jeudi 5 mai 2011

L'Eglise Protestante Unie : points positifs et deconantum

 L'association cultuelle dénommée Eglise Protestante Unie de France (E.P.U.F.) a édité et diffuse un beau dépliant de présentation dont on trouvera ci-après des commentaires.


Le premier volet du dépliant porte le texte suivant :


L'Eglise réformée OFFRE DES LIEUX DE RECHERCHE ET D'EXPRESSION DE LA FOI : rencontre prière, écoute de la Parole de Dieu, moyens de formation biblique et personnelle;

commentaire : on ne peut qu'être d'accord avec cette intention et cette compréhension de sa mission par l'E.P.U.F.

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L'Eglise réformée ACCOMPAGNE les personnes qui s'adressent à elle : visites, entretiens personnels, aumônerie...(baptême, mariage, deuil).

commentaire : on ne peut là aussi qu'être d'accord avec cette intention et cette compréhension de sa mission par l'E.P.U.F.

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L'Eglise réformée PORTE L'ENGAGEMENT DE SES MEMBRES DANS LA SOCIETE : responsabilités individuelles et collectives dans la vie sociale, politique, associative...



commentaire : là, ça ne va plus du tout.
 Dans la mesure où il n'existe pas d'associations plus ou moins organiquement liées à cette Eglise et agissant avec un mandat de celle-ci dans le domaine social (syndicats), politique (partis), civil, comme cela serait en principe concevable, et a existé, par exemple aux Pays-Bas, pour cette dénomination (ce qui serait acceptable à condition que ça reste facultatif, à la discrétion de chacun et qu'il s'agisse d'organisations tolérant un très grand pluralisme), cette prétention est bizarre, génératrice de malentendus, inopportune, voire dangereuse : ni l'Eglise ni ses "membres" (s'agit-il d'une catégorie particulière de fidèles ?) ne savent à quoi ils s'exposent : j'ai le droit de ne pas "m'engager", de choisir mes "engagements", donc de les limiter à tel ou tel domaine; de quoi se mêle l'Eglise, en arriverait-on à ce que je lui doive des comptes dans ce domaine pour savoir si c'est un engagement qu'elle "porter" (sic), ou non ? On est en plein deconantum.

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Le second volet du dépliant porte le texte suivant :



TEMOIGNER - S'ENGAGER

POLITIQUE : C'est l'affaire de tous. L'accueil de l'autre, de l'étranger, est fondateur du lien social


commentaire : cette référence, la place qu'elle tient ici, laissent une impression étrange; les rédacteurs ont voulu se faire plaisir, et faire plaisir à certaines associations avec lesquelles ils se trouvent dans un rapport de proximité réciproque; faut-il entendre que l'Eglise Protestante Unie de France et, au-delà, la Fédération Protestante de France ont délégué à la CIMADE le rôle de guide, ou que l'E.P.U.F. est "la CIMADE en prières", ou un des porte-parole de ce "mouvement oecuménique d'entraide" ? La référence de ce dépliant de l'E.P.U.F. est oublieuse de Luc 12 : 13-14 : "O homme, qui m'a établi pour être votre juge, ou pour faire vos partages ?"


LAÏCITE : C'est le cadre de l'existence publique des religions, dans le respect de la liberté de chacun

commentaire : cette affirmation est inacceptable au-delà de la virgule : c'est la loi, c'est tout; la laïcité n'a pas à être affectée d'une appréciation positive; là encore, les rédacteurs ont voulu se faire plaisir et semblent exprimer une part du triomphalisme d'un secteur du public "protestant" : "la laïcité, c'est nous !"

ETHIQUE : La dignité de la personne et sa responsabilité guident nos choix éthiques



commentaire : cette formulation est source de malentendus : qui est désigné par le "nous" auquel fait référence l'adjectif possessif "nos" ? Quand j'entends, ou lis le mot "éthique"...je me méfie, et plus encore.



COUPLE ET FAMILLE : la fidélité se construit comme une force d'aimer toujours fragile. Dieu accompagne nos réussites, mais aussi nos échecs

commentaire : on ne peut que souscrire à ces deux phrases

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Le troisième volet du dépliant porte le texte suivant :


PARTAGER - DIALOGUER

OECUMENISME : Les relations avec les autres Eglises chrétiennes en France et dans le monde dessinent le visage de l'unité.


commentaire : le mouvement oecuménique ? Pourquoi pas si on est conscient que l'"unité" dont il s'agit ne peut pas être une oeuvre seulement humaine ? Et à condition que l'oecuménisme ne soit pas l'union des Eglises de Thyatire et de Sardes qui accouchent de celle de Laodicée et qu'en attendant il ne soit pas la promotion des activités de la CIMADE "mouvement oecuménique d'entraide" et de sa coopération avec le C.C.F.D.

