" était aussi le nom du parti du président Hosni Moubarak avannt sa chute en 2011;

(2) le terme néo-nazi n'a aucun sens, ou plutôt il n'a que le sens que ceux qui l'emploient décident de lui attribuer : depuis 1945 et la dissolution du parti national-socialiste (= nazi) par les Alliés, la "marque" nazie n'est plus déposée ni protégée. On peut à loisir dénoncer comme "nazi' ou "néo-nazi" toute personne ou tout groupe que l'on veut diaboliser ou auquel on veut nuire. Ca ne mange pas de pain, comme on dit. Et en plus, ça "marche" la plupart du temps. Il y a aussi des gens ou des groupes qui se qualifient eux-mêmes de "nazis" ou de "néo-nazis", par provocation, pour jouer à se faire plaisir la plupart du temps bien qu'ils le paient souvent très cher par l'opposition à leur égard qu'ils suscitent, parfois pour faire peur. Et pourtant, dans bien des cas, les vrais nationaux-socialistes (= nazis) d'avant 1945 les auraient volontiers placés dans des établissements de réeducation pour associaux. Il y a un signe qui ne trompe pas : les prétendus "néo-nazis" d'aujourd"hui s'habillent, se coupent les cheveux et se donnent l'apparence des "nazis" tels qu'ils apparaissent dans des productions de Hollywood réalisées par des cinéastes américains réfugiés en Amérique avant ou pendant la guerre de 1939-1945, venant d'Europe centrale et orientale, parfois d'origine juive. Les "néo-nazis" d'aujourd'hui prennent leurs références dans les caricatures de "nazis" créés par des anti-nazis. On les voit ainsi arborant souvent des crânes rasés qui n'avaient absolument pas court dans la Wehrmacht ou la Waffen SS où la mode était plutôt à la coupe dégagée sur les côtés avec plus de volume sur le dessus, pour ne pas parler de la Kriegsmarine au sein de laquelle on portait volontiers la barbe; Arte nous enfume, veut obtenir l'intediction du NPD pour ensuite pouvoir dénoncer la présence d'anciens du NPD dans d'autres organisations, existantes ou à fonder;

(3) un authentique parti nazi ou néo-nazi n'aurait pas pu perdurer en Allemagne depuis 1964. L'impeccable militant anti-nazi Willy Brandt, ministre des Affaires Etrangères de la République Fédérale d'Allemagne de 1966 à 1969 avant d'en devenir le Chancelier, déclarait en 1969 dans un entretien avec un journal américain que le NPD s'apparentait au parti de l'ancien gouverneur (démocrate) d'Alabama, George Wallace, qui fut candidat aux élections présidentielles américaines de 1968 pour l'American Independent Party; d'autres le comparaient au mouvement Poujade en France sous la IVe République. Une partie des adhérents du NPD sont des agents infiltrés par un bureau de l'Office Fédéral pour la Protection de la Constitution, et une partie de ses fonds provenaient en 2003 ou 2004 de l'Etat;

(4) Allemands et Britanniques avaient pu constituer des associations de droit : "Hilfsgemeinschaft Freiheit für Rudolf Hess" et "Liberty for Rudolf Hess"; Rudolf Hess, Allemand né en Egypte, a quitté l'Allemagne pour la Grande Bretagne en mai 1941. Etait-il en mission ? Avait-il perdu la raison comme on l'a laissé entendre en Allemagne à l'époque dans les milieux dirigeants après qu'il était été arrêté en Ecosse ?
S'il était en mission, quel était le contenu de cette mission ? Le dossier britannique concernant Rudolf Hess devait demeurer secret jusqu'en ...2017. Après le mort de Hess, à trente ans de cette date, il a été décidé de la reporter à ...2047. Je me suis intéressé au sort de Hess à l'occasion d'une promenade dans les rues de Fribourg-en-Brisgau (pays de Bade) entre la Hauptbanhof (gare) et la Cathédrale : une colonne portait une affiche noire et blanche réclamant la libération de Hess, ce qui a attiré mon attention; quelques pas plus loin, j'ai vu un adolescent, portant les cheveux longs comme c'était la mode, rentrer sa motocyclette dans le couloir de sa maison; sa motocyclette portait deux auto-collants : "Amis, go home", c'est-à-dire "Américains, rentrez chez vous" et "Freiheit für Angela Davis". Angela Davis était une militante communiste afro-américaine "contre la Guerre du Vietnam", emprisonnée en Californie. Qui pourrait-être "pour" une guerre ? Pour ce qui est de cette guerre, je me disais qu'à l'âge que j'avais, si j'avais été Américain, j'aurais probablement été envoyé au Vietnam avec le risque de me faire blesser ou tuer par les gens que soutenait Angela Davis. D'un côté, il y avait des volontaires : les amis d'Angela Davis, par idéologie, et de l'autre de jeunes soldats qui n'étaient là que parce qu'ils étaient Américains et appartenaient à une certaine tranche d'âge dans un pays où le service militaire était obligatoire; que le jeune motocycliste de Fribourg-en-Brisgau se souciât d'Angela Davis plutôt que de Rudolf Hess (qui avait peut-être essayé d'arrêter la guerre en 1941) me contrariait; je me suis dit que je devais faire le choix contraire, à sa place en quelque sorte;

(5) graphie utilisée par solidarité avec le professeur Bernard Notin, cible en 1990 de la Milice Zélote de la Pensée et des Convulsionnaires de la Mémouare;

(6) Arte Journal qualifie les gens du FLN d'...."indépendantistes algériens"; pendant la Guerre d'Algérie (qu'on appelait déjà la Guerre d'Algérie pendant qu'elle se déroulait, contrairement à ce qu'on dit maintenant), ces gens étaient désignés comme les fellaghas (= coupeurs de routes, pillards), les rebelles, parfois les nationalistes algériens (étiquette plutôt accolée au mouvement MNA de Messali Hadj qu'au FLN), jamais d'"indépendantistes". Ce vocable a été forgé par les médiats au milieu des années 1980 pour désigner ceux des Kanaks de Nouvelle-Calédonie qui voulaient faire sécession. Je n'étais pas "indépendantiste", mais je souhaitais l'indépendance de l'Algérie, non par sympathie pour le mouvement algérien de libération nationale, mais pour ne pas avoir 9 millions de Musulmans Algériens comme concitoyens : les médiats d'alors qui donnaient un large écho aux réglements de comptes sanglants entre Algériens du FLN et du MNA (Messali Hadj) en France d'Europe, ne craignaient pas de donner des expatriés algériens au nord de la Méditerrannée une image qui n'incitait pas à souhaiter en avoir des millions comme concitoyens; on croyait d'ailleurs que l'indépendance de l'Algérie amènerait de nombreux Algériens de la France d'Europe à regagner leur pays, la paix venue. C'est tout le contraire qui s'est passé : près d'1 million d'Européens d'Algérie (pour la plupart d'origine espagnole, italienne ou française) ont dû quitter l'Algérie indépendante et des milliers, puis des dizaines de milliers d'Algériens, et davantage encore par la suite, les ont suivis et ont abandonné leur pays ayant accédé à l'indépendance. Vu de la France d'Europe, l'indépendance de l'Algérie marquait une fin, la clôture d'une séquence d'Histoire, vu d'Algérie, elle marquait un début, un nouveau rapport de forces. D'où des malentendus qui ont toujours cours.