jeudi 28 mars 2019

Charlottesville, mon amour (août 2017)

Charlottesville (Virginia, U.S.A.) a été en août 2017 l'objet de l'attention des médiats(1) étasuniens et étrangers à la suite de manifestations violentes qui s'y sont déroulées. La couverture médiatique de ces événements a été généralement biaisée de façon grossière. Il s'est agi pour ces médiats d'attaquer le président des Etats-Unis Donald J. Trump, de s'indigner des larges limites des libertés d'expression et d'opinion aux Etats-Unis, de mépriser la Mémoire des vaincus de la Guerre de Sécession (1861-1865) et d'appeler à la censure des expressions de cette Mémoire.

Au commencement était une provocation

Au commencement, à l'origine de ces troubles, se trouve la décision du conseil municipal de Charlottesville de faire enlever une statue du général Robert E. Lee, ancien général-en-chef des armées sudistes pendant la Guerre de Sécession. Cette statue fut érigée à Charlottesville dans les années 1920. Pendant près de 90 ans, la présence de cette statue dans l'espace public de cette ville de Virginie n'a dérangé personne. Même pas les militants des droits civiques des Afro-Américains, même pas le Révérend Martin Luther King jr. Charlottesville se trouve en Virginie, un état sudiste, membre de la Confédération sécessionniste pendant la Guerre de Sécession.

On a rappelé que Robert E. Lee fut un général de l'armée de la Confédération. Etait-il un partisan de l'esclavage ? Etait-il un raciste au sens où on l'entendait à son époque (sens qui a beaucoup évolué, s'est énormément élargi depuis ladite époque) ?

Nullement, et en voici la preuve fournie par Robert E. Lee lui-même dans une lettre à son épouse remontant à 1856, soit 4 ou 5 ans avant le déclenchement de la Guerre de Sécession :


In this enlightened age, there are few I believe, but what will acknowledge, that slavery as an institution, is a moral & political evil in any Country. It is useless to expatiate on its disadvantages. I think it however a greater evil to the white man than to the black race, & while my feelings are strongly enlisted in behalf of the latter, my sympathies are more strong for the former. The blacks are immeasurably better off here than in Africa, morally, socially & physically. The painful discipline they are undergoing, is necessary for their instruction as a race, & I hope will prepare & lead them to better things. How long their subjugation may be necessary is known & ordered by a wise Merciful Providence.

 Robert E. Lee, to Mary Anna Lee, December 27, 1856


Pour Robert E. Lee, l'esclavage est un mal, moralement et politiquement. Plus encore pour l'homme blanc que pour les esclaves noirs.

Au tout début de la Guerre de Sécession, Robert E. Lee fut approché par des dirigeants du Nord (l'Union) pour diriger leurs armées. Mais il resta fidèle à son Etat, la Virginie, qu'il choisit de servir et de suivre dans la Sécession.

Après la guerre, Robert E. Lee fut un partisan de la Reconstruction, de la réconciliation (inter-sectional reconciliation) entre vaincus (dont il était) et vainqueurs, entre Sud et Nord, entre ancienne Confédération (les états sudistes) et Union. Il était toutefois un farouche adversaire du ....Parti Républicain, celui-là même dont sont issus Abraham Lincoln et Donald J. Trump. A son époque, le Parti Républicain était identifié à la cause du Nord contre le Sud. Des Républicains extrémistes proposaient le retrait du droit de vote aux vaincus et son octroi automatique aux esclaves affranchis. Robert E. Lee ne pouvait que s'opposer à ces extrémistes

Voilà donc le "suprémaciste blanc" dont la présence de la statue dans l'espace public, 90 ans après son érection, est devenue insupportable aux talibans d'une certaine mémoire afro-américaine, pas forcément tous afro-américains eux-mêmes.

Ca ne vous rappelle rien ?

Ca me rappelle la chasse aux rues Alexis Carrel en France, le veto de la Correction Politique à l'octroi du nom de Kleber Haedens à un collège de La Garenne Colombes, la fatwa lancée par M. Alexis Corbière (La France Insoumise) contre la mémoire de Vincent d'Indy.

Oui, au commencement des évènements d'août 2017 à Charlottesville était une provocation : l'enlèvement de la statue de Robert E. Lee de l'espace public.


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