 Le piège de l'oecuménisme : parce qu'on est pas tout à fait d'accord sur l'importance respective des conditions du Salut, on va tout naturellement se focaliser sur la vie ici-bas en croyant, en imaginant que seront rassembleurs l'activisme social, pseudo-humanitaire, voire crypto-politique, et bien sûr, toujours dans le même sens, abusé que l'on est par l'illusion selon laquelle une idée juste, ou paraissant l'être, est une idée généreuse (surtout s'il s'agit d'être généreux avec ce qui n'est pas à soi). Cet oecuménisme là est à éviter, et on ne l'a que trop subi.


DIALOGUE INTER-RELIGIEUX : La rencontre vraie et informée de l'autre invite à s'exposer soi-même dans sa foi.


commentaire : "ça ne mange pas de pain", mais il faut être conscient des limites de ce dialogue qui serait peut-être mieux nommé inter-culturel (et/ou cultuel) : les entités participantes ne sont pas toutes de même nature; c'est une des données du dialogue judéo-chrétien : on a des dénominations chrétiennes d'une part, et un monde juif d'autre part, religieux et non religieux, mais dont les "ressortissants" ne se considèrent pas moins réciproquement comme Juifs; les fidèles de l'Islam, quand ils viennent d'ailleurs et ne s'appellent pas Roger Garaudy, Fernand Pouillon, Abdennour Pierre Bidar, ne se voient pas seulement comme Musulmans, mais aussi comme héritiers d'entités ayant des contentieux historiques avec d'autres entités et traditions dont ils nous considèrent comme les héritiers. On a l'impression que les gens qui se réclament du premier et du troisième monothéisme envisagent volontiers le monde comme composé de deux parties : l'une (leurs interlocuteurs) qui a, sinon des choses à se faire pardonner, du moins des gages à donner, et l'autre (eux-mêmes) qui ont à recevoir repentances sans fin et gages et, incroyable mais vrai, ça marche...jusqu'à présent ! Non aux repentances unilatérales et bégayées !


PAROLE PUBLIQUE : Elle témoigne pour Dieu, contre tout ce qui prétend le capturer. Elle proteste pour l'être humain, contre tout ce qui le détruit.


commentaire : quand on lit ces lignes, quand on lit les communiqués des synodes de l'E.P.U.F., on a envie de dire "cause toujours !"; la parole est libre, mais dès lors que l'E.P.U.F. s'aventure hors du domaine strictement religieux, elle doit comprendre et admettre que certains pensent : "pas en notre nom !" quand ils considèrent les positions qu'elle croit pouvoir prendre; "pas en notre nom !", pour retourner contre le prétendu ministère de la Parole une formule dont usent et abusent des associations dont on sait la proximité avec l'E.P.U.F.; en anglais, ça s'appelle un "disclaimer"; faut-il veiller à ne pas être inscrit(e) sur les listes des électeurs du Conseil Presbytéral, ou demander à en être radié(e) pour priver un ministère qui peut se croire "prophétique" sans l'être, d'une prétention à la représentativité ? Y a-t-il d'autres moyens ?


ENGAGEMENT : L'Evangile invite au partage avec les plus démunis et les exclus. De nombreuses associations travaillent pour qu'ils retrouvent leur dignité.


commentaire : L'Evangile invite au partage...de ce qui est à soi, et non à être généreux avec ce qui est à d'autres; d'une manière générale, la formulation ci-dessus présente deux difficultés : qui va apprécier le degré d'exclusion ou de misère ?; au début des années 1970, une association caritative très sympathique (le Secours Européen) s'était constituée pour soutenir les personnes "privées de la sollicitude du Cardinal Marty" (on peut remplacer par d'autres noms...); j'avais trouvé cela "génial"; la seconde difficulté tient à une faiblesse du monde christianisé : la tendance presque invincible à croire qu'une idée est "juste" parce qu'elle est, ou paraît, généreuse; et la générosité la plus gratifiante est souvent celle dont on use avec ce qui n'est pas à soi : on se montre généreux tout en faisant subir à d'autres, qui devront l'assumer sans y avoir adhéré, les conséquences de cette prétendue générosité; c'est le moyen le plus infaillible de nourrir le ressentiment envers les bénéficiaires de ladite générosité, ce qui n'est pas le plus grave.

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