lundi 21 février 2011

On ne leur en doit pas tant : la Tounsimania, ça suffit !

La Tunisie est sans doute un beau pays. Ses habitants semblent avoir mis en marche une évolution qui va toucher une partie du monde arabe : le "satan" n'est plus à l'extérieur (anciens colonisateurs, l'Occident, le sionisme etc...). Bon, tout ça, ça peut être bon pour eux et pour nous. Vive la Tunisie ? Oui, d'accord, mais...

Mais on en fait trop. Avant même que l'on sache si l'assaut de clandestins à l 'île européenne de Lampedusa était spontané ou organisé (4000 clandestins d'un coup, ça fait beaucoup tout de même), la ville de Paris attribue le nom de Bouzizi à l'une de ses voies, Bouzizi étant le marchand ambulant qui s'est suicidé par le feu parce que la police lui avait confisqué sa charette. Delanoë est certes né en Tunisie et est énamoué (1) d'une partie de ses habitants. Tant mieux pour eux, mais que ça ne soit pas à nous d'en faire les frais.

L'incident opposant le nouvel ambassadeur de France en Tunisie à des journalistes tunisiens excités et arrogants (ce n'est pas entièrement de leur faute : les médiats internationaux leur ont gonflé la tête) et la couverture donnée à cette affaire me rappelle la tempête médiatique qui s'est abattue sur le journaliste sportif Thierry Roland dans les années 1980. Commentant un match de football dont l'arbitre était tunisien et mécontent de l'arbitrage rendu, Thierry Roland avait évoqué la médiocre culture footballistique de la Tunisie (qui n'est tout de même pas le Brésil). Aussitôt, plaintes et protestations fusèrent, dont celles de l'officine SOS Racisme alors dirigé par "Harlem" Désir. On exigeait les excuses, voire le déplacement, la révocation de Thierry Roland, des poursuites pour avoir offensé l'amour-propre tounsi.
On ne leur en doit pas tant. Certes, l'établissement du protectorat français sur la Régence s'est effectué dans des conditions immorales d'un multiple point de vue, vis-à-vis de l' Italie, vis-à-vis de la Tunisie. Mais on doit prendre en compte aussi la persistance d'un profond ressentiment tunisien envers ce qu'il est convenu d'appeler la Vrôôônce : l'auteur de l'attentat récent (janvier 2011) contre l' ambassade de France au Mali n'était-il pas un "jeune Tunisien" qui avait "la haine de la France" ? un match Tunisie-France relativement récent n'a-t-il pas été marqué par des sifflets à l'encontre de l'hymne français (2) à l'initiative de Tunisiens, voire de Franco-Tunisiens résidant en France, en Seine Saint-Denis, et non repentants ? Ils ont leurs raisons qui interdisent à la raison comme au coeur de succomber au Tounsienthousiasme ambiant : attendons davantage pour faire le bilan de "la révolution de jasmin"  : s'il y a plus de Tunisiens en Tunisie et moins en Europe, si la démographie tunisienne ralentit sa progression, si les pays du Maghreb reprennent leur marche vers l'unité, voire vers l'unité panarabe, si le niveau de vie général s'améliore, le bilan sera très positif.


NOTES

(1) j'ai entendu et vu Bertrand Delanoë narrer son émotion d'avoir vu "des gamins" tunisiens "qui ne voulaient qu'être chez eux dans leur pays" pourchassés ou tabassés, ou pire, par l'armée française; ces "gamins" étaient volontaires pour harceler l' "armée française", non les soldats de celle-ci; j'aurais pu être de ceux-ci, non de ceux-là;

(2) ce sont les Gwères, les "Gaulois" qui auraient pu, voire dû, siffler cet hymne qui est prétendument un des symboles de cette "république" au nom des valeurs de laquelle ils doivent se résigner à voir l' Europe devenir la colonie de peuplement de ses anciennes colonies ou de pays qui auraient pu en être.

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