lundi 18 novembre 2019

La mémoire hémiplégique de Pedro Sanchez


El honor perdido de Don Pedro


Pedro Sanchez (né en 1972, président PSOE du gouvernement espagnol 2018-    )



Une figure socialiste espagnole explique son opposition à l’exhumation de Franco (N.B. : l'exhumation de Franco et l'expulsion de ses restes de la Valle de los Caidos, sur ordre du gouvernement de Pedro Sanchez, sont intervenues le 24:10/2019. Pis qu'un crime : une faute).


9 septembre 2018 | Polémia


Par Joaquín Leguina (photo), homme politique socialiste, économiste, démographe et écrivain ♦


COMMENTAIRE DU TRADUCTEUR :

Le premier ministre espagnol, l’immigrationniste et mondialiste Pedro  Sanchez, a décidé de raviver, 80 ans après sa fin, les plaies de la  guerre civile espagnole. En s’en prenant au mémorial de la Vallée de Los  Caidos et en retirant la dépouille du général Franco.
Cette  volonté d’imposer une histoire en noir et blanc – où les « méchants »  seraient d’un seul côté et les « gentils » de l’autre – est loin de  faire l’unanimité en Espagne. Y compris du côté socialiste. Parmi  d’autres, le socialiste madrilène Joaquín Leguina, acteur politique  majeur de la « transition démocratique », critique sévèrement cette  décision. Et rappelle que des atrocités ont été commises des deux côtés.
La signification de la loi d’amnistie de 1977 et celle de la  Constitution de 1978 était la réconciliation nationale et l’oubli de la  guerre civile, car dans la guerre, les deux camps se livrent au «  nettoyage de l’ennemi », même si on cherche aujourd’hui à sanctifier  l’un des deux camps.

Joaquin Leguina, né en 1941, ancien mandataire socialiste (PSOE) de Madrid

L’ ARTICLE DE JOAQUIN LEGUINA COMMENCE CI-APRES :


“Il est invraisemblable que le nouveau PSOE  veuille réécrire l’histoire avec une nouvelle Loi de mémoire historique  [1] qui interdirait de dire ce que je vais maintenant vous raconter. Car  il s’agit de deux histoires terribles qui impliquent des socialistes  avec leur carte du parti.


Le 2 juillet 1936, des tueurs  membres  des JSU (Jeunesses socialistes unifiées) sont entrés dans un bar  fréquenté par des jeunes et ont tué deux étudiants phalangistes [2]. Peu  de temps après, des tueurs de droite ont assassiné José del Castillo,  qui était un lieutenant de la Garde d’assaut [3] et un socialiste bien  connu.


 Le 12 juillet 1936, un capitaine de la Garde Civile, Fernando  Condés (un militant de gauche qui avait participé à la révolte contre le  gouvernement d’Alejandro Lerroux à Madrid, en octobre 1934) [4],  habillé en civil et accompagné de quatre hommes armés, qui étaient des  socialistes de la Motorizada [5], ont présenté leurs lettres de créance  aux policiers qui protégeaient le parlementaire de droite José Calvo  Sotelo, ont pénétré chez lui et l’ont emmené dans une camionnette de la  Garde d’assaut. Luis Cuenca, un socialiste proche d’Indalecio Prieto,  lui a aussitôt tiré deux balles dans la tête par derrière. Puis, ces  hommes se sont rendus au cimetière de l’Almudena et ont jeté le corps du  parlementaire à l’entrée du funérarium. Condès est allé ensuite se  cacher chez la député socialiste Margarita Nelken. 

La guerre civile n’a  pas tardé à éclater et à l’arrière-garde du camp républicain, quelques  40 000 personnes ont été assassinées, dont 7 000 prêtres, religieuses,  séminaristes, dont douze évêques.

