lundi 2 mai 2011

Tres de Mayo (3 mai 1808)

CONTEXTE HISTORIQUE :

Pour imposer l’application du Blocus Continental (contre le Royaume-Uni) au Portugal, Napoléon Ier a entrepris la conquête de ce pays par la voie terrestre ; à cette fin, il a conclu avec l’Espagne le traité de Fontainebleau (29 octobre 1807) ; les troupes napoléoniennes, commandées par Junot, transitent par l’Espagne et contrôlent les communications entre l’Espagne et le Portugal ; elles sont suivies d’autres troupes, commandées par Murat, qui procèdent à une occupation de points du territoire espagnol au-delà de ce que prévoyait le traité de Fontainebleau. La famille royale espagnole, dont le chef songe à fuir vers les Amériques et s’est retiré à Aranjuez, est divisée, et l’inquiétude se répand dans le pays quant aux intentions de l’ Empire Français. Napoléon convoque et retient à Bayonne le roi Charles IV et son fils aîné (30 avril 1808). A Madrid se répand une rumeur (1) : non seulement Napoléon retient le roi prisonnier à Bayonne, mais les troupes françaises s’apprêteraient à enlever le dernier membre de la famille royale demeuré à Madrid, l’infant Francisco de Paula, 14 ans. En réaction à cette rumeur, une partie de la population de Madrid se soulève contre les troupes napoléoniennes : c’est le soulèvement du Dos de Mayo (2 mai 1808).


Le jour de l’insurrection madrilène du Dos de Mayo (2 mai) 1808, le général Murat (2) note : "Le peuple de Madrid, abusé, s’est laissé entraîner à la révolte et au meurtre" et déclare : "du sang français a coulé ; il demande à être vengé". A titre de représailles, environ 400 personnes seront fusillées à Madrid dans la nuit du 2 au 3 mai 1808. Un célèbre tableau de Francisco de Goya y Lucientes illustre un détail, au sens pictural du terme, de la répression du soulèvement de la veille :
http://lewebpedagogique.com/lapasserelle/files/2009/03/francisco_de_goya_y_lucientes_023.jpg

"La scène décrite dans Tres de Mayo se tient dans les premières heures du matin qui suit le soulèvement et est centrée sur deux masses d’hommes : un groupe désorganisé de captifs tenus pratiquement à bout portant par les fusils d’un peloton d’exécution posant de façon rigide. Bourreaux et victimes se font face et "dans un éclair de génie [Goya] a fait se contraster l’attitude féroce des soldats et les lignes d’acier de leurs fusils avec la masse s’écroulant de leur cibles" (Kenneth Mackenzie Clark). Une lanterne carrée située entre les deux groupes projette une lumière dramatique sur la scène. La zone la mieux éclairée est celle des victimes sur la gauche. Immédiatement à la droite de ce groupe et au centre de la toile se trouve les figures d’autres condamnés se tenant en ligne dans l’attente d’une exécution future. La figure centrale de la toile est l’homme à genoux entre les corps de ceux déjà exécutes, les bras ouverts est brillamment éclairé (ses bras en croix laissent apparaître des stigmates sur l’une de ces mains). Ses habits jaunes et blancs répètent les couleurs de la lanterne.


Sur la droite se tient le peloton d’exécution, pris dans les ombres et dépeint comme une unique unité monolithique. Pratiquement vus de dos leurs visages ne peuvent être vus, leurs baïonnettes et leurs shakos (les couvre-chefs militaires qu’ils portent) forment une colonne implacable et immuable. Sans que cela ne distraie de l’intensité de la scène au premier plan, l’on peut apercevoir dans l’obscurité, à l’arrière plan, un village et un clocher qui se découpent au loin".


"Dans son tableau, Goya n’oublie pas de faire figurer l’Église. Au premier rang des victimes, agenouillé, ou en train de prier Dieu, se trouve un prêtre tonsuré et en robe de bure. L’Église dans le conflit a joué un rôle prépondérant, appelant à la résistance et fournissant des prêtres prêts à prendre les armes. [...]. L’Église est farouchement opposée à l’Empereur, qui a fait fermer les deux tiers des couvents espagnols et supprimer l’Inquisition. Elle est par ailleurs historiquement très liée à la monarchie, menacée par Napoléon. La terreur dans leurs visages est stupéfiante. Goya remarque aussi l’obscurité du ciel"
(Wikipedia en français, article : Tres de Mayo).

NOTES

(1) Les causes du soulèvement sont multiples, mais il semble avoir été déclenché par l’inquiétude liée à une rumeur concernant le sort du dernier membre de la famille royale présent à Madrid, l’infant Francisco de Paula : selon cette rumeur, son enlèvement par les troupes de Murat était imminent (i Que nos lo llevan !), ou "Ils nous l’enlèvent", ou "Ils vont nous le prendre" ; de fait, il semble bien qu’il ait été question de conduire Francisco de Paula, 14 ans, auprès de ses parents et de son frère Ferdinand, retenus à Bayonne par Napoléon Ier ;


(2) Joachim Murat est le beau-frère de Napoléon Ier par son mariage avec la soeur de celui-ci, Caroline Bonaparte ; en août 1808, soit trois mois après les évènements relatés ci-dessus, il deviendra roi de Naples.

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