vendredi 2 février 2018

La Pologne, ses Juifs, ou la Mémoire et l'Amnésie

Ce milieu d'hiver 2018 est marqué par une vive tension entre la Pologne et l'Etat d'Israël.

A l'origine de cette tension : un projet de loi porté par la majorité gouvernementale en Pologne, tendant à sanctionner pénalement tout lien établi entre les camps installés en Pologne pendant la première moitié des années 1940 et la Nation polonaise.

Cette intention n'est pas inédite : sous un précédent gouvernement du parti Droit & Justice, quand les frères Kacynski se partageaient la présidence de l'Etat et celle du gouvernement, il avait été question d'imposer l'appellation "camps allemands" à ces installations. Le gouvernement polonais issu de Droit & Justice était animé d'une passion germanophobe qui ne semblait déranger personne. Du moins personne qui soit audible. Cela se passait dans la seconde moitié de la décennie 2000.

Ce n'est qu'à partir du moment où un nouveau gouvernement polonais de Droit & Justice, à partir de 2015, s'est montré réticent à accueillir des migrants non-Européens qu'il a commencé à avoir mauvaise presse, et encouru les foudres de la Commission-Soviet Suprême de l'Union Européenne. 


Refuser de réparer les torts commis envers des Allemands installés naguère sur des territoires qui n'avaient pas été Polonais depuis plus de 1 000 ans, c'était compréhensible, acceptable même, par la Correction Politique. Mais refuser une colonisation de peuplement venu d'Afrique ou du Proche-Orient, c'était contraire aux valeurs "européennes" et humanistes.


Israël et un certain nombre d'organisations juives en Diaspora reprochent au projet de loi de vouloir nier la participation de Polonais à ce qu'il est convenu d'appeler la Shoah, et au-delà, de minimiser le comportement anti-sémite de Polonais avant la guerre de 1939-45, pendant, et même après.

Cette antisémitisme a existé, était souvent d'origine religieuse.

Comment a-t-il pu perdurer après la "Shoah" et l'évolution post-Vatican II de l'Eglise Catholique ?

C'est qu'il est une page d'Histoire qui semble être tombée dans l'oubli et qui empêche bien des Polonais de voir l'Histoire en noir et blanc : eux toujours et seulement coupables envers les Juifs, et des Juifs toujours et seulement dans le rôle de victimes de Polonais.

La Pologne d'après-guerre a été gouvernée par des communistes issus du Comité de Lublin. Son gouvernement était animé par une sinistre troïka composée d'un seul "goy" (non Juif) Bierut, de Jakub Berman, et de Hilary Minc.

Du Comité de Lublin, embryon du gouvernement de la Pologne d'après-guerre, De Gaulle disait qu'il était "une bande de youtres (sic) qui ne représentent qu'eux-mêmes" et qu'il avait dû reconnaître sous la pression de Staline.

Jakub Berman a été en charge de la Milice Citoyenne jusqu'en 1956. Les cadres de cette Milice Citoyenne (M.O.) était largement issus de la partie de la communauté juive acquise au Parti Ouvrier Polonais. Ce qui a facilité son démantèlement, et l'épuration du Ministère de la Sécurité Intérieure lorsque la Pologne communiste a rompu ses relations avec l'Etat d'Israël et lancé une campagne contre le "cosmopolitisme".

Certains Polonais ne sont pas amnésiques et se souviennent de la sur-représentation de Juifs polonais pendant de nombreuses années au sein du régime communiste installé par Staline à partir de 1944.

Le frère du sinistre Jakub Berman, Adolf (sic) Berman, est décédé à Tel Aviv le 3 février 1978. Il co-animait le parti communiste israélien.

On souhaiterait que le gouvernement israélien actuel, les organisations juives de la Diaspora sortent de leur amnésie, et prennent en compte cette page des relations entre la Pologne et ses Juifs. Ils seraient alors plus crédibles.

On souhaite aussi, et surtout, que "l'Europe" ne relaie pas les desiderata de l'Etat d'Israël et des organisations juives qui appellent à faire pression sur le gouvernement polonais. Ce serait favoriser l'euroscepticisme, voire l'europhobie en Pologne.

Or, l'Europe a besoin de la Pologne pour résister à la démence de la Correction Politique qui veut imposer l'acceptation du Grand Remplacement : la colonisation de peuplement de l'Europe par l'Afrique et l'Asie.

Le projet de loi polonais controversé est peu de choses par rapport à cet enjeu vital. Il pose certes des problèmes de libertés publiques, notamment d'expression et d'opinion. Mais ni plus ni moins que toutes les lois mémorielles imposées pour protéger l'historiographie officielle de ce qu'il est convenu d'appeler la Shoah : loi Gayssot en France, loi Eerdekens-Mayeur en Belgique, article 261 bis du Code Pénal suisse etc....

Or, ces lois ont été imposées par ceux-là mêmes qui mènent campagne contre l'actuel projet de loi polonais. La machine infernale se retourne contre ses concepteurs.