À Madrid, plus de 60 tchékas  [6] (pour reprendre la terminologie russe) ont fonctionné à plein  régime. Grâce à leurs méthodes de détentions illégales, plus de 10 000  personnes ont été tuées dans la seule arrière-garde de Madrid. La tchéka  la plus célèbre s’appelait La brigada del amanecer (La brigade de  l’aube). Elle était dirigée par Agapito García Atadell, l’ancien  secrétaire général du syndicat des imprimeurs de l’UGT (Union générale  des Travailleurs). Ces personnes dépourvues de toute humanité, entraient  dans les maisons pour les piller et emmenaient les gens jugés suspects  pour les liquider au cours d’une « promenade ». Lorsqu’en novembre 1936  les troupes franquistes ont menacé de prendre Madrid, le courageux  combattant García Atadell a récupéré une bonne partie des biens qu’il  avait volés et, rejoint par deux complices et leurs épouses respectives,  il s’est enfui à Marseille. Une fois parvenu dans le port français, il a  pris un bateau pour l’Amérique. Mais il a été arrêté à Las Palmas où le  navire a fait escale (on a dit que les gens de Prieto l’avaient  dénoncé). Atadell a été par la suite transféré à la prison de Séville,  où il a rencontré l’écrivain Arthur Koestler, et il a été très  rapidement exécuté. Est-ce à dire qu’Atadell est  aussi  une victime du  franquisme ?

Les gens de ma génération (Joaquin Laguina est né en 1941), et encore moins ceux des  générations suivantes, n’ont aucune responsabilité dans les événements  que je viens de relater, mais en tant que personne morale, le PSOE  ferait bien d’oublier toutes les atrocités de la guerre, celles des deux  camps”.

FIN DE L’ARTICLE DE JOAQUIN LEGUINA


Joaquín Leguina
 09/09/2018


[Toutes les notes sont du traducteur]

[1] A la suite de la présentation d’une proposition de nouvelle loi  modifiant la loi de Mémoire historique de 2007, présentée au nom du  groupe socialiste, par Margarita Robles Flores (actuelle ministre de la  défense) fin 2017, le journaliste Carlos Herrera  a interpellé le leader  socialiste en ces termes: « Voyons Sánchez, tu proposerais  qu’on me  mette une amende et qu’on me jette en prison si je mettais une plaque à  la porte de la maison de mon grand-père rappelant qu’il a été assassiné  par des miliciens anarchistes en 1938 ? Ce n’est pas une question  rhétorique, c’est la réalité historique […] On pourrait donc rappeler  seulement les grands-pères des uns et pas ceux des autres ? … Les  socialistes veulent être ceux qui décident de la réalité de l’histoire…  Ils ont lu Orwell, ils l’ont cru et ils l’ont intériorisé… Il ne  manquerait plus qu’ils inventent une nouvelle sorte de tcheka pour  attraper les dissidents » (Carlos Herrera, « Aquellos fusilados en las  tapias », ABC, 16 février 2018) [NdT].


[2] Les deux étudiants  phalangistes étaient Miguel Arriol (19 ans) et Jacobo Galán (18 ans).  Ils étaient à la terrasse du Bar Roig de Madrid, rue Torrijos,  lorsqu’ils ont été criblés de balles à partir d’un véhicule surgi  soudainement. Plusieurs autres per
sonnes furent blessées, dont le joueur  du Real Madrid, Felix Quesada [NdT].


[3] Équivalent des CRS [NdT].

[4] Alejandro Lerroux était le leader du parti radical (auquel  s’opposait la branche radicale-socialiste qui avait fait sécession).  Lors du soulèvement socialiste, putsch en bonne et due forme d’octobre  1934, Franco qui était aux ordres de Lerroux est apparu comme le sauveur  de la République [NdT].


[5] La Motorizada était une milice  socialiste aux ordres d’Indalecio Prieto dont la  tendance relativement  modérée, se distinguait de celle du socialiste bolchevisé, le Lénine  espagnol, Francisco Largo Caballero [NdT].


[6] En espagnol les  checas ou chekas étaient des organisations officielles ou non, de  l’État, des partis ou des syndicats, qui arrêtaient, jugeaient,  torturaient et assassinaient en toute impunité dans la zone républicaine  ou du Front populaire [NdT].


Source : Traduction d’une tribune pour El Economista via correspondance Polémia
Crédit photo : [CC BY-SA 4.0], via Wikimedia Commo