Samedi 2 avril 2011, opération de propagande et de promotion gratuite pour l'immigration sud-nord dans le Grand Format du JT de 20h, présenté par Laurent Delahousse sur France 2.
Les téléspectateurs sont invités à découvrir la vie quotidienne de « sans papiers » dans l'Essonne. On a choisi des Mauriciens, c'est-à-dire des ressortissants d'un petit pays, à la population hétérogène : le but de cette séquence est de susciter de la sympathie envers les « sans papiers », et montrer des gens appartenant à des groupes ethniques fortement représentés en France risquerait de compromettre l'effet recherché en indisposant le téléspectateur. Des Mauriciens, on n'en voit pas tant que ça, ou on les confond avec des Sri Lankais, ou des Indiens, donc ça passe mieux.
On nous montre une jeune femme qui est venue de Maurice en France pour y rendre visite à sa famille il y a douze ans, et y chercher du travail. Elle a été à bonne école : son père l'avait précédée et avait trouvé du travail grâce, ça ne nous est même pas caché, à de faux papiers. Sa fille marche sur ses traces et travaille « au noir » chez un couple de « Français aisés » qui se savent en faute et refusent pour cette raison de rencontrer les journalistes de France 2. Ca fait au moins quatre personnes qui se foutent des lois sur l'immigration : le père, la fille et ce couple de « Français aisés ».
La fille veut « des papiers ». Comprenez : non pas des papiers pour caler un pied de sa table de nuit, ou pour faire beau, mais des papiers qui lui permettront de travailler, d'avoir une aide au logement, de faire venir éventuellement de Maurice d'autres membres de la famille, de fonder une famille, de mettre ses enfants à l'école avec les vôtres, de les envoyer en colonie de vacances avec les vôtres, d'habiter à côté de chez vous, de devenir citoyenne française, électrice, voire élue, locale ou nationale. Elle a une soeur plus jeune qui fait des études, mais ne veut pas retourner à Maurice, est en situation de séjour irrégulier et ne peut pas, pour le moment, travailler légalement en France.
On voit brièvement apparaître à l'écran une Asiatique ou une Eurasienne du Réseau Education Sans Frontières pour l'Essonne. Ces gens-là, je les connais (je suis enseignant) : un matin, ils ont débarqué dans la salle des profs de mon collège, pétitions à la main, annonçant la tenue d'une réunion dans une salle municipale (le député-maire est apparenté UMP) retenue par … le Parti Communiste. La déléguée de RESF assure sans rire : oui, c'est le Parti Communiste qui retient la salle parce qu'il faut que ce soit un groupe reconnu qui le fasse, mais... ce n'est pas politique (sic). Des collègues signent la pétition par conviction ou par conformisme, certains parce qu'ils se sentent intimidés et n'osent pas refuser. Je suis bien décidé à refuser de signer si on me le propose, mais la sonnerie retentit qui marque la fin de la récréation, la dispersion des collègues et le départ de la déléguée de RESF. La personne de RESF interrogée au JT débite le discours habituel : des sans papiers travaillent depuis longtemps, paient parfois des impôts, sont « intégrés » (sic) et c'est un scandale, un déni des droits de l'homme que de ne pas leur donner des papiers. Comme s'il s'agissait seulement de papiers... Bien sûr, la représentante de RESF Essonne se garde bien de rappeler que ces gens travaillent au noir, ou avec de faux papiers, sous de fausses identités.
En fin de ce Grand Format du JT de 20h du samedi 2 avril 2011, on nous montre notre Mauricienne se rendant à la Préfecture d'Evry où elle apprend que le dossier qu'elle a déposé en 2009 n'est toujours pas enregistré. Les employés de la Préfecture ne peuvent pas l'envoyer promener ni lui rappeler qu'elle viole depuis des années les lois qu'ils sont chargés d'appliquer. Alors, ils lui disent qu'il lui faudra revenir... Notre jeune Mauricienne exprime un découragement qui ne va pas jusqu'à lui donner envie de retourner construire son beau pays de l'Océan Indien. Mais France 2 et ses journalistes militants engagés sont intervenus auprès de la Préfecture de l'Essonne. Sous cette pression, le dossier de cette résidente illégale et entêtée devrait voir son traitement accéléré.
Si seulement cela pouvait s'achever sur une reconduite de toute la famille vers Maurice, au besoin avec une aide financière. Mais ce n'est pas l'issue souhaitée par les auteurs de ce Grand Format, au contraire.
Donner des « papiers » à des « sans papiers », c'est les mettre au bénéfice des politiques dites d' »intégration » qui ne sont pas seulement à la charge du couple de « Français aisés » qui emploient cette Mauricienne qui ne devrait pas séjourner en France mais qui y demeure sans en avoir le droit. Le coût de ces politiques d'intégration ne reposera pas non plus seulement sur les journalistes de France 2 qui ont offert un publi-reportage au lobby de l'immigration, ni sur les téléspectateurs qui se seront laissés émouvoir, mais sur tout le monde. Et en plus, ce publi-reportage est financé avec nos redevances pour l'audio-visuel !
On nous dit que l'audio-visuel public, les mass medias sont dépendants...du Pouvoir. Si c'est vrai, ça nous montre où est le « Pouvoir » : aux mains des histrions, des associations de malfaisants, de personnes et de gens généreux...avec ce qui n'est pas (qu') à eux. Contre cela, à l'invitation de l'inénarrable Stéphane Hessel, je m'indigne !
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